Michel aboie, la loi passe! Merci Vigousse!

(Source: Vigousse du 16.06.2023, article de Laurent Flutsch, p. 3)

J’adore lire le journal satirique Vigousse, en particulier les papiers de Laurent Flutsch. Je lui avais signalé les délires complotistes de Jean-Dominique Michel (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2023/grand-complot-selon-jean-dominique-michel/) et, plus récemment, l’appel à voter non, le 18 juin 2023, à la loi COVID (bien sûr!), mais surtout non à la loi sur le climat. A quelques jours du scrutin sur cet enjeu majeur, je m’inquiétais du fait qu’un jour après sa mise en ligne la vidéo climato-négationniste de Jean-Dominique Michel comptait déjà 37’000 vues. Heureusement, Vigousse a remis en boîte le bonhomme et le peuple suisse vient d’approuver la loi sur le climat à 59,1%. Lire la suite

Fake news à croix blanche

(Source: communiqué de presse de l’Office fédéral de l’énergie du 05.12.2022)

Un ami m’a envoyé le lien vers ce communiqué de presse de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) du 05.12.2022. En 2021, la Suisse comptait 49,3 millions de gros appareils électroménagers, d’appareils informatiques, de bureautique et d’électronique de loisirs en cours d’utilisation, soit 41,2% de plus qu’en 2002 (34,9 millions). Au total, leur consommation d’électricité s’élevait à 6,5 terawattheures (TWh), soit 11,2% de la consommation totale d’électricité en Suisse. Cela représente également 1,3 TWh ou 16,3% de moins qu’en 2002 (7,8 TWh). Youpie! On peut continuer! Lire la suite

Pourquoi n’a-t-on pas écouté les Verts, il y a 30 ans?

(Source: L’illustré du 05.10.2022 en ligne, interview réalisée par Philippe Clot)

– Un commentaire général devant cette Suisse et cette Europe qui se retrouvent en partie désemparées face aux conséquences de dépendance énergétique?

– François Marthaler: Je ne me réjouis pas, à titre personnel, de ce scénario. Mais il va au moins permettre de faire bouger les lignes. Cela fait plus de quarante ans que je répète, avec peu d’effets, le même plaidoyer en faveur d’une transition énergétique.

– Cette inertie nationale, continentale et même mondiale, c’est la faute aux lobbies des énergies fossiles et nucléaire? C’est presque un complot des milliardaires du pétrole et de l’uranium?– Je pense que c’est plus grave que ça! (Rires.) Il y a depuis toujours des gens à droite qui pensent que seul le secteur privé peut gérer la société de manière intelligente et que le secteur public ne fait que des âneries. Cette vision caricaturale est profondément ancrée. Je n’ai pas cessé, durant mes dix années au Conseil d’Etat, de répéter: «Regardez! J’ai une moitié de collaborateurs qui viennent du secteur privé et une moitié d’entre eux vont y retourner. Dès lors, pourquoi le secteur public ne ferait-il pas aussi bien que le privé? Pourquoi décider que seules les entreprises peuvent résoudre des enjeux vitaux comme celui de l’indispensable transition énergétique?» Nous voyons aujourd’hui où ce mépris du service public nous a menés.

– Il risque notamment de mener des centaines d’entreprises à la faillite face à des factures d’électricité parfois décuplées. Vous étiez d’ailleurs conseiller d’Etat en 2009, lors de la création de ce marché libre accessible aux gros consommateurs.
– Oui, et je m’y suis toujours opposé. En tant qu’économiste, je pense que c’est un non-sens. A plus forte raison en Suisse, où la plupart des fournisseurs d’énergie sont en mains publiques. On joue à quoi? On veut évoluer comme la France où l’Etat finit par devoir subventionner des entreprises et des particuliers pour les aider à supporter les charges tout en encaissant de l’autre main les bénéfices d’EDF? Cette libéralisation est un non-sens total! Il aurait fallu que les pouvoirs publics s’engagent résolument, il y a longtemps, dans la transition énergétique au lieu d’être guidés par des bénéfices à court terme.

