Opération “carte grise” lors des pics de pollution: une mesure qui pourrait s’avérer très utile sur la durée

Le Conseil d’Etat vaudois a adopté le 20 décembre 2006 son plan de mesures temporaires en cas de pic de pollution aux particules fines. Outre les mesures coordonnées avec les autres cantons romands (80 km/h sur autoroute, interdiction des feux de plein air, etc.), il a adopté pour l’hiver 2006/2007 la mesure “carte grise” proposée par mon département et testée durant la semaine de la mobilité 2006.

On peut tirer un bilan positif de l’expérience conduite sur quatre jours en septembre dernier: environ 30’000 déplacements ont été effectuée avec une carte grise, 60% des personnes interrogées parmi un échantillon représentatif de la population vaudoise connaissaient cette offre originale et 90% d’entre elles estimaient que la mesure “carte grise” devrait être introduite en cas de pic de pollution.

Le canton de Vaud accuse un retard certain en matière de mobilité: la part des transports individuels motorisés (TIM) dans les déplacements domicile-travail y atteint 62%, contre 54% en moyenne nationale (recensement 2000 de la population). Mais le retard est encore plus criant lorsque l’on compare des agglomérations: Lausanne-Morges (50%). Zurich (40%), Berne (36%), B le (34%). La marge de progression estdonc très importante. La qualité de l’offre en transports publics explique certainement en partie cette différence. Mais j’ai la conviction qu’une part importante des automobilistes bénéficie d’une bonne desserte pour ses déplacements domicile-travail mais la conn t mal, voire l’ignore.

Durant les deux ans de travaux dans les tunnels de Glion, les CFF ont introduit deux trains supplémentaires aux heures de pointe sur l’axe Aigle-Lausanne. J’ai été frappé d’apprendre qu’ils n’ont pas désempli après la réouverture complète des tunnels. On a ainsi gagné environ 1000 usagers des TP et les deux trains supplémentaires sont pratiquement financés par les recettes voyageurs (sans accroissement des subventions publiques).

Lors d’événements de pollution très médiatisés, j’estime qu’en offrant la possibilité d’utiliser les TP avec une carte grise comme titre de transport, une partie des personnes bien desservies pourrait se laisser convaincre de les utiliser à long terme. Si la mesure contribue à juguler la pollution atmosphérique lors des pics, son principal bénéfice devrait se vérifier dans la durée.

Les usagers réguliers actuels sont-ils perdants? Au contraire, comme on l’a vu avec le chantier de Glion, de nouveaux clients permettent de financer des extensions de l’offre au profit de tous. Mais je ne souhaite pas pour autant que les épisodes de smog se multiplient. Chacun peut faire en sorte de les prévenir en adaptant son comportement de tous les jours.

18 réflexions au sujet de « Opération “carte grise” lors des pics de pollution: une mesure qui pourrait s’avérer très utile sur la durée »

  1. Monsieur Marthaler, je trouve votre idée de transports publics gratuits pour les possesseurs d’une carte grise séduisante. Pourtant, je la trouve inique puisqu’elle pénalise les gens sensibles à  l’environnement qui ont choisi délibérément de ne pas avoir de véhicule.

    Achetez une voiture pour bénéficier de transports publics gratuits !

    est-ce vraiment un slogan vert ?

  2. C’est en effet une critique déjà  émise. J’y réponds en rappelant que les utilisateurs des transports publics bénéficient tout au long de l’année d’une subvention publique d’environ 60%. Evidemment que personne n’achètera une voiture pour pouvoir circuler gratuitement sur les transports publics en cas de pics de pollution. En s’acquittant de la taxe automobile, on acquiert en quelque sorte le droit de circuler sur la voie publique. L’opération “carte grise” revient en somme à  transférer temporairement ce “droit” sur un autre mode de transport.

