Un immeuble de 18 appartements et 38 places de parc (29 à l’extérieur et 9 au rez-de-chaussée), mis à l’enquête récemment, vont complètement défigurer le quartier de l’Avenue de la Gare à Bex si aucune opposition n’est déposée d’ici au 12 juin 2022.

Voici ce qui attend les habitants de Bex…
Ce projet a été mis à l’enquête par la société Tobo Immobilier SA (Rue de la Gare 28, c/o Hôtel Suisse, 1860 Aigle), qui vient d’acquérir les parcelles 69 (4 février 2022) et 6679 (21 février 2022) à Bex. L’on s’étonne donc de la célérité avec laquelle l’architecte Chiara Tombolini, à Vionnaz (VS), a réalisé les plans de cette horreur (plans déposés pour la mise à l’enquête datés du 18 avril 2022).
L’unique administrateur la société Tobo Immobilier SA, Tommaso Bonaccorsi – pour qui le patrimoine n’a aucune importance – avait défrayé la chronique lorsqu’il souhaitait raser le Café de l’AOMC à Monthey (VS), comme en témoigne un article du Nouvelliste publié le 9 octobre 2017 :
MONTHEY Le projet de raser le buffet de l’AOMC débouche sur une pétition en ligne, deux oppositions au projet et une démarche politique.
La polémique ne cesse d’enfler sur les réseaux sociaux et dans certains bistrots. Une pétition en ligne contre la démolition du buffet de l’AOMC avait récolté hier plus de 300 «J’aime» sur Facebook alors que le projet mis à l’enquête publique prévoit un nouvel immeuble de 41 studios et 39 deux-pièces, tous dévolus à la location. «Le projet est estimé entre 14 et 16 millions de francs», explique son promoteur Tommaso Bonaccorsi. «Le restaurant et le bar actuels seront déplacés et pendront place au rez-de-chaussée où il reste encore 450 m² de surfaces commerciales à louer.» Pourtant, hier, seulement deux oppositions avaient été enregistrées: celle d’un privé et du Vieux-Monthey, l’association de sauvegarde du patrimoine.
L’Association Patrimoine suisse avait du reste également réagi à ce projet.
Une raison de plus pour s’inquiéter de ce projet situé dans la zone ISOS du village de Bex (Inventaire fédéral des sites construits d’importance nationale à protéger en Suisse ISOS et protection des sites construits).

L’immeuble (en orange) se trouvera dans la zone No 5 de l’inventaire ISOS de l’Avenue de la Gare.
L’immeuble projeté, sera situé entre les habitations pittoresques de 1902 et 1908 et l’ancienne pension Bauckhage des années 1860. Une zone qui, selon l’inventaire ISOS, comporte des qualités de situation, des qualités spatiales et des qualités historico-architecturales, qualité évidentes reconnues au niveau national. Pour cette raison, ce quartier est classé en catégories B et C, soit :
B : La partie de site a une structure d’origine. L’organisation spatiale historique est conservée ; la plupart des bâtiments présentent les caractéristiques propres à une
même époque ou à une même région.
C : La partie de site a un caractère spécifique d’origine. Les constructions anciennes et
nouvelles sont mélangées ; les bâtiments et les espaces présentent des caractéristiques propres à une époque ou à une région différentes.
Selon les objectifs de sauvegarde de l’ISOS :
Sur la base de leur évaluation, des parties de site se voient attribuer un objectif de sauvegarde, auquel sont rattachées des règles standardisées de conservation et d’aménagement. Elles doivent permettre d’assurer que les qualités du site construit restent intactes lors de développement futurs, ou qu’elles soient dans tous les cas ménagées le plus possible.
Ce qui à l’évidence n’est pas le cas !
Selon le document Protection des sites construits et densification. La pesée des intérêts dans les communes disposant d’un site construit d’importance nationale (ISOS) :
Les communes devraient réfléchir le plus tôt possible à la question de savoir où et comment densifier leur territoire urbanisé. C’est lors de l’établissement du plan d’affectation et des plans d’affectation spéciaux qu’il leur appartient de définir comment faire un usage attentif et constructif de l’ISOS. Cette étape de planification est précédée de l’élaboration d’une vision du développement du territoire communal (conception directrice, projet de territoire, plan directeur communal). Ces instruments revêtent une importance croissante et sont désormais exigés dans de nombreuses lois ou plans directeurs cantonaux.
A Bex cependant, les autorités peinent à réfléchir – malgré les belles déclarations précédant les élections – et ne respectent pas ces principes !

