Sans hésiter, je voterai oui à la caisse unique et sociale

L’initiative du mouvement populaire des familles pour une caisse unique d’assurance maladie – à laquelle les Verts ont largement contribué – s’est invitée aux élections cantonales vaudoises. Elle constitue un point d’ancrage permettant à tous les candidats de se positionner sur l’échiquier politique. Je ne ferai donc pas exception à la règle…

Pour faire simple, je relève que je suis toujours affilié à la caisse choisie par mon père voici un demi-siècle et je me suis toujours refusé à changer d’assureur, convaincu qu’un lien de confiance construit au fil des ans devrait valoir autant qu’une clause d’exclusion en petites lettres dans un contrat. C’est totalement naïf, mais je l’assume. Il faut encore préciser que la compagnie en question était à l’époque une “mutuelle” dont la t che statutaire était de répartir le risque tout au long de la vie et entre des assurés inégaux face à la maladie. Il était donc normal que, jeune et en bonne santé, je paie plus que ce que je coûte à l’assurance. Comme la grande majorité des habitants de ce pays, je continue à accepter de payer des primes supérieures à la prime la plus basse. Mon petit doigt me dit que si les assurés quittaient en masse leur compagnie pour celle qui offre la prime minimale, cette dernière ne tarderait pas à adapter ses primes à la hausse.

Mon collègue radical Pascal Broulis a fait, lui, le choix inverse: il s’oblige à changer de caisse chaque année, même s’il est assuré dans la moins chère. Pour stimuler la concurrence! Visiblement le surcroît de travail administratif ne lui pose pas de problème. Il faudra que je pense à lui demander ce qui se passerait si tous les assurés de la compagnie la plus chère quittaient celle-ci comme l’exigerait une “saine concurrence”. En poussant le raisonnement à l’extrême, on finirait par avoir tous les assurés dans la même caisse… unique!

Si les bons et les mauvais risques étaient uniformément répartis, les primes seraient d’ailleurs identiques, puisque le catalogue des prestations est le même et que leur coût ne dépend pas de la caisse qui les rembourse. Seule l’administration de l’assurance peut être rendue plus efficiente par l’aiguillon de la concurrence. J’ai cependant la conviction que si ces gains existent ici ou là, ils sont plus qu’anéantis par les coûts de publicité, de sélection des risques et d’administration des mutations.

Une caisse unique supprimerait ces coûts, permettrait certainement des économies d’échelle, éviterait en grande partie l’accumulation de réserves, fonds de compensation et autres systèmes de clearing financier, tout en simplifiant largement la vie des assurés. Surtout, elle serait transparente et sous le contrôle démocratique et politique des assurés, des pouvoirs publics et des prestataires de soin.

Reste la délicate question des primes “fixées en fonction de la capacité économique des assurés”. Personnellement je n’étais guère favorable à cet aspect de l’initiative. Cette fiscalisation du secteur de la santé ne va pas dans le sens d’une simplification souhaitable du système fiscal (plus il est simple et plus il devient difficile pour les riches “d’optimiser leur charge fiscale”). Je lui préférerais un renforcement de la fiscalité directe, couplé si besoin à un subventionnement accru des primes maladies. L’idéal serait bien entendu qu’une répartition plus équitable des revenus au sein de la société permette à chacun de vivre et de se soigner sans avoir recours à des aides publiques. Comme cet idéal est encore assez éloigné, j’estime que cette disposition doit être approuvée. D’autant que les Chambres fédérales auront toute latitude pour concrétiser ce principe dans la loi avec, je l’espère, le souci de la simplicité et de l’équité.

(voir aussi les commentaires de Jean-Daniel Delley et André Gavillet dans Domaine Public)

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