Le musée des Beaux Arts sur les Bons Rails

halle-locomotives.jpg

Heureux dénouement que ce choix unanime du Conseil d’Etat vaudois pour le site des anciennes halles des locomotives de la gare de Lausanne pour y installer le nouveau Musée des Beaux Arts à Lausanne. Ce lieu figurait sans surprise parmi les deux premiers choix (sur onze) du groupe d’évaluation désigné par le gouvernement. L’idée était dans l’air depuis un certain temps déjà (voir 24 Heures du 28.09.06).

Le jour où les Vaudois refusaient le projet sur le site de Bellerive au bord du lac, les habitants du canton de St-Gall acceptaient un crédit de quelque 25 millions de francs pour installer un centre culturel dans la “Lokremise“, autrement dit, le dépôt des locomotives. Il est très intéressant de relever que, pour convaincre, le canton de St-Gall mettait surtout en exergue l’occasion de valoriser un b timent du patrimoine industriel au profit d’un développement de l’offre culturelle. Ce faisant, les promoteurs du projet additionnaient les voix des défenseurs du patrimoine et celles des amateurs d’arts, alors qu’avec le projet de MCBA à Bellerive ces sensibilités s’annullaient.

En tant que Ministre en charge des monuments historiques mais aussi des transports, le choix du Conseil d’Etat me réjouit tout particulièrement.

En note 2 à l’inventaire du patrimoine historique, les immenses espaces des halles CFF, avec leur éclairage zénital, se prêtent bien à une activité muséale. On imagine mal en effet une activité commerciale, du logement ou du parking. Développer un programme de musée est donc une façon de mettre en valeur cet élément du patrimoine culturel. On le sait, les Suisses aiment leurs chemins de fer et j’espère que ce lieu de mémoire continuera de parler aux gens et pourra, qui sait, attirer des visiteurs peu sensibles aux Beaux-Arts. Un défi que je souhaite lancer aux architectes…

Ce projet, dont le coût total est évalué à 80 millions de francs, se situe exactement dans la seule zone où une extension de la gare de Lausanne est pensable et à la sortie d’un nouveau passage sous-voie indispensable compte tenu de la croissance attendue des voyageurs (+80% d’ici 2020). Ces problèmes de capacité dans ce qu’on appelle le noeud ferroviaire de Lausanne sont bien connus et vont nécessiter des investissements qui se chiffrent en centaines de millions de francs, à commencer par la 4e voie Lausanne-Renens pour laquelle les gouvernements vaudois et genevois proposent un préfinancement à hauteur de 210 millions. La décision d’implanter le musée à cet endroit et de renpenser l’urbanisation de ce secteur pourrait bien servir de catalyseur à l’ensemble de ces travaux. Il est intéressant de noter que la nécessité d’allonger les quais jusqu’à 420 mètres vise à faire circuler des trains à deux étages de cette longueur afin d’offrir un surcroît de capacité sur la ligne Berne – Zurich! Ainsi, d’une certaine manière, l’installation du MCBA à la gare s’inscrit-elle dans une dynamique et à une échelle nationale. Voire internationale, si l’on songe aux millions de passagers du TGV et du Cisalpino qui ne manqueront pas d’apercevoir ce lieu d’exposition hors du commun en s’arrêtant à Lausanne. Là aussi, j’inviterai les architectes à réfléchir à la manière d’utiliser, au profit des Beaux-Arts, cet incroyable “espace publicitaire”. Lausanne? La gare avec la Musée des Beaux-Arts!

4 réflexions au sujet de « Le musée des Beaux Arts sur les Bons Rails »

  1. Les suites concernant ce MCBA seront interessantes… Quels sont les projets pour le développement de la gare de Lausanne?

    On parle de prolonger les quais ainsi que de créer 1 (2 par la suite) nouveau(x) passage sous-voies. Cette implantation du MCBA réduit encore plus l’espace déjà  inexistant pour agrandir cette gare.
    Il était un temps question de faire une gare souterraine également. Mais quid d’une deuxième vraie gare ailleurs dans la ville?

