Le Parlement européen soutient l’idée d’une taxe Tobin

taxe Tobin

(source http://www.taurillon.org/Pour-une-taxe-tobin-dans-l-Union-europeenne)

A une très large majorité, le Parlement européen a adopté, le 8 mars dernier (voir http://www.france.attac.org/archives/spip.php?article12288), l’idée d’une taxation des transactions financières fondée sur l’idée du prix Nobel d’économie James Tobin (taxe Tobin). C’est l’occasion de rappeler que la proposition de Tobin ne concernait que les transactions sur devises avec l’objectif de freiner la spéculation sur les monnaies et les effets dévastateurs que celle-ci peut avoir sur les échanges commerciaux et donc sur l’économie réelle. Certes, les eurodéputés y voient aussi un moyen de doper le budget communautaire et le financement des grandes politiques structurelles. L’idée n’en est que meilleure!

Le principal argument avancé contre l’introduction d’une telle taxe est la “perte de compétitivité” des places financières du pays ou de la région qui l’introduirait de manière unilatérale. Encore faudrait-il qu’il existe une création de richesse! Certes, l’idéal serait de la concrétiser à l’échelle mondiale, mais elle est fondamentalement juste dans son principe et mérite donc d’être promue même à l’échelle européenne.

En principe, on n’achète une monnaie que pour règler un achat ou un investissement réalisé dans cette monnaie. Or, les volumes quotidiens d’achat et de vente de devises représentent plus de mille fois les échanges réels. Cela n’a aucun sens! Pourtant, il est possible à chacun de nous d’acheter et vendre sur les bourses en ligne jusqu’à 400 fois sa “mise de base” et de réaliser en quelques minutes ou quelques heures un profit (ou une perte!) colossal en terme relatif, alors même qu’aucune “richesse” n’a été créée. On parie sur des variations de taux de change de quelques 10e ou 100e de pourcent. Il s’agit donc d’un “jeu à somme nulle” et ce que gagnent les uns est perdu par les autres; comme au poker. Le problème résulte du fait que certains “joueurs”autour de la table sont des acteurs de l’économie réelle. Ainsi, le bénéfice de ceux qui spéculent, par exemple, sur le franc suisse est payé cash par les entreprises helvétiques condamnées à baisser leurs prix en francs suisses pour continuer à exporter.

Le système confine à l’absurde lorsque les bénéfices spéculatifs des agents financiers (en premier lieu les banques) construits sur du vent disparaissent comme lors de la crise de 2008 et que les Etats doivent intervenir massivement avec des moyens publics pour les sauver de la faillite (syndrome du “to big to fail”).

Reste à espérer que les ministres des finances de l’UE parviennent à se mettre d’accord pour créer les conditions pour éviter ces spéculations tout en améliorant les moyens d’action des pouvoirs publics et la stabilité de l’économie réelle.

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