A propos marthaler

Ancien Conseiller d'Etat vaudois (Les Verts) Fondateur de why! open computing SA (ordinateurs durables sous GNU/Linux)

La Bonne Combine saura-t-elle renaître?

(source: 24 Heures du 11.05.2023, photo Patrick Martin)

En 2000, un moratoire a été décrété par le canton de Vaud pour éviter un développement urbain anarchique de l’Ouest lausannois. Dans la foulée, le Schéma directeur de l’Ouest lausannois (SDOL) a été lancé, avant même la création du district de l’Ouest lausannois, suite au nouveau découpage territorial. Vingt ans plus tard, les pelleteuses ont remplacé les crayons. Et ça ne fait que commencer… Lire la suite

Booster la réparation avec des pièces d’occasion

(Source: https://groupe-sds.fr/sds-market/, 28.05..2023)

Afin de réduire le coût des réparations et favoriser l’économie circulaire. le gouvernement français vient d’adopter une loi obligeant les réparateurs à proposer des pièces de rechange d’occasion (voir le Décret n° 2023-294 du 19 avril 2023). Sentant le vent tourner, nombre d’entreprises tentent de se faire une place sur ce marché de niche, à l’instar de Groupe SDS, qui, depuis presque 50 ans, distribue des pièces de rechange aux réparateurs du secteur électroménager et électronique de loisir et emploie quelque 120 personnes (voir https://groupe-sds.fr/qui-sommes-nous/).

L’entreprise SDS vient de créer une nouvelle plateforme permettant à ses clients professionnels de partager leurs stocks de pièces neuves et d’occasion avec leurs concurrents pour valoriser les “stocks dormants” (qui finiront, un jour ou l’autre, par être détruits faute de demande).

C’est exactement l’idée que je défends depuis au moins dix ans avec le projet de Bonne Combine 2.0 (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2016/la-bonne-combine-2-0-lidee-fait-son-chemin/). En effet, depuis 43 ans, La Bonne Combine stocke des milliers d’appareils et de pièces de rechange pour répondre à la demande de ses seuls clients dans la région lausannoise, alors que ces pièces pourraient intéresser des particuliers et des professionnels dans toute la Suisse.

Le contraste entre la France et la Suisse est saisissant. Pour l’heure, je tente de soutenir la révision de la Loi sur la protection de l’environnement qui va dans le sens de l’économie circulaire et qui devrait faire voler en éclat l’interdiction de récupérer des appareils et des pièces de rechange défendue par les gestionnaires de la taxe anticipée de recyclage que sont Swico et SENS, ainsi que la plupart des communes de Suisse (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2023/economie-circulaire-reparation-reemploi-prioritaires/).

Si, à l’évidence, la législation suisse évolue bien trop lentement et timidement selon moi, je m’interroge sur l’inflation législative en France, du point de vue de l’efficacité. Mes interrogations concernent notamment le détail des pièces détachées concernées, par exemple pour les vélos:

« 1° Bicyclettes, telles que définies à l’article 1er du décret n° 2016-364 du 29 mars 2016 fixant les exigences de sécurité concernant les bicyclettes :
« a) Roues ;
« b) Pédales ;
« c) Axes de pédalier ;
« d) Pédaliers ;
« e) Dérailleurs ;
« f) Chaînes ;
« g) Selles ;
« h) Porte-bagages ;
« i) Fourches ;
« j) Cassettes de pignons ou systèmes de changements de vitesses intégrés au moyeu ;
« k) Guidons ;
« l) Potences ;
« m) Amortisseurs de cadre ;
« 2° Bicyclettes à assistance électrique, telles que définies au 6.11 de l’article R. 311-1 du code de la route :
« a) Catégories de pièces mentionnées au 1° ci-dessus ;
« b) Moteurs ;
« c) Ecrans de contrôle ;
« d) Batteries ;
« e) Chargeurs ;
« f) Faisceaux électriques ;
« g) Capteurs et régulateurs de puissance et de vitesse ;
« h) Commandes ;

