Une planète ne suffira pas, même au-delà de 2050!

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(source: Respire asbl)

Bien que cela me démangeait, j’ai renoncé à ajouter mon commentaire à l’acceptation par le Peuple suisse de l’initiative de l’UDC “contre l’immigration massive”, en donnant la préférence à un sujet anecdotique: le Conseil fédéral et une majorité des milieux consultés ne croient pas à la possibilité pour l’Humanité de se contenter des ressources d’une seule planète Terre. Même au-delà de 2050!Voici, brut de décoffrage, le communiqué du Conseil fédéral du 12.02.14:

La pression exercée par la Suisse sur les ressources naturelles est trop importante et s’exprime par des phénomènes tels que changements climatiques, perte de biodiversité ou raréfaction des terres disponibles. Le Conseil fédéral souhaite donc compléter la loi sur la protection de l’environnement (LPE) afin d’améliorer l’efficacité dans l’utilisation des ressources naturelles. Le 12 février 2014, il a adopté à l’attention du Parlement un message concernant la révision de la LPE comme contre-projet indirect à l’initiative populaire fédérale «Pour une économie durable fondée sur une gestion efficiente des ressources (économie verte)».

Les ressources naturelles sont un fondement important du bien-être de notre société. Si des ressources comme l’eau, le sol, un air non pollué, la biodiversité, les sources d’énergie ou les métaux venaient à ne plus être disponibles en quantité ou en qualité suffisantes, notre système économique et la qualité de vie de la population seraient compromis.

Le Conseil fédéral souhaite préserver durablement les ressources naturelles par une utilisation plus efficace de celles-ci et la réduction des atteintes à l’environnement. Il propose donc de compléter la loi sur la protection de l’environnement (LPE). Cette révision vise en particulier à inscrire de nouveaux objectifs, à rendre la consommation plus écologique (p. ex. au moyen d’accords), à recycler des matériaux de valeur (p. ex., le plastique, le phosphore) et à proposer des informations sur la préservation et l’utilisation efficace des ressources.

Le Conseil fédéral prévoit d’informer régulièrement le Parlement des progrès réalisés et de proposer à ce dernier des objectifs intermédiaires, destinés à préciser les objectifs généraux de préservation et d’utilisation efficace des ressources. De cette façon, la Suisse sera en mesure de relever le défi de longue haleine que constitue la transition vers une économie verte. Les adaptations de la LPE prévues dans le cadre de la révision portent sur les domaines suivants: objectif et compte rendu, déchets et matières premières, consommation et production, instruments transversaux (cf. fiche).

La révision de la loi sur la protection de l’environnement constitue un contre-projet indirect à l’initiative populaire fédérale « Pour une économie durable fondée sur une gestion efficiente des ressources (économie verte) », du 6 septembre 2012. Le Conseil fédéral approuve l’orientation générale de cette initiative. Il rejette néanmoins cette dernière (cf. encadré), car il estime plus pertinent d’avancer par étapes afin de permettre à la Suisse de transformer son économie avec flexibilité.

Un accueil majoritairement favorable lors de la consultation

Le projet mis en consultation a été largement commenté. Sur les 148 participants, 108 ont émis un avis favorable général: l’ensemble des cantons à l’exception d’un seul, la DTAP, cinq partis politiques (PDC, PS, PVL, PES, PEV), deux associations de communes, villes et régions de montagne (Association des communes suisses, Union des villes suisses), dix organisations économiques, les huit organisations environnementales et de développement participantes, trois organisations de défense des consommateurs, 20 associations du secteur de la gestion des déchets, quatre représentants du commerce de détail (CI CDS, Coop, Migros, SWISSCOFEL), trois représentants de l’économie forestière et 24 autres participants. Une large majorité des participants favorables au projet réclame cependant des dispositions plus nombreuses et plus incisives alors que d’autres demandent l’abandon ou l’atténuation de certaines mesures.

38 participants à la procédure de consultation rejettent le projet: un canton (AR), trois partis politiques (UDC, PLR, PBD), une association de communes, villes et régions de montagne (SAB), treize organisations économiques (dont economiesuisse, Union suisse des arts et métiers), une association de défense des consommateurs, cinq associations du secteur de la gestion des déchets, quatre représentants du commerce de détail (SRF, GastroSuisse, BCS, Jardin Suisse) et dix autres participants (dont le Centre Patronal et l’Union Pétrolière). Le principal argument invoqué pour motiver ce rejet est que la LPE actuelle permettrait, en l’état, de prendre les mesures supplémentaires nécessaires pour rendre l’utilisation des ressources plus efficace. Le projet conduirait en outre à une intervention disproportionnée de l’Etat, tout en laissant largement en suspens la question des coûts supplémentaires qu’engendreraient les dispositions potestatives pour l’économie.

L’initiative populaire fédérale « Economie verte »

L’initiative populaire fédérale « Pour une économie durable et fondée sur une gestion efficiente des ressources (économie verte) » veut introduire dans la Constitution fédérale un nouvel article visant à favoriser une économie durable et fondée sur une gestion efficace des ressources, à encourager la fermeture des cycles de matières et à faire en sorte que l’activité économique n’épuise pas les ressources naturelles. L’initiative prévoit dans les dispositions transitoires l’objectif à long terme d’une « empreinte écologique » de la Suisse réduite de manière à ce que, extrapolée à la population mondiale, elle ne dépasse pas un équivalent planète d’ici à 2050.

