Les enseignements “durables” du centre d’entretien des routes nationales de Bursins

A plus d’un titre, le projet de reconstruction du centre d’entretien des routes nationales de Bursins (CeRN) aura été l’occasion de mettre en oeuvre de manière innovante les objectifs du développement durable:

  • concours d’architecture jugé selon les critères du développement durable
  • ossature en bois (y compris plantation, en guise d’écran, d’arbres capables de fournir le même volume de bois lorsqu’il faudra peut-être reconstruire le b timent dans 40 ans!)
  • structures en béton recyclé (à partir des matériaux de démolition du CeRN de 1964)
  • autonomie énergétique gr ce à des panneaux solaires avec stockage saisonnier, chauffage au bois alimenté avec les tailles d’arbres de l’autoroute, installation photovoltaïque (partenariat avec Romande Energie)
  • etc.

Le tout a été couronné par le Prix EcoBau qui récompensait pour la première fois une construction respectant l’ensemble des exigences écologiques et sociales d’une construction durable. Il vaut la peine de découvrir tout cela en lisant la brochure “Jalons 3” qui lui est consacrée (fichier PDF 1.3 Mb). J’en retiens deux enseignements principaux.

L’essentiel des gains écologiques et économiques ont été obtenus durant la phase de concours. L’implantation du b timent et ses principes de matérialisation ont permis des économies parfois supérieures à 50%. Rationalisation des volumes, minimisation des surfaces de circulation étanches, densification de la trame des structures porteuses en bois permettant de renoncer à des micropieux, prise en compte des coûts sur l’ensemble du cycle de vie, etc. En résumé, l’investissement en “matière grise” s’est avéré extrêmement rentable. Et il n’y a pas d’exemple où les avantages écologiques ne se sont pas traduits par des avantages économiques.

L’autre conclusion majeure résulte du constat que l’énergie grise de ce b timent est deux fois plus importante que celle qu’il va consommer sur sa durée de vie (40 ans). Cette énergie grise (nécessaire à la fabrication et à la mise en oeuvre des matériaux) a pourtant été minimisée et réduite de 30% par rapport à un autre CeRN récent. Surtout, alors que toute l’énergie consommée par l’immeuble sera renouvelable (solaire et bois), l’énergie utilisée par les fabricants de matériaux est essentiellement non-renouvelable. Ainsi, relever le défi énergétique qui va se poser de façon toujours plus aiguë au cours du XXIe siècle ne dépend pas que de la seule bonne volonté des m tres d’ouvrages.

5 réflexions au sujet de « Les enseignements “durables” du centre d’entretien des routes nationales de Bursins »

  1. Merci pour cet bel exemple de l’application de critères durables dans la construction d’un b timent.
    Votre dernier paragraphe est très intéressant. Je ne m’attendais vraiment pas à  de telles proportions. C’est d’autant plus intéressant que le calcul de l’énergie grise pour la fabrication d’un produit est sans doute très difficile et trop rarement connu.
    On pourrait se poser la question par exemple de savoir s’il est plus rationnel d’acheter une voiture moins polluante ou de garder une ancienne. (Dans cet exemple, une récente étude, contestée, avait conclu que la fameuse Prius était plus polluante qu’un hummer fabriqué à  base de produit recyclé.).
    En tout cas, la recherche d’une solution optimale n’est pas facile mais c’est un sujet passionnant.

  2. Au sujet de l’énergie grise, le bilan ne me surprend pas. Pour un autre b timent exemplaire en matière de développement durable, le « Forum Chriesbach » de l’Eawag à  Dà¼bendorf, l’énergie grise devrait être équivalente à  la consommation d’énergie du b timent pendant 38 ans (http://www.forumchriesbach.eawag.ch/kennzahlen.htm). Si à  Bursins, le poids de l’énergie grise est deux fois plus important, c’est probablement dû au fait qu’une part importante des structures concerne des locaux peu ou pas chauffés (garages, stockage de matériaux, €¦). Ce n’est pas le cas du Forum Chriesbach, qui est un b timent à  vocation tertiaire, entièrement occupé par des bureaux, cafétéria et bibliothèque.
    Concernant les véhicules, un article du magazine « Environnement » publié par l’Office fédéral de l’environnement ( « Une voiture €“ des tonnes de déchets », no 3/2002), montrait que l’énergie consommée pendant la phase d’utilisation d’un véhicule était quatre fois plus importante que l’énergie grise. Le calcul avait été effectué avec une VW Golf construite en 1994 et consommant 8.1 litres aux 100 km, utilisée pendant 150’000 km. Je doute donc qu’un « Hummer » produit écologiquement réussisse à  compenser ainsi sa consommation gargantuesque de carburant €¦
    Pour ceux qui souhaitent se familiariser avec cette thématique, il existe une brochure « A l’affut de l’énergie grise », qui peut être commandée sur http://www.forumdechets.ch (rubrique « Publications »). Pour l’analyse approfondie d’un projet, plusieurs documentations ont été publiées (en allemand) :
    – « Graue Energie von Baustoffen », Bà¼ro fà¼r Umweltchemie, 1998 (http://www.umweltchemie.ch)
    – « Oekologische Bewertung mit Hilfe der Grauen Energie », Schriftenreihe Umwelt Nr. 307, Office fédéral de l’environnement, 1999 (http://www.environnement-suisse.ch)

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  4. Je vous donne les proportions de MagneGas en CO2 par rapport à  l’essence et au gaz naturel.

    En fait MagneGas réduit de 275% (près de 3 fois les émissions de CO2 par rapport au gaz naturel et près de 2 fois par rapport à  l’essence (195%)

  5. Ping : Énergie grise non prise en compte: pas une raison pour refuser la SE 2050! - François Marthaler

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