Les collectivités publiques préfèrent les logiciels propriétaires

Message_Adobe_Reader

(Source: interpellation Luc Recordon intitulée “Marchés publics informatiques et logiciels libres”, publiée au format pdf sur www.verts-vd.ch)

C’est désespérant! Les collectivités publiques se laissent ficeler par les grands éditeurs de logiciels propriétaires (Microsoft, Adobe, etc.) et, avec elles, les citoyens-contribuables… Aux frais, bien sûr, de ces derniers! L’exemple ci-dessus est particulièrement symptomatique…Luc Recordon fait partie, avec une cinquantaine d’autres Conseillères et Conseillers nationaux et aux États, du Groupe parlementaire pour une informatique durable (ParlDigi). Ce groupe est animé par l’association /ch/open, dont je suis membre du comité.

J’ai été récemment alerté par /ch/open au sujet d’un appel d’offres des services informatiques du Parlement pour la refonte intégrale du site www.parlament.ch et, plus précisément, sur l’exigence d’utiliser SharePoint, une technologie propriétaire de Microsoft.

On pourrait discuter de l’urgence de refondre ce site web particulièrement bien fait et multilingue, sur lequel on peut parfaitement naviguer avec Firefox (open source) sous GNU/Linux (open source). Il y a 10 ans, le site web du Parlement affichait à chaque page une mention “optimisé pour Internet Explorer”… Mais tel n’est pas ici mon propos.

Exiger la technologie propriétaire SharePoint revient à exclure toute autre proposition utilisant notamment des logiciels libres, sensiblement moins chers, car ne nécessitant pas le paiement de droits de licence, et surtout plus ouverts, au sens où ceux-ci respectent les formats standards qui peuvent être lus par tous les logiciels.

Convaincu, comme moi, que cette exigence n’était pas compatible avec la stratégie de 2005 du Conseil fédéral en ce qui concerne l’usage des logiciels libres, Luc Recordon a donc prestement rédigé une interpellation au Conseil des États, dont il m’a réservé la primeur.

Mais, ironie du sort et démonstration par l’absurde d’une stratégie hostile aux logiciels libres, le texte déposé a été rédigé sur une application acquise chez l’éditeur propriétaire Adobe par les services informatiques du Parlement. Le fichier au format pdf reçu pouvait être ouvert avec Evince (le visionneur de document open source installé par défaut sur Linux/Ubuntu). Mais impossible d’en lire le contenu sans installer la dernière version de Adobe Reader!!!

Certes, ce logiciel est gratuit. C’est juste une occasion de découvrir les autres produits proposés par Adobe… Mais qu’en sera-t-il dans 30 ans? Pourra-t-on toujours ouvrir cette archive avec la dernière version de Adobe Reader? La Confédération devra-t-elle payer quelque chose pour avoir le droit de lire ses archives? La société Adobe existera-t-elle toujours? Que se passera-t-il si elle a fait faillite?

Le combat mené par les Verts en faveur des logiciels et des formats ouverts risque d’être encore long… Mais je constate avec satisfaction que le postulat déposé dans ce sens au Grand Conseil vaudois par Martial de Montmollin peut être lu sans devoir télécharger un logiciel propriétaire: http://www.verts-vd.ch/fileadmin/user_upload/Documents/textes/Pos_140617_monopole_microsoft.pdf. Un simple document pdf qui respecte les normes internationales et garantit donc qu’on puisse y accéder à long terme…

Une réflexion au sujet de « Les collectivités publiques préfèrent les logiciels propriétaires »

  1. Post-scriptum: Depuis l’installation de Adobe Reader, c’est ce dernier qui est lancé lorsque je double-clique sur un fichier pdf. Je n’ai pourtant pas le souvenir d’avoir indiqué que Adobe Reader devait être le visionneur de document par défaut!?!

    En lisant la documentation Ubuntu, j’ai vite trouvé la solution:
    – clic droit sur n’importe quel fichier pdf
    – sélectionner “Propriétés”
    – sélectionner “Evince”
    – cliquer sur “Par défaut”
    et tout est rentré dans l’ordre. Mais je reste un peu énervé…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *