Berne va créer une plateforme d’échange pour les logiciels libres

(Source: site Internet du Groupe parlementaire pour une informatique durable)

Ce mardi 13 juin 2017, le Grand Conseil du canton de Berne a adopté, par 98 oui et 48 non, une motion intitulée “Économiser les deniers publics et promouvoir l’innovation par l’échange ouvert de données et logiciels publics” (traduction libre; article en allemand). Encore une avancée remarquable réalisée sous l’impulsion du Groupe parlementaire pour une informatique durable animé par Matthias Stürmer, membre, comme moi, du comité de ch-open, l’association qui promeut depuis 25 ans les logiciels libres en Suisse. Le Gouvernement est ainsi invité à publier sous licence libre le code source des logiciels qu’il développe sur une plateforme telle que Github, afin de permettre à d’autres collectivités publiques de les utiliser et de contribuer à leur développement.Je suis assez fier que le seul exemple cité d’une telle démarche est le logiciel vaudois CAMAC pour la gestion des demandes de permis de construire. En effet, dès 2004, j’ai beaucoup œuvré pour que l’application s’affranchisse des langages et code source propriétaires pour pouvoir être partagée sans restriction avec d’autres cantons dans l’esprit des logiciels libres (voir, par exemple, “La petite graine open source continue de germer“). Depuis, elle a été traduite en italien par les Tessinois et en allemand par les Uranais. Lorsque j’ai quitté le Conseil d’État en 2012, elle était utilisée par les cantons de Vaud, Neuchâtel, Tessin et Uri. A la lecture de l’article de Parldigi, j’apprends avec une grande satisfaction que Bâle-Ville, le Jura, Genève et Fribourg ont rejoint le mouvement. La mutualisation du logiciel CAMAC a certainement permis d’importantes économies, en particulier pour le canton de Vaud qui, depuis 13 ans, ne supporte plus seul les coûts de développement de la plateforme. Cela permet surtout d’améliorer plus vite le logiciels au profit de ses usagers, qui sont au surplus toujours plus nombreux. Je constate que la plateforme (vaudoise) a changé de nom pour devenir ACTIS, mais je n’ai pas trouvé le dépôt logiciel où le code source est déposé et les projets d’évolution sont documentés. Peut-être qu’une collaboration avec le canton de Berne pourrait s’envisager à cet égard…

Mais il y a des résistances qui s’organisent contre la mutualisation entre collectivités publiques de solutions logiciels open source. En effet, les éditeurs privés estiment que l’État leur fait une concurrence déloyale et demandent au Conseil fédéral d’interdire aux collectivités publiques de partager du code source. Le débat est particulièrement chaud en Suisse alémanique et la Schweizerische Handelszeitung a publié, en novembre 2016, un article consacré à ce sujet et pour lequel elle m’a longuement interviewé (lire l’article en allemand, Schweizerische Handelszeitung du 17.11.2016, p. 18, “Quellcode_vom_Staat”, pdf 347 ko). J’avoue être fasciné par le culot de ces tenants du moins d’État qui, la bouche en cœur, défendent leurs intérêts particuliers en se moquant pas mal de la bonne utilisation des deniers publics. Je rappelle à cet égard n’avoir jamais été contredit lorsque, dans le cadre d’une conférence sur la cyberadministration suisse à Berne, j’avais évalué à trois milliards de francs par an l’économie pour la Confédération, les cantons et les communes qui pourrait résulter de la mutualisation généralisée des solutions informatiques. Ce ne sont pas des cacahuètes…!

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