Moraliser le secteur financier: la BCV pourrait ouvrir la voie!

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A lire les journaux et à entendre les politiciens, les bonus versés aux banquiers sont à rembourser, à supprimer ou au moins à repenser. Il est vrai que le système qui prévalait jusqu’ici est pervers: les professionnels de la bourse tirent un profit immédiat de l’apparition de bulles spéculatives et ne s’en sortent pas trop mal lorsque celles-ci éclatent. Mais il en va de même pour les établissements bancaires eux-mêmes – et pour leurs actionnaires! – puisque les commissions et frais de gestion sont directement couplés aux indices boursiers. C’est donc bien en profondeur qu’il faut réformer le système. Les propositions ci-dessous pourraient parfaitement être mises en oeuvre par la BCV et – qui sait? – s’imposer dans le débat qui s’ouvre au niveau international.

L’effondrement boursier qui a fait dispar tre quelque 60’000 milliards de dollars en quelques mois a soudain rendu indécents les bonus que s’octroyaient les banquiers sans que personne – en particulier à droite – n’y trouve vraiment à redire. Certes, pour calmer l’opinion publique, quelques banquiers vertueux restitueront probablement quelques millions touchés en 2007. Je n’exclus pas non plus qu’on fixe, au niveau international, quelques règles limitant la part encaissée par les banquiers lorsque les indices boursiers repartiront à l’assaut de nouveaux sommets. Mais je ne vois pas comment on pourrait établir des règles qui ne s’appliqueraient qu’aux managers du secteur bancaire (en raison du fait que la richesse qu’ils sont supposés créer n’est que virtuelle).

Même si je n’arrive pas à admettre que l’on puisse réellement mériter une rémunération qui se chiffre en dizaines de millions par an, le versement de bonus résultant de la contribution de l’entreprise et de ses cadres au développement durable de la collectivité serait éthiquement défendable. Ce mécanisme pourrait même enclencher un cercle vertueux, puisqu’il garantirait tout à la fois et à long terme les équilibres sociaux, écologiques et économiques.

Il se trouve – et je n’y suis d’ailleurs pas étranger – que la loi sur la Banque Cantonale Vaudoise (BCV) assigne à l’établissement un but de développement durable.

En sa qualité de banque cantonale, elle a pour missions notamment de porter une attention particulière au développement durable de l’économie cantonale, aux petites et moyennes entreprises, à l’emploi, aux métiers de la terre, au prix du logement et de la construction et à 1’encouragement à la propriété. (art. 4, al. 2, LBCV)

Quoi de plus naturel dès lors que de faire dépendre la rémunération variable et les bonus versés à ses dirigeants de l’atteinte de tels objectifs? Bien évidemment, il faut pour cela que la banque dégage des bénéfices et ce sont eux qui détermineront le niveau des rémunérations. Il faudrait aussi démontrer qu’un lien existe entre les choix opérés par les gestionnaires de la banque et l’atteinte des différents buts fixés par la loi. Enfin, la BCV devrait se fixer des objectifs annuels pour chacun de ces domaines et les règles permettant à partir des résultats de répartir le bénéfice de l’exercice.

On pourrait imaginer par exemple:

  • nombre (ou valeur) des nouvelles hypothèques pour la construction d’immeubles écologiques (Minergie, etc.);
  • nombre d’emplois créés dans les entreprises ayant obtenu des crédits commerciaux;
  • part des entreprises clientes certifiées pour leur engagement écologique et/ou social (ISO 14’000, EMAS, Eco-Entreprise, GreenOffice, etc.);
  • part des contrats signés avec une ou des femmes;
  • part des fonds sous gestion qui sont placés dans des secteurs ou entreprises orientés vers le développement durable;
  • etc.

Comme il n’y a là aucune “vaudoiserie”, des règles similaires pourraient être rapidement adoptées par d’autres banques et d’autres entreprises, en Suisse et ailleurs. Il en résulterait une nouvelle compétition pour le développement durable. Et si la “main invisible” d’Adam Smith s’en saisissait, on pourrait même espérer instiller de l’éthique dans la sphère économique!…

Une réflexion au sujet de « Moraliser le secteur financier: la BCV pourrait ouvrir la voie! »

  1. Merci pour cette initiative,
    qui ne peut que donner de bonne idées aux managers.

    D’autant plus que la BCV a sû se montrer prudente dans ses placements, et que l’on retire actuellement les fruits de cette politique parfois critiquée par les personnes avides de gains mirobolants.

    Mais comme on n’attire pas les mouches avec du vinaigre, il faudra trouver des managers de talents qui aient aussi la fibre “green”.

    Avec mes compliments.

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