– Quels conseils donneriez-vous aux particuliers qui risquent de leur côté de voir leur facture d’énergie bondir de 50%?
– C’est difficile de répondre à cette question en raison de l’extrême diversité des situations personnelles et régionales. Ce que je crois en revanche, c’est que si les factures des ménages devaient exploser, l’Etat ne coupera pas à l’obligation de mettre en place des boucliers tarifaires.

> Lire aussi: Approvisionnement en gaz: «La Suisse s’est comportée comme un enfant gâté»

– Dans ce pays majoritairement habité par des locataires, la maîtrise et le contrôle de sa propre consommation en chauffage par exemple n’est pas simple. C’est la démonstration que l’appel à la responsabilité individuelle a bon dos, non? 
– Seuls les bâtiments récents ont des compteurs de chauffage individuels, en effet. Je discutais déjà de cela, il y a des années, avec des professionnels de l’immobilier. Nous avions évoqué l’idée du «loyer chauffé», c’est-à-dire un loyer fixe qui intègre le coût du chauffage. Cette idée n’a jamais pris car elle n’est pas simple à mettre en œuvre. Mais avec ce concept, le bailleur aurait eu tout intérêt à assainir au maximum sa propriété et rentabiliser son investissement. Mais nous voici en 2022 avec un parc immobilier qui gaspille une énergie énorme, avec des conséquences peut-être tragiques pour certains locataires.

– Vous-même, dans quelle configuration énergétique habitez-vous?
– Je vis en copropriété avec des voisins dans une petite maison de deux logements. Et notre chauffage fonctionne au… gaz! (Rires.) Nous allons donc prendre une grosse claque! Mon premier réflexe a été de commander auprès de notre bûcheron quatre stères de bois avant que le prix n’explose. Car nous avons deux poêles suédois qui permettent de limiter l’usage du chauffage central. Je précise quand même que cette maison de 1930 n’avait à l’origine que des cheminées comme chauffage. Comme quoi, à l’époque, on pouvait passer l’hiver sans avoir recours à des énergies fossiles. Mais aujourd’hui, si toute l’agglomération lausannoise se chauffait au bois, l’air serait irrespirable.

– Pas d’autre énergie renouvelable dans votre maison?
– Si, des panneaux solaires thermiques, qui produisent une partie de l’eau chaude. Ils assurent quand même 7% de la consommation totale d’énergie de la maison. Et nous avons installé des fenêtres à triple vitrage. J’ai calculé que leur taux de retour sur investissement sera de 15 ans.

– L’approvisionnement en gaz peut bel et bien stopper d’un moment à l’autre?
– J’imagine que oui. Tout comme on avait du mal à réaliser ce qui était en train de se passer au début du covid, cette crise énergétique risque de nous valoir des surprises, des états de stupeur.

– Mais les conséquences les plus pénibles viendraient bel et bien d’une pénurie d’électricité?
– Oui, tout tomberait en panne. Y compris les panneaux solaires photovoltaïques. Se passer de gaz, c’est imaginable. Se passer d’électricité, c’est impensable.

Lithium, mon amour!

(Source: https://librec.ch/fr/innovation/)

Que ce soit pour des véhicules neufs ou re-motorisés (retrofit) ou encore pour l’entretien des véhicules électriques existants, il va nous falloir des quantités astronomiques de matières premières pour produire les batteries et réaliser la transition vers l’électromobilité. A commencer par la lithium qui est à la base des batteries les plus performantes actuellement (Li-ion, code 16 06 97). On a déjà produit des millions de tonnes de batteries, mais il n’existe pas encore de solution opérationnelle pour leur recyclage. Aïe!

