Taxer l’utilisation des graviers pour favoriser le recyclage et encourager un transfert modal de la route vers le rail

En Suisse, avec 11 millions de tonnes par an, le secteur de la construction produit quatre fois plus de déchets que l’ensemble des ménages (voir les statistiques déchets publiées par l’Office fédéral de l’environnement). Ne sont pas compris dans cette masse les quelque 50 millions de tonnes de matériaux d’excavation. Le poids (au sens propre) des constructions se mesure en milliards de tonnes. C’est dire si le recyclage des matériaux de construction représente un enjeu majeur du point de vue du développement durable.

Durant des millénaires, les Hommes ont recyclé tout ce qui pouvait l’être. C’est ainsi que les b tisseurs de l’Eglise de Grandson (XIIe siècle), récemment rénovée par l’Etat de Vaud, avaient récupéré des piliers romains en marbre (Ier siècle), sans qu’on sache l’usage qui en avait été fait durant le premier millénaire. Les poutres des planchers du b timent Perregaux édifié en 1803 pour le Grand Conseil étaient vieilles de 200 ans comme l’ont montré les analyse dendrochronologiques. Cependant, depuis la seconde moitié du XXe siècle, les ressources ont semblé si abondantes que les matériaux de démolition ont simplement été mis en décharge. Avec les problèmes environnementaux que l’on sait et qui n’ont pas fini de nous coûter très cher!

Depuis que j’ai créé le Bureau d’investigation sur le recyclage et la durabilité (BIRD), mais aussi depuis que je dirige le département des infrastructures, je me suis toujours engagé pour le développement des solutions de réemploi et de recyclage, particulièrement dans le secteur de la construction. Ainsi, la construction du centre d’entretien des routes nationales de Bursins a-t-elle permis pour la première fois dans notre canton de démontrer qu’il est possible de réaliser des éléments en béton à partir de béton de démolition (en l’occurrence celui de l’ancien centre construit en 1964). Les granulats de béton recyclé ont malheureusement coûté plus cher que les graviers que l’on peut extraire au pied du Jura. Surtout, le gravier est une ressource limitée (certains cantons suisses n’en ont tout simplement plus) et son épuisement n’est pas compatible avec la notion de développement durable. Je relance donc l’idée d’une taxe frappant l’utilisation des graviers “neufs” susceptible d’orienter les m tres d’ouvrage vers le béton recyclé dont la “ressource” peut être estimée à 25% de la demande. Compte tenu des nuisances (et oppositions) provoquées par le transport routier des graviers depuis le Pied du Jura vers l’Arc lémanique, je suggère que cette taxe d’orientation soit affectée à un soutien de l’Etat au transfert modal vers le rail (par exemple sur le BAM). Mais l’idée n’est pas forcément du goût de tout le monde…

2 réflexions au sujet de « Taxer l’utilisation des graviers pour favoriser le recyclage et encourager un transfert modal de la route vers le rail »

  1. Ping : François Marthaler » Blog Archive » 81,5% des graves et des bétons sont produits dans le canton de Vaud à  partir de matériaux non renouvelables… On peut faire mieux!

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