L’intention de l’initiative de développer une économie durable et fondée sur une gestion efficiente des ressources est importante. Les modes de production et de consommation actuellement à l’œuvre en Suisse et dans d’autres pays conduisent à une surexploitation des ressources naturelles comme le sol, l’eau, les matières premières, etc. Ces ressources doivent être préservées et utilisées plus efficacement. Une telle démarche est dans l’intérêt de l’économie suisse, car elle lui permettra de préserver durablement sa capacité économique.

En proposant la révision de la loi sur la protection de l’environnement, le Conseil fédéral tient compte des attentes de l’initiative populaire fédérale. Il recommande à l’Assemblée fédérale de rejeter l’initiative, car il juge en particulier irréalisable l’objectif de réduire l’empreinte écologique à une planète d’ici à 2050 (c’est moi qui souligne).

Adresse pour l’envoi de questions: M. Thomas Stadler, chef de la division Economie et observation de l’environnement, Office fédéral de l’environnement (OFEV), 031 322  93 30 + M. Michel Monteil, chef de la division Déchets et matières premières (OFEV), 031 325 91 59.

Auteurs: Conseil fédéral (http://www.admin.ch/br/index.html?lang=fr) + Secrétariat général DETEC (http://www.uvek.admin.ch/index.html?lang=fr&) + Office fédéral de l’environnement OFEV (http://www.bafu.admin.ch/fr).

J’ai une pensée émue pour Michel Monteil (une connaissance de longue date) qui doit figurer dans la liste des “auteurs” aux côtés du Conseil fédéral…

Enfin, tant mieux si la Planète peut tenir le choc au-delà de 2050 et si le Gouvernement fédéral peut s’y engager…!

 

5 réflexions au sujet de « Une planète ne suffira pas, même au-delà de 2050! »

  1. Le XXe siècle a été celui de l’illusion de l’infinitude du monde, notamment grâce (à cause !) des énergies fossiles bon marché et des minerais faciles d’accès.
    Le XXIe siècle sera celui de l’apprentissage de la finitude du monde … et donc de l’augmentation des prix de l’énergie, des métaux, et de toutes les autres ressources, avec comme conséquence un ralentissement de la consommation … rien que des bonnes nouvelles !
    Le XXIe siècle sera durable !!

  2. Je partage entièrement ce point de vue! Pourtant, mes convictions étaient déjà celles-là dans les années 1970 en lisant les ouvrages des économistes du Club de Rome (Meadows, etc.).

    Pire, non seulement on ne les a pas écoutés, mais, au motif que leurs prédictions ne se sont pas vérifiées conformément au modèle “Monde III”, leurs thèses ont été reléguées au rang de “fantasmes rétrogrades” (ou “anti-progrès”).

    Pour être franc, je ne suis plus trop certain que l’on évitera que les moutons de Panurge ne se précipitent dans le vide…

  3. Tot comme vous, je suis un optimiste angoissé … mais je reste un pessimiste serein !
    Nous nous devons de transmettre aux jeunes générations, celles de nos enfants et de nos petits-enfants, le goût de l’avenir et non la peur des catastrophes ! C’est notre devoir, celle de la génération qui a vécu les trente glorieuses. Nous devrions être des modèles de la sobriété heureuse ! Pour cela, il nous faut diminuer, voire arrêter, nos déplacements aériens, diminuer notre consommation d’appareils électroniques et la surface de nos écrans de télévision, etc… Et, il nous faut aussi plus de volonté pour isoler nos maisons, pour diminuer le poids de nos voitures, pour découvrir les bienfaits de la proximité dans nos habitudes alimentaires et dans nos loisirs, etc… !
    C’est ainsi que nous transmettrons à nos descendants le goût de l’avenir !

  4. Après l’acceptation de l’initiative contre l’immigration, le moment est venu de modifier notre conception de la croissance. Ainsi l’antagonisme pourrait être dépassé vers un projet utile et nouveau.

  5. Désolé d’avoir tardé à publier ces derniers commentaires. Il faut dire que je dois mettre toute mon énergie dans le projet des ordinateurs durables why! sous GNU/Linux, car, en ce moment, l’intérêt des clients est, je dois le déplorer, très en retrait par rapport aux commentaires dithyrambiques des médias…
    @Jean-Claude Keller
    Je partage entièrement votre point de vue “pessimiste serein”. Lorsque j’observe mes enfants (25 et 31 ans), je m’aperçois qu’ils ont d’abord besoin de perspectives enthousiasmantes pour pouvoir orienter leurs choix de vie et de consommation dans le sens de la durabilité. Et ça marche!
    @Marc Jeannerat
    Je ne suis pas sûr d’avoir bien compris le sens de vos propos. Je ne crois en tout cas pas que les Suisses qui ont accepté l’initiative “contre l’immigration massive” aient voté contre la croissance. Et je ne comprends toujours pas comment l’UDC a pu gagner cette votation en assénant, d’une part, que les immigrants saturent nos infrastructures de transport et, d’autre part, en invitant le Peuple à refuser le financement durable des infrastructures ferroviaires (FAIF). Et tout cela dans le cadre d’une même campagne fédérale!?! Je reste d’avis que l’UDC a cherché, pour les deux objets soumis au vote, à capitaliser à son profit les peurs, les inquiétudes et la mauvaise humeur de l’électorat. Mais sans qu’il soit possible de discerner un projet de société! Pour cause: l’UDC n’en a aucun, si ce n’est sous la forme d’un slogan vide de sens (par rapport aux question discutées ici): “La Suisse aux Suisses!”

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