Le PLR s’envoie en l’air !

Chaque campagne politique apporte ses lots d’idées plus ou moins baroques. Il y a deux ans, c’était le monorail des Verts Libéraux (voir Les partis nous transportent), aujourd’hui voici le téléphérique trans-chablaisien proposé par Sandrine Mösching-Hubert, candidate PLR au Grand Conseil vaudois.

Un téléphérique contre les bouchons !

L’architecte bellerine pense ainsi «favoriser l’économie locale en améliorant les trajets entre domicile et lieu de travail, tout en désengorgeant le trafic.» On ne sait pas encore si cela va favoriser son élection, mais peut-être aura-elle de soutien de ses collègues locaux.

La candidate PLR n’avait pas accédé au poste de municipale

Le syndic aiglon Frédéric Borloz – par ailleurs conseiller national, président du PLR vaudois, président de Chablais Agglo, président des Transports Publics du Chablais – ne semble pas particulièrement convaincu par cette idée.

Non, M. Borloz préfère les bus et particulièrement les TAD, c’est à dire les transports à la demande. En 2011, il avait du reste activement expérimenté les «transports de demain» du côté de Belfort (F).

Le TAD en situation

Et pourquoi Befort située en Bourgogne-Franche-Comté ? Tout simplement pour préparer le terrain à une société suisse basée à Aigle, RCS Mobility, qui, en 2013, décrocha la grande partie du marché des transports suburbains dans la région de Belfort au nez et à la barbe des entreprises locales. Une société très proche des TPC… comme l’atteste le Rapport de gestion 2011 des Transports publics du Chablais:

1.1 Transport public à la demande (TADBelfort)
Notre entreprise a confié plusieurs mandats
techniques à la société RCSmobility basée à
Aigle. Grâce à cette relation de confiance, nous
avons pu déposer une offre de TAD destinée à
couvrir les besoins en transports sur le Territoire
de Belfort (France) couvrant 95 communes peuplées
de 68’000 habitants. Vu la qualité de notre
partenariat, les responsables des transports de
la région de Belfort nous ont confié ce mandat
pour la période 2011-2013 (après quoi, ce marché
sera périodiquement remis en soumission). Pour
ce faire, les TPC et RCSmobility ont créé une filiale
commune dédiée au marché français.

RCS Mobility était alors fortement médiatisée dans le Chablais, le «Griffon économique» lui étant même décerné le 15 octobre 2011 par l’Association du Chablais, une association présidée par le municipal PLR (et futur secrétaire communal) bellerin Alain Michel.

Le griffon, une créature légendaire qui n’a rien de chablaisien

Changement de décors au début de l’année 2016: «le service de transport à la demande est condamné, la société TRF qui l’assurait aussi» (note: TRF pour TPC RCSMobility France – la succursale française). La liquidation judiciaire est prononcée le 3 avril 2016 par le Tribunal de Commerce de Belfort. Le TAD a vécu, à Aigle on ferme boutique.

RCS: une société mobile

Curieusement cependant, une société Chablais Participations SA a été créée peu de temps auparavant à Aigle. Une société «qui a pour but la prise, l’achat, la vente, l’administration et la gestion de participations dans toutes sociétés ou entreprises,
directement ou indirectement, en Suisse ou à l’étranger.»

Un société visiblement liée au TAD de Belfort car le registre du commerce mentionne: «Reprise de biens envisagée: 46,84% du capital social de la société ‘TPC RCSmobility France’, à Belfort (France) (529 988 768 R.C.S. Belfort), pour CHF 1 au maximum.» C’est dire la valeur de la société ‘TPC RCSmobility France’.

Dernier détail: la société Chablais Participations SA est présidée par Frédéric Borloz – par ailleurs syndic d’Aigle, conseiller national, président du PLR vaudois, président de Chablais Agglo, président des Transports Publics du Chablais. Et pour être complet, notons que c’est le Conseil d’administration des TPC qui a décidé, le 27 novembre 2015,
de créer la société Chablais Participations SA. La boucle est donc bouclée.

Reste que l’on peut se demander si le rôle des TPC est bien de financer des sociétés en France… alors qu’il reste encore beaucoup à faire du côté de Chablais Agglo ! On ne peut s’empêcher de voir un parallèle avec l’affaire de CarPostal en France, récemment condamné à 11,5 millions de francs de dommages et intérêts à trois transporteurs rhônalpins pour concurrence déloyale.

 

Sources consultées