  2. Grounding? Quel drôle de nom!

    Ayant sous les yeux les plans d’extension de la gare de Lausanne (pour l’heure confidentiels), je peux vous affirmer que l’installation du Musée des Beaux-Arts n’en bloque pas cette autre réalisation. Au contraire, les synergies entre ces deux chantiers devraient accélérer les processus et probablement réduire les coûts pour la collectivité.

    Quant à  la gare souterraine, comme son nom l’indique, elle devra se situer en-dessous du métro m2 et donc bien en-dessous du MCBA.

    Merci de vous intéresser à  ces enjeux très importants pour l’avenir.

  3. Tout d’abord merci d’avoir pris le temps de me répondre.

    Je ne doute pas que le MCBA ne bloque pas l’extension. Mes intérrogations étaient à  propos de l’espace (in)disponible pour ajouter des quais.

    Concernant la gare souterraine, il semble donc que ce soit la solution privilégiée pour le moment alors. L’avantage serait au moins de pouvoir refaire une vraie station de métro plus grand et doubler les voies à  cet endroit.

    On parlait un temps de faire une vraie deuxième gare (souterraine?), à  l’emplacement du parking Montbenon. J’en conclu donc que cette solution est déjà  dépassée.

    Le temps presse, la gare de Malley ne sera prête que dans 5-6 ans, le RER aussi. D’ici là , la surcharge actuelle aura déjà  bien augmenté. Les voies de communications dans la région lausannoise ont un retard énormissime, que ce soit le rail ou les autoroutes. Pour les autoroutes, ils est maintenant trop tard et l’arc lémanique prendra le dernier train disponible à  défaut d’avoir su prendre les précédents.

    Il faut maintenant agir, bien et vite. C’est pourquoi cette première extension de la gare me semble une sorte de bricolage histoire de gagner du temps (un peu comme la 3ème voie-bande d’arrêt d’urgence de l’A1). Je suis étonné de voir l’état avancé des infrastructures ferroviaires et autoroutières lors de mes visites régulières en suisse-allemande, et pas que dans les grandes villes.
    Lorsque l’on voit le temps que prend la réalisation de telles infrastructures, il y a de quoi se faire du souci.

  4. Cher Monsieur,

    Je vous confirme que mes priorités vont aux solutions réalistes à  moyen terme, tout en maintenant une pression sur les CFF et la Confédération qui soit à  la hauteur des besoins et de l’urgence. Ces enjeux se chiffrent en centaines de millions de francs et il me semble bien excessif de parler de “bricolages”.

    Pour votre gouverne, les premières rames Flirt du futur RER vaudois circuleront comme promis cette année encore sur le réseau et la gare de Prilly-Malley sera en service dans le courant du premier semestre 2012, soit dans moins de 3 ans.

    Quant au projet de télégestion du trafic et d’utilisation de la bande d’arrêt d’urgence entre Lausanne et Morges, il s’agit d’une première suisse. J’en attends une diminution très sensible du temps de congestion du réseau pour un coût relativement modeste (CHF 35 mios). L’élargissement de l’autoroute à  deux fois trois voies en traversée de Morges n’avait aucune chance politique de se réaliser et le grand contournement de Morges, devisé à  CHF 3 milliards, ne dispose à  ce jour d’aucun financement et pourrait se réaliser au mieux d’ici 2030.

    Je puis vous assurer que le sentiment de frustration et la conviction que l’argent de la Confédération part principalement chez le voisin sont universels. Qu’il s’agisse du rail, de la route, de la recherche, de la santé ou de l’accueil des enfants, les besoins exprimés sont systématiquement 3-4 fois supérieurs aux moyens disponibles. La politique consiste à  arbitrer ces attentes et, je vous l’assure, ce n’est pas chose facile…

    Meilleures salutations.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *