Aux antipodes de la fusion nucléaire: le photobioréacteur à hydrogène

Rohrreaktor Karlsruhe

(source http://www.mvm.uni-karlsruhe.de)

Mon attention a été attirée par un article paru dans le journal de la CVCI de mars 2010 qui signalait les recherches en cours à la HEIG d’Yverdon-le-Bains sur une algue unicellulaire – Chlamydomonas reinhardtii – capable de produire de l’hydrogène par photosynthèse. Sachant que les réacteurs expérimentaux ressemblent à une simple “tuyauterie” utilisant de l’eau et de la lumière, que la pile à hydrogène existe déjà (transformation directe en électricité) et que le moteur électrique est parfaitement m trisé, voilà qui fait rêver. Au contraire de la technologie nucléaire: dangereuse, nécessitant des investissements pharaoniques, dont l’extraction du combustible produit à elle seule des dégats considérables sur l’environnement, sans parler des déchets dont on ne saura probablement jamais qu’en faire.

Mais est-il bien raisonnable d’imaginer couvrir un part substancielle de notre consommation d’énergie avec le bioréacteur à hydrogène? Et si oui, à quelle échéance? Gr ce à une modification génétique de l’algue unicellulaire, Anastasios Melis (Berkeley University) a semble-t-il démontré qu’il était possible d’atteindre des rendements de 10% (du même ordre de grandeur que les cellules photovoltaïques) , en sorte qu’il suffirait d’une surface équivalente à l’Etat du Texas pour couvrir les besoins énergétiques actuels de la planète. Bien sûr, il ne s’agit-là que d’une image, puisque la production semble pouvoir être décentralisée dans des unités de proximité d’une puissance bien inférieure à celle d’une centrale nucléaire. Quant à la maturité technique, la HEIG-VD imagine un démonstrateur opérationnel d’ici 5 ans, alors que la fusion nucléaire ne semble pas pouvoir être m trisée avec 20 ou 30 ans.

Alors je suis très heureux que notre haute école d’ingénierie se lance sur cette piste prometteuse. Et je l’invite d’ores et déjà à réfléchir aux limites d’une telle production d’énergie à large échelle, afin d’éviter la désillusion des agrocarburants, c’est-à-dire en raisonnant sur l’ensemble du cycle de vie de cette production compte tenu de tous les intrants et extrants du processus. Sans oublier les impacts sur le paysage, les surfaces agricoles utiles, l’utilisation d’algues OGM et les risques inhérents à la manipulation d’hydrogène liquide.

Pour en savoir un peu plus: http://fr.wikipedia.org/wiki/Production_biologique_d%27hydrog%C3%A8ne_par_des_algues

Un des articles les plus référencés du spécialiste Anastasios Melis (en anglais): Green algae hydrogen production: progress, challenges and prospects, 188 Ko.

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