L’école garante de la liberté d’expression

En ces sombres heures où la Ville Lumière se trouve plongée dans les ténèbres par quelques fanatiques imprécatoires, nos valeurs démocratiques chancèlent. Les fondements de notre société s’ébranlent. La liberté d’expression vacille. Et nous ne pouvons raisonnablement pas tolérer pareil affaissement. « Seul est libre qui use de sa liberté », est-il stipulé dans la Constitution fédérale.

Dès lors, il convient de trouver des solutions pragmatiques afin de défendre et de perpétuer le droit à la libre parole, pour autant que cette dernière soit exprimée de façon révérencieuse. Et si l’école constituait l’ultime bastion face à la tentation de la censure ? Et si les établissements scolaires étaient en mesure de cultiver l’ouverture d’esprit des citoyens en devenir ?

On peut tout d’abord considérer la mission de l’instruction publique comme purement transmissive. L’école servirait ainsi avant tout à inculquer aux écoliers des connaissances ou des compétences manuelles, et elle ne saurait s’écarter de cette auguste responsabilité. L’enseignant ne serait, à l’aune de cette conception, qu’un clerc bon à psalmodier son encyclopédisme.

Mais il est également possible de reconnaître à l’école la fonction de garante de certaines valeurs, parmi lesquelles la liberté d’expression occuperait une place cardinale. Les enceintes scolaires pourraient de la sorte tenir lieu d’espace de parole, à l’intérieur duquel les élèves s’exprimeraient en toute indépendance, sans crainte de subir les objurgations d’autrui. Dans cette optique, le professeur incarnerait l’impartialité et endosserait, en plus du costume d’érudit, l’uniforme du médiateur, du provocateur d’échanges de points de vue indispensables au développement de l’enfant. Néanmoins, l’apprentissage du franc-parler est indissociable d’une certaine forme d’ouverture d’esprit.

En effet, la liberté de parole apparaît comme consubstantielle à la capacité d’écoute. Si je veux pouvoir verbaliser ce que bon me semble, je dois consentir à entendre et respecter les opinions diamétralement opposées aux miennes. Faire usage du droit à l’expression c’est, par voie de conséquence, apprendre à tenir en estime le discours de tout un chacun, sans nécessairement l’approuver, mais dans une perspective de tolérance et de communication.

Enfin, plus largement, la problématique de la liberté d’expression et de la capacité d’écoute pose donc la question de l’altérité. L’épicentre de la violence se situe en partie dans notre ego. « L’autre » fonctionne alors souvent comme miroir de nos propres peurs. En prenant conscience des implications de mes dires, je manifeste un haut degré de compréhension du cheminement culturel et intellectuel de mon prochain. Cet entendement des diversités ne peut que renforcer les liens qui unissent les êtres humains et, par conséquent, subvertir l’obscurantisme.

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