J’avoue ne pas avoir cherché à savoir quels sont les peines encourues par un réparateur qui ne proposerait pas à son client ou sa cliente une selle ou une batterie d’occasion. Je doute qu’il soit prévu que les réparateurs soient audités régulièrement pour vérifier qu’ils respectent ces nouvelles exigences légales. Et s’il fallait qu’une plainte soit déposée par un client, encore faudrait-il que ce dernier connaisse le détail de la loi et de ses décrets d’application. Autant dire que cela ressemble à un effet d’annonce de la part d’un gouvernement qui doit démontrer qu’il avance vite et fort (aussi) sur la transition écologique…

La bonne nouvelle, c’est que SDS ou des géants comme FNAC-Darty tentent d’anticiper ces “évolutions de société” et d’assurer leur part de marché sur ces nouveaux créneaux. Comme je le répète inlassablement depuis longtemps, nous serons sur le chemin du développement durable, lorsque les entreprises seront en compétition sur ces thèmes!

Le grand complot selon Jean-Dominique Michel

(Source: montage de deux news envoyé par Jean-Dominique Michel le 29.04.2023)

Au début de la pandémie de COVID-19, j’avais lu quelques commentaires critiques de Jean-Dominique Michel, par exemple au sujet des traitements proposés par le Dr Didier Raoult ou les statistiques de propagation du virus, généralement bien écrits et avec indication des sources. Depuis, je suis abonné à son fil Twitter et je reçois plusieurs messages par jour, de plus en plus virulent contre les experts, les journalistes, les politiciens, le CHUV et les HUG… tous pourris. Comme je me demandais à chaque fois de quoi vit cet “anthropologue de la santé” après avoir dégommé toutes les institutions qui lui ont confié des mandats par le passé. Voici mes réflexions au sujet de la réponse qu’il n’a pas tardé à m’adresser…

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Économie circulaire: réparation et réemploi prioritaires?

(Source: https://longuevieanosobjets.ch/)

Dans son communiqué du 27.03.2023, Greenpeace écrit ceci: La révision de la LPE (20.433) est essentielle pour permettre de disposer des bases légales nécessaires au développement d’une économie circulaire à large échelle en Suisse, qui favorise l’allongement de la durée de vie des objets du quotidien et préserve ainsi les ressources. Le partage, la réutilisation, la réparation, le reconditionnement et, en dernière instance, le recyclage, doivent occuper une place centrale dans la loi. Ne reste plus qu’à espérer que cela favorise la réparation et permette aux réparateurs comme La Bonne Combine de récupérer des appareils usagés pour les remettre en état ou des pièces (trop coûteuses ou introuvables) pour en réparer d’autres… Lire la suite

Les petites subventions font les grandes réparations

(Source: lausanne-repare.ch)

En France, depuis le 15 décembre 2022, il est possible de toucher un bonus réparation, qui peut se monter à 10 euros pour un grille-pain à 45 euros pour un ordinateur (voir le JT de France2 du 15.12.2022). Pour cela, il a fallu créer un fonds réparation, alimenté par les éco-organismes, comme Ecosystem ou Ecologic, donc finalement par les consommateurs (voir news de HOP du 15.12.2022). Ces éco-organismes sont l’équivalent de SWICO (informatique) et SENS (électroménager) en Suisse. Cependant les “contributions anticipées de recyclage” sont considérablement plus élevées chez nous et les importateurs qui les gèrent font tout pour empêcher la réparation, allant jusqu’à prévoir une amende conventionnelle de 100’000.- francs (SWICO) pour un point de collecte qui laisserait quelqu’un récupérer un appareil en vue de le réparer!!! Lire la suite

Que faire des pics de production photovoltaïque?

