Les fissures de Mühleberg

Inconvénients d’une prolongation sans limites dans le temps de l’exploitation de la centrale de Mühleberg

Une centrale nucléaire c’est le dispositif le plus compliqué, le plus cher et le plus dangereux que l’homme ait inventé pour faire bouillir de l’eau et produire de la vapeur!
ça ne s’arrange pas lorsque la centrale atteint la quarantaine : la technologie utilisée est dépassée et les installations vieillissent d’une façon inquiétante.
Ce n’est pas une autorisation d’exploitation illimitée, comme demandé par l’exploitant, mais l’arrêt immédiat de cette centrale nucléaire fissurée, qui s’impose. Et cela pour plusieurs raisons:
La conception technique de Mühleberg ne répond pas aux exigences actuelles:
Un seul accident risque d’endommager plusieurs circuits de sécurité à la fois. Et cette centrale ne résisterait ni à un fort tremblement de terre, ni à un avion plein de carburant la percutant à grande vitesse.
L’augmentation des cancers et leucémies observée autour des centrales nucléaires:
Personne n’a examiné si le nombre élevé de cancers dans le district de la Broye est dû aux effluents radioactifs gazeux et liquides que Mühleberg disperse dans l’environnement, mais l’étude officielle réalisée par l’Université de Mayence dans les régions proches de 21 réacteurs ou anciens réacteurs allemands, a montré que la probabilité qu’un enfant soit atteint de cancer ou de leucémie, augmente de manière significative jusqu’à 50 km des centrales nucléaires. Et lorsqu’un enfant grandit à moins de 5 km, le risque de leucémie augmente de 117%! En effet, les seuils d’émissions radioactives à ne pas dépasser, n’ont pas été fixés pour limiter au maximum les risques sanitaires, mais pour permettre au nucléaire d’être concurrentiel.
La progression des fissures, qui n’a pu être stoppée mais juste ralentie par les mesures prises:
Les fissures sur certaines soudures du manteau du coeur du réacteur de Mühleberg dépassent désormais trois mètres de longueur. Plutôt que d’arrêter la centrale ou de remplacer la pièce défectueuse, l’exploitant à préféré poser des tirants d’ancrage. En outre les conduites permettant de refroidir par aspersion le réacteur en cas d’urgence sont fissurées, on le sait depuis 2008. Et si les systèmes de refroidissement de secours ne fonctionnent pas, l’augmentation de la température peut entraîner la fusion du coeur nucléaire! Lors de la dernière révision on a aussi découvert que la cuve du réacteur comporte des inhomogénéités inquiétantes.
Ces défauts majeurs ont fait l’objet de rapports que l’exploitant a essayé de maintenir secrets. En Suisse allemande, le Beobacther y a consacré de nombreux articles, ils peuvent être lus sous:
http://www.beobachter.ch/dossiers/energie/
Les centrales de même type de Würgassen (D) et de Millstone 1 (USA) ont été démantelées suite à des défauts similaires. Dans plusieurs autres centrales, au Japon et en Suède, on a remplacé les pièces fissurées. Mais en Suisse, comme aux USA sous Bush, on tolère des rapiéçages. Tant que tout va bien, ces réparations tiennent, mais que se passerait-il en cas de tremblement de terre? Et en cas de refroidissement d’urgence?
Un accident majeur, rendrait inhabitable un énorme périmètre, de la taille de la Suisse romande.
On peut certes évaluer le dommage probable, comme l’a fait l’Office fédéral de protection civile, à 4’200 milliards de francs, mais certainement pas les tragédies engendrées.
Aujourd’hui on n’autoriserait pas la mise en service d’une installation ayant les défauts de Mühleberg.
Les Forces Motrices Bernoises BKW-FMB préfèrent ne pas en parler et inondent journaux et panneaux publicitaires d’images lénifiantes pleines de petites fleures, papillons et lapins, sortis d’on ne sait quel chapeau de magicien, mais financées par les factures d’électricité. Ils essayent de nous convaincre qu’il faut donner une autorisation d’exploitation illimitée dans le temps à leur vieille centrale fissurée de Muhleberg. Ils prétendent que le nucléaire émet peu de CO2, ce qui est faux, en considérant toute la chaîne: de la mine d’uranium à la gestion des déchets radioactifs. Le comble c’est qu’en même temps ils participent en Allemagne à la construction de deux grandes centrales au charbon, qui émettront des quantités gigantesques de CO2. Pensent-ils que le CO2 s’arrête aux frontières allemandes et que les effluents radioactifs de Mühleberg s’arrêtent aux frontières bernoises?
Ils brandissent aussi des risques de pénurie, essayant de nous faire oublier qu’investir dans les énergies renouvelables et dans l’efficacité énergétique fournirait plus d’énergie et créerait plus d’emplois que le nucléaire. En hiver, par exemple, les 170’000 chauffages électriques suisses consomment plus que l’électricité produite par les 3 centrales nucléaires de Mühleberg, Beznau 1 et Beznau 2. Se donner les moyens de les remplacer par des chauffages aux pellets ou des pompes à chaleur permettrait de se passer sans problèmes de Mühleberg.
Les Vaudois, peuvent voter NON à la suppression de la limitation dans le temps de l’autorisation d’exploitation de Mühleberg, ce sera dans l’intérêt de leur sécurité, de l’emploi et de l’environnement.
L’auteur est membre de la Commission de l’environnement, de l’aménagement du territoire et de l’énergie du Conseil national

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