Les promesses du parti Avançons…
Peu avant les élections, le parti Avançons « souhaitait veiller à un développement harmonieux du centre du village et des hameaux, malgré la densification imposées par la LAT (Loi sur l’aménagement du territoire) » et « poursuivre les efforts pour conserver et valoriser le patrimoine bâti sur l’ensemble du territoire bellerin ». Le municipal Michael Dupertuis, de ce parti, responsable en particulier de l’Urbanisme, de la Police des constructions, du développement durable, de la Cité de l’énergie, des énergies renouvelables et de la mobilité, semble avoir totalement oublié cette promesse…

Les promesses du PS…
Du côté du PS, la situation n’est pas meilleure : « NON à la spéculation immobilière » et « Encourageons la mobilité douce » figuraient sur la propagande électorale du parti à la rose…
Quand au PLR, on apprend qu’ « Un urbanisme intelligent doit permettre de créer des espaces vivants qui offrent à la population l’entier des services nécessaires à la vie quotidienne (crèches, parcs, écoles, bibliothèques, etc.) » (site https://www.plr-bex.ch/parti/programme consulté le 5 juin 2022).
Le projet de Tobo Immobilier SA est-il en accord avec ces belles déclarations ? Absolument pas…
Alors même qu’un nouveau PPA (Plan partiel d’affectation) est en consultation auprès du canton (Information de Radio Chablais du 21 mars 2022), le promoteur Tommaso Bonaccorsi semble très pressé de construire son immeuble, qui à l’évidence ne correspond pas aux objectifs annoncés: « Un centre-ville dynamique et restructuré. Un secteur d’activités mixtes du côté de la gare. Sans oublier des zones de verdure agréables pour la population locale. Voilà ce que prévoit le nouveau plan d’affectation communal de Bex »…
Voyons ceci de plus près.

Le pan de situation est sans appel
Du côté du secteur d’activités mixtes du côté de la gare, c’est raté : le projet ne prévoit aucune activité mixtes, ni même de mixité dans l’immeuble, celui-ci étant composé uniquement d’appartements de 9 appartements de 3,5 pièces et de 9 appartements de 2,5 pièces.
Pour les zones de verdure agréables pour la population locale, il ne restera qu’une bande d’herbe entre le trottoir et les places de parc, utile il est vrai pour les locataires puissent aller soulager leurs toutous. Les quelques arbres restant seront du reste abattus (Note : feu l’ancien propriétaire des parcelles 6679 (vendue à Tobo Immobilier SA) et 71 avait déjà du reste mis à l’enquête l’abattage de plusieurs arbres pour des raisons fort douteuses).
« Encourageaons la mobilité douce » clamait le PS ! Ce projet, situé à 400 m environ de la gare CFF, comporte pas moins de 38 places de parc, soit plus de 2 par appartement. Cet apport de véhicules apportera des nuisances supplémentaires dans un quartier déjà largement pénalisé par la présence d’un grand parking (parking de Bellevue), des terrains de football et d’une toute nouvelle station de téléphonie mobile installée sur toit de l’Hôtel le Cèdre, propriété de Warcom SA. Ce trafic devra nécessairement traverser la ligne du train Bex-Villars-Bretaye, ainsi que le trottoir emprunté par de très nombreux élèves. Les critères de développement durable ne sont pas appliqués.

Une conception très particulière du développement harmonieux du centre du village !
Pour une municipalité qui souhaite un développement harmonieux du centre du village, il est permis de se demander si le concept d’harmonie est bien compris. Comment peut-on défendre un développement harmonieux et accepter la construction d’un bloc de 3 étages à toit plat posé sur un ensemble de places de parc couvertes et de caves (!) situées au rez-de-chaussée ?
Un quartier très convoité
Promoteurs, agents immobiliers et autres agents d’assurance ont depuis longtemps les yeux rivés sur le quartier dit Sous-le-Montet. Il y a quelques années, suite à la nouvelle Loi fédérale sur l’aménagement du territoire (LAT), plusieurs d’entre-eux ont déchanté et fini par revendre certaines parcelles chèrement acquises (et parfois dans des conditions pour le moins douteuses)…

Le Pland de quatier Sous-le-Montet ou la folie des grandeurs…
Et heureusement pour les Bellerines et les Bellerins qui auraient vu la construction de près de 25 immeubles, comme en témoigne le projet établi par la société Esplanade Aménagement SA, auteur en autre du plan de quartier Perruet où s’est développé le complexe immobilier Bex-Jardins, un autre ensemble composé de cubes superposés…
A suivre…
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