Le commerce des droits d’émission de CO2 contredit le projet de “société à 2000 W”

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Licencié en sciences économiques, je comprends bien l’idée qu’il est plus efficace d’investir pour la réduction des émissions de CO2 là où les potentiels d’optimisation sont les plus grands, c’est-à-dire dans les pays dits “émergents”. La Fondation centime climatique et le SECO se sont fait les chantres de cette approche et considèrent comme une sorte de gaspillage l’idée de prendre des mesures de réduction des émissions en Suisse.

A l’opposé, le concept de “société à 2000 W”, proposé par le Conseil des EPF, postule que les pays industrialisés réduisent fortement leur consommation d’énergie fossile (12000 W aux USA, 6000 W en Europe et 5000 W en Suisse) pour permettre aux pays pauvres d’accroître la leur sans augmenter la moyenne mondiale qui est évaluée à… 2000 W.

Au fond, le premier modèle vise à freiner l’accroissement de la consommation des pays émergents, alors que le second affirme qu’il est possible de mieux partager les ressources énergétiques. Très clairement, la société à 2000 W ne sera pas concrétisée aussi longtemps qu’une partie de la population mondiale prétendra continuer à consommer 6000 W et plus. Ce projet est définitivement incompatible avec le commerce des droits d’émission de CO2.

Mais il y a plus grave. Il s’avère que le marché des droits d’émission peut conduire dans bien des cas à une augmentation globale des rejets de gaz à effet de serre. L’exemple de l’incinération très lucrative des HFC23 (sous-produit de la fabrication des gaz réfrigérants encore autorisée en Inde) est édifiant. Le marché stimule la production de gaz à effet de serre puisque leur destruction devient très rentable! Voir à ce sujet l’excellent résumé de Chaïm Nissim dans Domaine Public.

La Vie Economique (publiée par le SECO) de septembre 2007 consacre même un article assez critique à cette question: la-vie-economique-0907.pdf

Je ne crois pas être doctrinaire au point de rejeter l’idée d’utiliser les leviers du marché pour concrétiser plus rapidement les objectifs d’une politique climatique compatible avec le développement durable. Mais il est à craindre que le commerce des droits d’émission de CO2 conduise plus rapidement à l’enrichissement d’une minorité qu’à la m trise durable du climat. Et cela en vertu d’un vieux constat: les mécanismes de marché ne sont efficaces que si les agents économiques disposent tous de la même information. En l’occurence, la tonne de CO2 non-produite n’est souvent qu’une abstraction, un écran de non-fumée.

2 réflexions au sujet de « Le commerce des droits d’émission de CO2 contredit le projet de “société à 2000 W” »

  1. Le MagneGas permet de réduire les émissions de CO2, à  raison de :
    3 fois par rapport à  celles du gaz naturel
    2 fois par rapport à  celles de l’essence
    sans avoir utilisé de catalyseur.

    Mais où puis-je trouver la valeur des droits Kyoto si l’on vend ce gaz à  un tiers industriel, car il est donc sensé penser que l’application de ce gaz lui permettra de revendre ses propres droits?

  2. Evidemment que la combustion d’un carburant qui n’est pas un hydrocarbure produit moins de CO2. On apprend que MagneGas est composé à  65% d’hydrogène et à  35% d’oxygène. En fait, sa combustion ne devrait produire que de l’eau. Je me pose cependant la question de savoir si ce mélange est bien stable (j’ai encore en mémoire la petite expérience de chimie en première année de gymnase…).

    Plus sérieusement, et pour en revenir à  l’énergie grise, je n’ai pas trouvé sur le site le coût énergétique de recyclage des déchets par un arc à  plasma (électricité produite par une génératrice diesel dans la version mobile). C’est probablement pour cette raison que la technologie Magnegas ne s’est pas imposée à  l’échelle planétaire comme la solution à  tous nos soucis.

    Quant aux droits d’émission échangeables, je crains fort que MagneGas doive en acheter plus qu’elle ne pourrait en vendre, attendu que sa technologie de recyclage est probablement plus énergivore que d’autres traitements similaires.

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