    Une idée mériterait peut-être la discussion: majorer la taxe auto pour que la carte grise offre un accès systématique aux transports publics. Le fait est que l’usager calcule ses frais marginaux (l’essence pour rouler) et qu’à  ce tarif il est souvent plus rationnel de prendre sa voiture. Si le coût marginal d’un déplacement en transports publics était nul, le choix ne serait alors plus déterminé que par le temps de parcours (souvent favorable aux TP).

    Je signale encore que le canton de Vaud a révisé sa loi sur la taxe automobile et offre un rabais de 50% pour les véhicules les moins polluants. Une sorte de subvention des automobilistes. Il s’agit pourtant d’une proposition des Verts…

  3. Cher Monsieur Marthaler,
    Cela tombe bien, je viens de décider de m’offrir une Prius plutôt que de renouveler mon abonnement général CFF. Merci.

  4. Bonsoir M. Marthaler,
    je suis vert dans les urnes mais encore autrement lorsque je lis que cette journée carte grise fait partie de votre bilan. L’anecdote fait-elle office de haut fait politique? A quand de véritables alternatives aux modes de transports urbains, une remorque TL à  vélos, un risckchaw électrique à  Fr.2.-, une politique favorisant la livraison gratuite des emplètes sur présentation d’un titre de transport public….?
    Osons tomber la cavate et imaginer quelques chose d’autre.

  5. Qui a parlé de “haut fait”? La planification du développement d’un véritable RER dans notre canton me semble moins anecdotique. Mais il ne faut tout de même pas minimiser les actions plus symboliques. L’opération “carte grise” durant la semaine de la mobilité a bénéficié d’une couverture médiatique telle que 60% des personnes interrogées la connaissaient et que 30’000 déplacements ont été effectués avec une “carte grise”. Les années précédentes, une grappe de convaincus – dont je faisais partie – tenaient des stands dans une rue fermée à  la circulation durant la journée “en ville sans ma voiture”. Sensibiliser la population aux problèmes de mobilité me semble aussi très important. Vos propositions intéressantes ne doivent pas convaincre que les politiques mais aussi des usagers potentiels. Il en va de même pour les géants de la distribution qui ne proposeront des services nouveaux que lorsque la clientèle sera réellement demandeuse (comme à  Zurich).
    Quant à  la cravatte, je vous rassure tout de suite en précisant qu’elle ne m’empêche pas de circuler principalement en vélo, d’observer et d’imaginer d’autres choses…

  6. Bonjour,

    Le Conseil d’Etat a en effet reconduit son plan de mesures contre le smog hivernal, y compris l’opération “carte grise” (voir http://www.vd.ch/fr/themes/environnement/air/poussieres-fines/plan-daction-cantonal/).

    On a frôlé les critères d’enclenchement de ces mesures à  la fin de la semaine dernière. Mais la bise, puis la pluie ont temporairement amélioré la situation. Bien sûr, je ne regrette pas qu’il n’ait pas été nécessaire de mettre en oeuvre les “grands moyens”. Personnellement, je mise surtout sur les mesures à  long terme: développement des TP, promotion des véhicules propres et des mobilités douces, meilleure coordination entre transports et aménagement du territoire, etc.

    Meilleures salutations.

  7. Bonjour,

    je profite de débat pour vous poser une question:
    Combien cela coutera-t-il de transporter son vélo sur le futur M2?
    En effet, vu la configuration de la ville, il fera un magnifique “remonte pente” à  vélo. Mais si cela doit passer par comme actuellement sur le réseau TL par un deuxième billet plein prix, j’ai bien peur que moi et d’autre y renoncions…

    Meilleures salutations à  tous.

  8. Il n’est malheureusement pas prévu d’offrir la gratuité pour les vélos. La principale raison en est qu’un vélo prend en réalité plus de place qu’une personne seule. Sauf si on utilise un vélo pliable (type Brompton) qui compte alors comme une valise (gratuite).

