Il y a 15 ans, le sel de Bex séduisait New-York et Tokyo grâce au « design typiquement helvétique des nouvelles boîtes de sel de table aux herbes des Alpes ». L’UDC Pierre-François Veillon, alors président de la défunte Société vaudoise des mines et salines, brandissait du reste le lot de salières « comme une arme miracle ».
En 2001, à la question du journaliste « Avant votre arrivée ont été lancés les sels de table aux herbes et les marchés étrangers semblaient prometteurs. Où en est-on aujourd’hui ? », Bruno Kemm, fraîchement nommé à la direction de la société des Mines et Salines, répondait: « Le produit n’a pas répondu aux attentes, ce qui est peu étonnant. L’expérience apprend que 80% des nouveaux produits sont des « flops » , malgré les connaissances actuelles en terme de marketing ».
Rebelote en 2007, avec l’apparition du sel des Alpes et sa gamme Welness. « Nous lançons ces produits cette semaine. A terme, on les trouvera chez Globus, Manor, dans les centres de bien-être et de beauté, ainsi que des hôtels de luxe. Le marché étranger commencera à être exploré dès le milieu de l’an prochain », déclarait la responsable de la nouvelle gamme de l’époque.
Déçus par les Nippons, les dirigeants de la Saline de Bex partent aujourd’hui à l’assaut de la Chine, comme le relate un article paru dans Le Matin du 31 juillet 2015. Un article sans doute inspiré de celui de la Sonntags Zeitung du 19 juillet qui titrait : « Schweizer Salz in chinesischen Suppen ».
Ainsi, une première cargaison de sel fin et de sel aux herbes bio est partie pour l’Asie afin de tester le marché local. La « pureté originelle de l’or blanc » et la « réputation sans faille » du produit devraient convaincre les Chinois, « qui ont une grande méfiance pour leurs produits locaux ». On les comprend, mais ils ne sont pas les seuls…
Le Matin ne reprend par contre pas les commentaires relatifs à la suppression du monopole du sel, férocement défendu par les cantons suisse. Ce qui a le dont d’agacer Globus, Coop et Migros qui souhaiteraient importer plus de sel étranger. Mais les consignes sont très strictes puisqu’ « Aucun permis d’importation n’est délivré pour les sels disponibles dans l’assortiment des Salines Suisses ». Voila qui restreint considérablement les possibilités d’échanges commerciaux…
Reste à savoir si les Vaudois, désormais sous tutelle bâloise, pourront mettre la Chine au pas. Notre sel « haut de gamme » demande 4 fois plus de ressources pour être extrait des profondeurs de la terre : ici on produit 35’000 tonnes de sel par année avec 40 employés, là-bas il n’en faut que 160 pour produire 565’000 tonnes !
Références:
- La Presse Riviera-Chablais, 11-10-2000
- Le Nouvelliste, 05-10-2007
- Tribune de Genève, 02-03-2015
- Basler Zeitung, 15-05-2015
- Sonnatags Zeitung, 18-06-2015
- Le Matin, 30-07-2015