(Capture d’écran de l’app Huawei Fusionsolar du 10.11.2022)

Nous avons décidé de conserver la maison héritée de mon père en 2014 (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2018/vendre-louer-maison-espagne-4-ans-de-bataille/) et nous avons mis en service une installation photovoltaïque de 6,8 kWp (puissance de pointe), soit environ 32 m2, supposée fournir 8’700 kWh par an, soit un peu plus que la consommation annuelle. Depuis sa mise en service, le 18.10.2022, j’observe que l’installation ne produit plus rien lors des pics de production de la mi-journée… Lire la suite

Fake news à croix blanche

(Source: communiqué de presse de l’Office fédéral de l’énergie du 05.12.2022)

Un ami m’a envoyé le lien vers ce communiqué de presse de l’Office fédéral de l’énergie (OFEN) du 05.12.2022. En 2021, la Suisse comptait 49,3 millions de gros appareils électroménagers, d’appareils informatiques, de bureautique et d’électronique de loisirs en cours d’utilisation, soit 41,2% de plus qu’en 2002 (34,9 millions). Au total, leur consommation d’électricité s’élevait à 6,5 terawattheures (TWh), soit 11,2% de la consommation totale d’électricité en Suisse. Cela représente également 1,3 TWh ou 16,3% de moins qu’en 2002 (7,8 TWh). Youpie! On peut continuer! Lire la suite

Interdiction des véhicules thermiques en 2035: l’UE va plus loin que les jeunes Verts!

Range_Rover_Sport_SVR(Source: 24 Heures, 26.11.2015, publireportage sur la Range Rover Sport SVR, 17,4 l/100 km, voir mon article de blog du 01.12.2015)

J’ai parfois l’impression de croiser de plus en plus de gros 4×4, comme si le vibrant plaidoyer du rédacteur en chef de 24 Heures de 2015, Thierry Meyer, avait désinhiber de nombreux Vaudois et Vaudoises. Alors, quelques jours après l’ouverture de la COP27 sur le Climat, je ressens comme une provocation de la part de ces automobilistes! Sur ce, j’apprends que l’Union européenne a validé, il y a quinze jours, l’interdiction de tous les véhicules à moteurs thermiques d’ici 2035 (dans 12 ans!). Et soudain, je me remémore que les Jeunes Verts suisses avaient fini par retirer, en 2011, leur initiative anti-4×4, sur la base d’une promesse des chambres fédérales d’adopter un contre-projet visant à interdire, dès 2015, les véhicules à moteur émettant plus de 130 grammes de CO2 par kilomètre. Lire la suite

“Voulons-nous faire de la merde durable?”

(Source: Aurélien Barrau, France 5, 23.09.2018)

Mon ami Luc Recordon, ancien Conseiller aux États Vert vaudois, m’a envoyé le lien vers une conférence donnée le 13.09.2022 par Aurélien Barrau à l’invitation de Jean-Marc Jancovici, président de The Shift Project. J’ai écouté, hier soir, la conférence de l’astrophysicien que je ne connaissais pas… Alors que j’étais d’accord avec tout ce qu’il dénonce au sujet de la 5G, de l’intelligence artificielle, d’Elon Musk et de Starlink pour produire des publicités de mieux en mieux ciblées, … je suis resté sur ma faim. Lire la suite

Pourquoi n’a-t-on pas écouté les Verts, il y a 30 ans?

(Source: L’illustré du 05.10.2022 en ligne, interview réalisée par Philippe Clot)

– Un commentaire général devant cette Suisse et cette Europe qui se retrouvent en partie désemparées face aux conséquences de dépendance énergétique?

– François Marthaler: Je ne me réjouis pas, à titre personnel, de ce scénario. Mais il va au moins permettre de faire bouger les lignes. Cela fait plus de quarante ans que je répète, avec peu d’effets, le même plaidoyer en faveur d’une transition énergétique.

– Cette inertie nationale, continentale et même mondiale, c’est la faute aux lobbies des énergies fossiles et nucléaire? C’est presque un complot des milliardaires du pétrole et de l’uranium?– Je pense que c’est plus grave que ça! (Rires.) Il y a depuis toujours des gens à droite qui pensent que seul le secteur privé peut gérer la société de manière intelligente et que le secteur public ne fait que des âneries. Cette vision caricaturale est profondément ancrée. Je n’ai pas cessé, durant mes dix années au Conseil d’Etat, de répéter: «Regardez! J’ai une moitié de collaborateurs qui viennent du secteur privé et une moitié d’entre eux vont y retourner. Dès lors, pourquoi le secteur public ne ferait-il pas aussi bien que le privé? Pourquoi décider que seules les entreprises peuvent résoudre des enjeux vitaux comme celui de l’indispensable transition énergétique?» Nous voyons aujourd’hui où ce mépris du service public nous a menés.

