En novembre passé, Green Cross, l’ONG fondée par l’ancien président de l’URSS Gorbatchev, a invité les Parlementaires à participer à un voyage d’étude à Tchernobyl, pour la commémoration des vingt-cinq ans de l’accident. Je me suis inscrit sans hésiter.
Devoir de mémoire: impossible de laisser tomber dans l’oubli cette catastrophe, les centaines de milliers de « liquidateurs » qui au détriment de leur santé, voire de leur vie, ont évité le pire.
Désir de m’imprégner de l’atmosphère de ce lieu où, après avoir été détruite par la radioactivité, la vie a repris.
Volonté d’entendre des responsables parler de ces événements et de leurs conséquences.
Lire des rapports, regarder des documentaires, c’est une chose. Se rendre sur place, dialoguer avec des témoins et des spécialistes, une autre.
Je constate qu’en Ukraine, presque tout le monde s’accorde sur le fait que les dysfonctionnements du système soviétique sont à l’origine de l’accident.
Par contre les opinions divergent quant à l’ampleur des conséquences sur la santé humaine. Le lobby nucléaire, et une partie des autorités, tendent à les minimiser. Il n’y aurait eu que quelques dizaines de morts, au plus quelques milliers. Des pédiatres, des oncologues et d’autres spécialistes s’irritent face à ce mensonge. Comment peut-on nier que la radioactivité dégagée par Tchernobyl a provoqué la mort de centaines de milliers de personnes dans le monde entier?
Une étude, publiée il y a une année dans les annales de l’Académie des sciences de New York (vol 1181), affirme que, entre 1986 et 2004, 985’000 décès dans le monde sont attribuables aux retombées de l’accident, et que 112’000 à 125’000 des 830’000 liquidateurs intervenus sur le site, sont morts…
J’aurai l’occasion de rapporter ce que j’ai entendu et vu à Slawutitsch, Tchernobyl et Kiev, en présentant des images tournées sur place, à la soirée « Tchernobyl » ce vendredi 29 dès 19h, à Lausanne, la Fraternité, 2 place Arlaud.
En tout cas aujourd’hui, suite aux avaries de Fukushima, personne ne peut nier l’existence d’un risque résiduel non négligeable, même pour les centrales nucléaires « occidentales ».
Des femmes et des hommes de tous bords affirment pour la première fois qu’il vaut mieux améliorer l’efficacité énergétique et développer les énergies renouvelables plutôt que de construire de nouvelles centrales nucléaires.
Des rapports marqués du sceau du secret et profondément enfouis parmi les classeurs fédéraux, qui mettent en évidences les défauts des centrales suisses, refont surface comme par miracle.
Et pourtant le lobby nucléaire ne désarme pas, il commence déjà à affirmer: Fukushima c’est un accident « japonais », impossible en Suisse.
Engageons-nous pour que demain on n’aie pas à dire: c’est un accident « helvétique », que voulez-vous, ils étaient tellement sûrs que rien ne pouvait arriver à leurs centrales, qu’ils n’ont pas su les arrêter à temps…
Christian van Singer, conseiller national, les VERTS
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