Archives mensuelles : décembre 2014

De l’importance de varier ses approches pédagogiques

En société, lorsque l’on parle d’enseignement, il est coutume d’opposer la pédagogie dite « traditionnelle », que l’on associe volontiers aux enseignants conservateurs, et la pédagogie supposément « nouvelle »,  qui serait l’apanage des instituteurs de gauche. Cette vision étriquée et binaire des pratiques didactiques est non seulement erronée sur le plan historique – les méthodes aujourd’hui jugées alternatives existent depuis des siècles -, mais ne rend, de plus, aucunement compte de la réalité du terrain.

À chaque situation ou objectif d’enseignement correspond une approche spécifique. Les démarches transmissive, béhavioriste et socioconstructiviste ont toutes leur place en milieu scolaire. Il incombe aux enseignants d’alterner l’utilisation de ces méthodes en fonction de leurs affinités pédagogiques et des besoins des élèves.

D’aucuns affirmeront péremptoirement la prééminence d’un procédé et plaideront en faveur de son usage exclusif, faisant fi des exigences plurielles du public scolaire. Pourtant, le dogmatisme didactique est à ranger au fond d’un tiroir, puisqu’il ne permet pas à l’ensemble des apprenants de s’approprier les objets d’enseignement, mais accroit, à l’inverse, les inégalités face à l’assimilation des savoirs. L’utilisation d’une seule approche estimée infaillible n’apportera pas toujours les résultats escomptés. En pédagogie, deux plus deux ne font pas forcément quatre.

Par ailleurs, les pratiques pédagogiques peuvent être totalement indépendantes du système éducatif dans lequel elles sont mises en oeuvre. Il est parfaitement envisageable, et vérifiable dans les faits, de mettre en place un enseignement magistral dans une structure jugée « progressiste » comme EVM (Ecole vaudoise en mutation), tout comme l’on peut privilégier, à l’intérieur de cette même structure, des séquences construites autour de projets, comme le préconisait Célestin Freinet. L’enseignant est le démiurge de l’orientation formelle de ses leçons.

Le concept qui devrait prévaloir sur toute considération idéologique en matière didactique est celui de différenciation. Gérer les différences présentes au sein d’un classe c’est, selon la pédagogue québécoise Jacqueline Caron, faire le deuil des pratiques habituelles, des routines sécurisantes, d’une croyance indéfectible en la suprématie d’un modèle d’enseignement. Gérer les différences, c’est être souple dans l’exploitation des outils, notamment des manuels. Gérer les différences, c’est vaincre la peur que les élèves n’aient pas les ressources nécessaires pour agir. Gérer les différences, c’est surmonter la sécurité apportée, mais modérément opérante, de l’approche collective.

En définitive, gérer les différences, c’est diversifier perpétuellement les mises en situation, l’outillage cognitif ou encore les stratégies d’apprentissage, pour permettre l’épanouissement et l’élévation intellectuelle du plus grand nombre.