Mon cher Fernand, c’est avec beaucoup d’émotion que j’ai appris que les snipers sont parvenus à t’abattre à l’occasion du second tour des élections au Conseil d’Etat neuch telois. Mais force est de constater que l’instruction de tirer à vue avait été donnée voici de nombreux mois déjà par l’UDC. Avec la complicité des médias, on n’a cessé de te reprocher quelques maladresses ou pécadilles (comme l’affaire des courses d’orientation et du Grand Tétra) ou la mise en oeuvre de mesures d’économie budgétaire (comme l’histoire du déneigement des routes cantonales au cours d’un hiver particulièrement rigoureux). A l’inverse, je n’ai jamais entendu tes alliés politiques ou d’autres commentateurs de la vie politique souligner ce que tu as pu faire en faveur des transports publics (TransRun, communauté tarifaire, etc.) ou de l’aménagement durable du territoire.

J’imagine que ce ne doit pas être facile à avaler. Ce d’autant que tu avais relevé le défi de mieux communiquer sur ce que tu as fait jusqu’ici et sur les impulsions qu’un Vert peut donner dans un gouvernement cantonal. Par exemple en créant un site Internet: http://www.fernandcuche.ch/. Mais il était visiblement trop tard et, à l’issue du premier tour des élections, tout le monde te donnait pour perdant. Nul doute que cette étiquette t’a collé à la peau et qu’il aurait fallu un miracle (médiatique, comme pour Valérie Garbani?) pour te permettre de sauver le siège vert au Conseil d’Etat neuch telois.

Outre une majorité inversée au Conseil d’Etat et au Grand Conseil qui va créer des blocages institutionnels, c’est une voie écologiste qui risque de manquer au Gouvernement. J’espère que ce n’est que partie remise et que les Verts reviendront au Conseil d’Etat en 2013. En attendant, je forme le voeu que Gisèle Ory – que je félicite par ailleurs sincèrement (on a fait le gymnase français de Bienne ensemble!) – en tant que membre de Pro Natura et du WWF, saura défendre avec conviction le pilier environnemental du développement durable au cours de la présente législature.

Je sais que ce croche-patte dans une carrière politique tout à fait exemplaire ne modifiera en rien tes convictions sincères et ton engagement pour le développement durable. Je souhaite que tu trouves l’occasion – en politique ou ailleurs – de nous faire profiter de ta capacité à remettre en question les dogmes auxquels notre société s’accroche parfois avec l’énergie du désespoir. A très bientôt donc.

Cordialement.

François Marthaler