Naissance du m2: mon message de baptême

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L’inauguration officielle du métro m2 aura été pour moi, comme pour beaucoup, un moment de grande émotion. La fierté pouvait se lire aussi bien sur le visage des responsables politiques et techniques que sur ceux des très nombreux visiteurs et futurs usagers du nouveau réseau des transports publics lausannois. Pour commenter l’événement, le plus simple est pour moi de publier ci-dessous le texte de mon discours.

Discours prononcé le 18 septembre 2008, en présence de M. le Conseiller fédéral Moritz Leuenberger:

Monsieur le Conseiller fédéral,
Monsieur le Président du Conseil d’Etat et chers collègues,
Mesdames et Messieurs les représentants des autorités fédérales, cantonales et communales,
Mesdames et Messieurs les invités,
Chers amis et promoteurs d’une mobilité durable,

C’est une immense fierté pour moi que de prendre part à la naissance du métro m2. Cette infrastructure arrive un peu tel l’enfant prodigue et nous emplit tous d’admiration et d’espoir.

Certes, on a beaucoup discuté ces derniers temps de cette mise au monde peut-être prématurée, en tout cas problématique. L’étroitesse de certaines portions du cordon ombilical (par exemple sous la gare CFF) a été mise en cause. D’autres ont parlé de maladies de jeunesse sans gravité. Et chacun a considéré que ces retards étaient somme toute bénins, dès lors que le diagnostic vital était tout à fait rassurant.

J’en profite pour remercier l’Office fédéral des transports qui ne s’est pas laissé émouvoir par les doutes émis çà et là et qui a délivré son attestation de bonne santé au m2 sous la forme d’une autorisation d’exploiter remise le 14 septembre dernier.

Ainsi, le nouveau-né est-il en forme, malgré une jaunisse assez ordinaire. Se pose alors la délicate question de la paternité. Fréquemment désigné par les médias comme le « père du m2 », le municipal lausannois des travaux et administrateur délégué du Métro Lausanne-Ouchy SA, Olivier Français, peut en effet être fier de ce bébé high tech. Permettez-moi, au nom du Conseil d’Etat, de lui adresser un message tout particulier de reconnaissance pour son engagement de chaque instant dans ce projet techniquement, politiquement et financièrement risqué. Il ne fait aucun doute que ses compétences professionnelles ont été précieuses au bon déroulement du projet. A quoi j’ajoute que la confiance et l’information réciproques ont caractérisé les relations entre le canton et le MLO tout au long de cette gestation de plus de quatre ans. Cette bonne entente a notamment prévalu lors de l’épisode de l’effondrement de Saint-Laurent. Un épisode que certains esprits mal tournés pourraient comparer à la perte des eaux… L’important était alors d’ajuster les techniques de creuse, en particulier dans le secteur de la Cathédrale, sous la rue Pierre Viret, du nom du prédicateur rendu célèbre par sa participation à la fameuse Dispute de Lausanne en 1534. Tout ça pour dire que demain les manuels d’histoire feront peut-être mention de la “Bonne entente de Lausanne” en 2005…

Bref, si Olivier Français n’est pas le père biologique du m2, il en a certainement été, avec Daniel Brélaz, et la direction de projet, l’un des accoucheurs. A l’évidence, la montagne n’a pas cette fois-ci accouché d’une souris. Et à voir la cravate du syndic de Lausanne, on comprend bien pourquoi…

Mais alors, à qui faut-il accorder la paternité du premier métro automatique de Suisse? Plus trivialement dit: qui a mis la petite graine?

Comme souvent, la question, pour importante qu’elle soit, n’a pas de réponse définitive. Il subsiste toujours un léger doute…

Si c’est mon prédécesseur écologiste Philippe Biéler qui a victorieusement défendu le crédit de construction devant le Grand Conseil et devant le peuple vaudois en 2002, ce colossal crédit d’ouvrage découlait directement des études dont le financement était assuré par le crédit voté en 1997 par le parlement sur proposition du socialiste Daniel Schmutz. C’est déjà lui qui avait défendu en 1993 le décret “accordant un crédit d’étude du prolongement du Métro Lausanne-Ouchy entre la place du Flon et Vennes-Epalinges”.

Mais il s’agissait là de la suite logique des études décidées par la Municipalité de Lausanne en 1987 visant à prolonger le métro Lausanne-Ouchy selon une ligne en Y dont une branche partirait en direction de la Sallaz et l’autre vers la Blécherette en passant par… le palais de Beaulieu. A cette époque, Lausanne était dirigée par le syndic Paul-René Martin, une figure du radicalisme vaudois. A la recherche du père du m2, on pourrait encore remonter au plan directeur régional de la CIURL de 1973 qui formulait déjà l’idée de prolonger le métro en direction du Nord.

24 Heures d’hier nous apprenait qu’en 1970 l’ingénieur Roland Ribi avait fait son travail de diplôme sur ce projet. Mais il concluait en précisant que M. Ribi “refuse de revendiquer la paternité de ce bébé . Voilà une hypothèse de moins!

Bref, on n’est pas très loin de l’immaculée conception. Ou alors, moins mystérieusement, c’est que nous nous trouvons en présence d’une filiation d’idées fécondes, conjuguée à une convergence de compétences et d’engagement ! Une filiation que l’on pourrait faire remonter à Jean-Jacques Mercier, promoteur de la toute première Ficelle.

Comme on le voit, le m2 est l’héritier d’une noble ascendance. Ainsi, notre nouveau métro a-t-il certainement du sang bleu… et blanc: celui des tl, lesquels, s’ils ne prétendent pas à la paternité, en sont les parents adoptifs. Et l’on peut être confiant en constatant qu’ils ont déjà élevé le grand frère TSOL au rang de m1!

On ne saurait conclure ce tableau généalogique sans saluer et remercier la généreuse marraine du m2: la Confédération. Elle qui, tout à l’heure, s’est penchée sur le berceau avec sa baguette magique y a déposé quelque présent, et a coupé le cordon, pardon, le ruban! Merci Moritz Leuenberger.

Comme c’est l’usage lors d’une naissance, je ne voudrais clore ce message sans évoquer les frères et soeurs à venir. Un petit garçon si c’est un métro ou une petite fille s’il s’agit d’une ligne de tramway. L’échographie devrait nous l’apprendre très bientôt…

Pour l’heure, il faut surtout souhaiter longue vie au premier métro automatique de Suisse!

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