– Il risque notamment de mener des centaines d’entreprises à la faillite face à des factures d’électricité parfois décuplées. Vous étiez d’ailleurs conseiller d’Etat en 2009, lors de la création de ce marché libre accessible aux gros consommateurs.
– Oui, et je m’y suis toujours opposé. En tant qu’économiste, je pense que c’est un non-sens. A plus forte raison en Suisse, où la plupart des fournisseurs d’énergie sont en mains publiques. On joue à quoi? On veut évoluer comme la France où l’Etat finit par devoir subventionner des entreprises et des particuliers pour les aider à supporter les charges tout en encaissant de l’autre main les bénéfices d’EDF? Cette libéralisation est un non-sens total! Il aurait fallu que les pouvoirs publics s’engagent résolument, il y a longtemps, dans la transition énergétique au lieu d’être guidés par des bénéfices à court terme.

– Quels conseils donneriez-vous aux particuliers qui risquent de leur côté de voir leur facture d’énergie bondir de 50%?
– C’est difficile de répondre à cette question en raison de l’extrême diversité des situations personnelles et régionales. Ce que je crois en revanche, c’est que si les factures des ménages devaient exploser, l’Etat ne coupera pas à l’obligation de mettre en place des boucliers tarifaires.

> Lire aussi: Approvisionnement en gaz: «La Suisse s’est comportée comme un enfant gâté»

– Dans ce pays majoritairement habité par des locataires, la maîtrise et le contrôle de sa propre consommation en chauffage par exemple n’est pas simple. C’est la démonstration que l’appel à la responsabilité individuelle a bon dos, non? 
– Seuls les bâtiments récents ont des compteurs de chauffage individuels, en effet. Je discutais déjà de cela, il y a des années, avec des professionnels de l’immobilier. Nous avions évoqué l’idée du «loyer chauffé», c’est-à-dire un loyer fixe qui intègre le coût du chauffage. Cette idée n’a jamais pris car elle n’est pas simple à mettre en œuvre. Mais avec ce concept, le bailleur aurait eu tout intérêt à assainir au maximum sa propriété et rentabiliser son investissement. Mais nous voici en 2022 avec un parc immobilier qui gaspille une énergie énorme, avec des conséquences peut-être tragiques pour certains locataires.

– Vous-même, dans quelle configuration énergétique habitez-vous?
– Je vis en copropriété avec des voisins dans une petite maison de deux logements. Et notre chauffage fonctionne au… gaz! (Rires.) Nous allons donc prendre une grosse claque! Mon premier réflexe a été de commander auprès de notre bûcheron quatre stères de bois avant que le prix n’explose. Car nous avons deux poêles suédois qui permettent de limiter l’usage du chauffage central. Je précise quand même que cette maison de 1930 n’avait à l’origine que des cheminées comme chauffage. Comme quoi, à l’époque, on pouvait passer l’hiver sans avoir recours à des énergies fossiles. Mais aujourd’hui, si toute l’agglomération lausannoise se chauffait au bois, l’air serait irrespirable.

– Pas d’autre énergie renouvelable dans votre maison?
– Si, des panneaux solaires thermiques, qui produisent une partie de l’eau chaude. Ils assurent quand même 7% de la consommation totale d’énergie de la maison. Et nous avons installé des fenêtres à triple vitrage. J’ai calculé que leur taux de retour sur investissement sera de 15 ans.

– L’approvisionnement en gaz peut bel et bien stopper d’un moment à l’autre?
– J’imagine que oui. Tout comme on avait du mal à réaliser ce qui était en train de se passer au début du covid, cette crise énergétique risque de nous valoir des surprises, des états de stupeur.

– Mais les conséquences les plus pénibles viendraient bel et bien d’une pénurie d’électricité?
– Oui, tout tomberait en panne. Y compris les panneaux solaires photovoltaïques. Se passer de gaz, c’est imaginable. Se passer d’électricité, c’est impensable.