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Internet des objets: le mythe de Prométhée

(Source: Techniques de l’Ingénieur, Plus d’objet connectés = plus de pollution?, 14.07.2022)

Il existe de plus en plus d’objets connectés: thermostats, assistants vocaux, frigidaires, vêtements intelligents, montres et écouteurs connectés, caméras de surveillance, arrosage intelligent, colliers et puces connectées pour les animaux, drones… L’agence internationale de l’énergie prévoit, au niveau mondial, une quantité astronomique d’objets connectés à l’horizon 2030 : pas moins de 46 milliards de ces produits devraient alors être en circulation.  Cette promesse technologique fait furieusement penser au mythe de Prométhée tel que l’interprète le philosophe Hans Jonas (Le Principe responsabilité). Lire la suite

Retrofit: bientôt en Suisse?

(source: www.auto-infos.fr du 03.07.2020)

J’adore l’idée! Plutôt que de détruire des millions de véhicules équipés d’un moteur thermique et d’en fabriquer autant avec un moteur électrique, le rétrofit consiste à remplacer le moteur à combustion et le réservoir par un moteur électrique et des batteries. Selon l’ADEME, en prenant en compte le cycle de fabrication, on évite 66 % d’émissions de CO2 en « rétrofitant » un diesel, contre seulement 47 % en achetant un véhicule électrique neuf. Lire la suite

Transition énergétique: menaces vs solutions

(Source: exposé de Marc Müller devant les actionnaires du GroupE, 25.07.2021)

Marc Müller est présenté comme animateur à la RTS (Radio Télévision Suisse) et “influenceur”. Il a été invité le 25.07.2021 à partager ses visions devant un parterre d’actionnaires de la société de distribution d’énergie fribourgeoise GroupE. Un ingénieur en énergie, cofondateur avec Jonas Schneiter de Nous Production et qui m’avait interviewé dans le cadre de l’émission commandée par la RTS (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2021/chez-why-deja-beau/). Son réquisitoire pour la transition énergétique est sans appel, mais il ne propose guère de solution… Lire la suite

Rationalité économique et écologique: CQFD!

(Source: mon suivi des coûts totaux d’utilisation de notre Citroën C3 à gaz naturel)

On dit souvent qu’à partir d’un certain moment, il vaut mieux racheter un véhicule neuf et arrêter de réparer l’ancien. Mais rien n’est plus faux! Par curiosité (et un zeste de maniaquerie), je tiens, depuis plus de 30 ans, un décompte très précis du coût de nos véhicules, en distinguant les frais d’amortissement, les intérêts (au taux hypothécaire, depuis que je peux me passer d’un crédit à la consommation), l’entretien, les carburants, les assurances (casco uniquement sur les 3 premières années), les taxes (y compris expertises, amendes, péages et parking). Après 14 ans, notre petite Citroën C3 nous a coûté CHF 0.35/km, soit moitié moins que les estimations du TCS (CHF 0.70/km selon l’estimation de mars 2021). Lire la suite

L’Ethereum 100 fois plus écolo que le Bitcoin?

(Source: developpez.com du 18.05.2021)

En décembre 2017, je relayais une inquiétude grandissante concernant l’explosion de la consommation d’électricité de la blockchain et en particulier du Bitcoin basé sur cette technologie (voir En 2020, le Bitcoin pourrait consommer autant que la production actuelle d’électricité!). La bonne nouvelle, c’est que la consommation totale d’électricité n’a pas doublé depuis lors. La mauvaise étant que la consommation, estimée pour le Bitcoin à 237 kWh par transaction est aujourd’hui évaluée par son concurrent Ethereum à 1’137 kWh par transaction. Ethereum estime cependant pouvoir diviser cette consommation par 100. Lire la suite

Zero Emission Group à l’EPFL

(Source: https://zeroemission.group/)

Zero Emission Group est une association fondée en 2019 par des étudiants et étudiantes de l’EPFL et dont l’objectif est de concrétiser la neutralité carbone au sein de l’École Polytechnique Fédérale de Lausanne. Elle vient de publier sous licence Creative Commons (!) son rapport Impact Environnemental du Numérique à l’EPFL, auquel j’ai eu le plaisir de modestement contribuer. On peut le télécharger sur https://infoscience.epfl.ch/record/283636. Lire la suite