    Un internaute lausannois m’a proposé un abonnement annuel bon marché (genre 20-30,. francs par an) donnant droit à  prendre son vélo gratuitement à  bord. J’ai demandé aux tl d’étudier la chose.

    Il n’en reste pas moins que le coût du m2 – comme de tout système de transport – se définit en fonction de la demande à  l’heure de pointe. Dans ces plages horaires, le m2 sera très certainement saturé et les vélos n’y seront pas acceptés.

    Pour ma part, j’ai pris une seule fois la Ficelle de Ouchy au Flon. J’ai ressenti une telle gêne dans l’ascenseur où je prenais la place de 3-4 personnes que j’ai décidé d’assumer et… de pédaler. Je ne m’en porte pas plus mal.

    Une idée folle continue de me faire rêver: équiper les bus d’une sorte de “queue d’éléphant” suspendue à  1 mètre du sol et à  laquelle les cyclistes pourraient s’accrocher pour se laisser tirer. Ce serait probablement une attraction mondiale. Mais je doute fort que l’Office fédéral des transports l’accepte pour des raisons de sécurité. Dommage!

  9. @ F. Marthaler : merci pour l’info, à  force de chercher, j’ai passé 100 fois devant le lien sans le voir.
    Si je partage votre soulagement avec l’heureux dénouement de l’épisode “particules fines”, je suis malheureusement un peu plus pessimiste en ce qui concerne l’efficacité de mesures “carottes” seules pour inciter les automobilistes à  laisser un peu de côté leur sacro-saint véhicule.

    @Luc : pour information, Elena Torriani, conseillère communale lausannoise POP a déposé un postulat en décembre 2007 intitulé “gratuité du transport des vélos dans le futur m2 et dans l’actuel m1”.
    Le rapport de la commission devant étudier ce postulat devrait bientôt être disponible… Et je le soutiendrai, même malgré que je me déplace avec un vélo de feignasse (vive Wattworld) 😉

  10. Pour être complet, il faut rappeler que la carotte s’accompagne du b ton… En effet, les mesures urgentes comprennent une limitation à  80 km/h sur l’autoroute. Il est aussi prévu que les véhicules les plus polluants puissent être interdits dans certaines zones. Mais il faut pour cela qu’existe une “étiquette environnement” qualifiant tous les véhicules en circulation (prévu en 2010).

    Je serais intéressé de connaître le sort réservé par le Conseil communal de Lausanne au postulat Torriani.

  11. Cher Monsieur Marthaler, je suis heureux d’apprendre que vous assumez vos penchant pour le vélo. Malgré cela, je me permet de vous faire remarquer que le prix de 2 billets TL est supérieur aux frais occasionnés par un déplacement en voiture dans le grand Lausanne. A ce tarif tout incitation disparait. Personnellement je peux me permettre la gêne dans le métro, mais pas d’arriver transpirant à  un rdv après un trajet Bel-Air- Sallaz au mois de Juillet. Quand à  la saturation projetée du M2 aux heures de pointes, elle met (si elle est réelle, ce dont je ne suis pas sûr) en lumière le manque de vision d’avenir de nos politiciens.
    Pour terminer, vos rêves de queue d’éléphant (sans jeux de mots), à  l’heure ou les Lausannois ont du subir 2 semaines à  des taux de particules fines astronomiques, semblent bien puériles. L’heure est grave Monsieur Marthaler, l’heure est aux décisions énergiques, c’est cela que vos administré demandent, pas des rêveries inapplicables. Je pense les Lausannois prêt à  soutenir des mesures fortes, à  la fois symboliquement et pratiquement. Je trouve que l’occasion est bonne pour faire avancer les nouvelles formes de mobilités, pour obliger les automobilistes à  marcher. Au lieux de cela j’entends le silence assourdissant de nos édiles, écologistes compris…hélas.

  12. Cher Monsieur,

    Quelques commentaires en vrac en réponse à  vos propos à  l’emporte-pièce.
    – De manière générale, le coût du kilomètre en transports publics se situe en dessous de 20 centimes contre 70 pour une voiture. Il me semble que, même avec un ticket supplémentaire pour le vélo pour l’un des deux trajets aller-retour, l’incitation économique subsiste. D’autant plus si l’on tient compte des frais de parcage.
    – Pour vous rendre à  une séance à  La Sallaz en juillet (à  l’heure de pointe), il est aussi possible de prendre le m2 à  l’aller comme au retour, plutôt que d’exiger de pouvoir à  tout moment embarquer un vélo à  la montée. Il serait difficile de justifier l’acquisition de nouvelles rames pleines de cyclistes et de vélos à  la montée et vides à  la descente. Même d’un point de vue énergétique, la justification serait diffcile à  établir.
    – A propos du “silence assourdissant des édiles”, je me permets de vous rappeler les importants programmes de développement des transports publics et des mobilités douces. M2, réseau cyclable inscrit dans le PALM (CHF 160 mios!), axes forts de TP, développement du RER, rénovation des chemins de fer régionaux (crédit cadre de 170 mios), etc. J’affirme que jamais jusqu’ici notre canton n’a tant investi dans le sens d’une mobilité durable. Qui plus est dans une perspective de long terme (voir la “stratégie des transports publics à  l’horizon 2020”).

    Je vous invite à  visiter ce blog qui expose chacun de ces projets. J’espère que vous en tirerez une impression plus positive de l’action de l’Etat dans ces domaines.

  13. En direct du conseil communal :
    Intervention de U. Doepper (ATE), qui souligne que les TL proposent “à  bien plaire” de pouvoir embarquer des vélo dans les bus. En demandant la gratuité, la postulante soutient l’avenir et le développement de la pratique du vélo à  Lausanne.
    LausannEnsemble ne soutient pas car les TL ne veulent pas servir de “remonte-pente à  vélo”.
    L’UDC avance le coût de la gratuité.
    La postulante relève que ce coût resterait minime.
    L’abonnement général vélo n’est pas valable sur Mobilis, ce qui devrait être discuté selon F. Germond.
    Le vote est divisé gauche /droite, donc le postulat est renvoyé à  la Municipalité. En espérant qu’elle n’en fasse pas des choux et des p tés…

  14. Bonjour,

    Merci pour ces informations en live! Je veillerai à  ce que la Municipalité en fasse plutôt vos choux gras…

    NB: Pour participer à  l’action bike to work (voir http://www.biketowork.ch/fr.html) au mois de juin – et à  laquelle le Conseil d’Etat a décidé d’inscrire toute l’administration cantonale vaudoise – il est possible de combiner vélo et transports publics. Mais je ne suis pas sûr que cela comprenne les déplacements effectués avec le vélo dans le bus… 😉

  15. Bonjour, je souhaite savoir si la ville de Lausanne (ou autre) subventionne l’achat d’un vélo pliable brompton. Merci et bonne journée, Yvonne Annen

  16. Bonjour,

    J’ai eu l’occasion d’essayer un de ces petits bijoux Brompton. Malheureusement, seuls l’achat de vélos électriques est soutenu par les services électriques de plusieurs communes, ces subventions étant le plus souvent alimentées par une taxe spéciale sur l’électricité. On pourrait bien sûr imaginer une taxe sur les graisses alimentaires pour subventionner l’acquisition de vélos à  traction musculaire…

    Cela dit, le vélo pliable Brompton devrait en principe être accepté comme bagage à  main dans les transports publics, ce qui correspond à  une “subvention publique” assez importante si on la calcule sur la durée de vie de cet engin plutôt indestructible!

    A titre personnel, j’achèterais volontiers un tel vélo juste pour le plaisir de posséder un bel objet, bien plus que parce qu’il bénéficie d’une aide financière ou encore qu’il permet de maintenir des emplois dans un domaine en phase avec le développement durable…

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