Mobilité individuelle motorisée: “bien précieux” ou facteur de coût?

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Le service information du Centre Patronal vaudois du 3 juillet 2007 chante les louages de la Fondation Centime Climatique qui, en finançant (majoritairement) des projets de réduction des émissions de CO2 dans les pays en développement, pourrait nous permettre de limiter sévèrement les efforts à consentir en Suisse. C’est aussi une occasion pour les patrons vaudois de rappeler les “doutes qui pl nent sur les théories relatives aux changements climatiques” et de mettre en garde contre “une idéologie prônant avant tout la limitation de la mobilité et de la liberté”.

La conclusion de l’article me laisse pantois… “La mobilité est un bien précieux auquel personne ne veut renoncer, au point que l’on préfère payer davantage plutôt que de moins se déplacer: les taxes alimentent les circuits financiers de l’Etat plus qu’elles ne changent les comportements.” Cette phrase mérite une rapide analyse de texte, un éclairage politique et un questionnement philosophique…

Ethnocentrisme. Curieusement, ce bien qu’est la mobilité est d’autant plus précieux qu’on a les moyens de se l’offrir. Il est ainsi heureux qu’il le soit moins aux yeux des plus démunis à qui l’on va pouvoir acheter des crans supplémentaires à la ceinture énergétique! Unimodalité. Il semble aller de soi que les transports publics n’entrent pas dans la catégorie “mobilité” et qu’ils constituent un bien “commun” tout sauf précieux.

Le recours aux “instruments de marché” plutôt qu’aux règlementations contraignantes est une vieille revendication de la droite économique. Ce sont ces mêmes milieux qui ont exigé que le produit de la taxe sur le CO2 soit intégralement redistribué aux ménages et à l’économie via les assurances maladies et les cotisations sociales. Cette garantie inscrite dans la loi empêche que la taxe “alimente les circuits financiers de l’Etat”. Ce sont toujours les mêmes qui ont préféré le “centime climatique” à la taxe CO2 sur les carburants. Cette dernière alimente bien les circuits financiers, mais cette fois du secteur privé. Il n’est bien évidemment pas nécessaire de démontrer en quoi cela est bien plus performant! A ce sujet, on aurait pu insister sur le fait que le centime climatique n’induit bel et bien aucun changement de comportement. La mobilité et la liberté sont ainsi préservées, sans que ce centime ne fasse même que transiter par les caisses publiques.

Mais ce qui me frappe le plus dans ce discours idéologique d’arrière salle de bistrot, c’est qu’on ne remette pas en question l’idée selon laquelle la mobilité est un bien plutôt qu’un facteur de coût. Sans même parler du coût économique considérable que représente la congestion des voies de communication à laquelle conduit le culte de la voiture, la tendance qui pousse toujours plus de gens à faire toujours plus de kilomètres en consacrant toujours plus de temps improductif dans une voiture m’amène à considérer la mobilité plutôt comme un facteur de coût. C’est une évidence pour les transports de marchandises ou les déplacement professionnels. Restent les déplacements pour le loisir. Mais là, le bien économique à considérer est certainement le loisir lui-même – auquel on peut accéder plus près de chez soi ou en transports publics – plutôt que le temps consacré pour s’y rendre. Mis à part les promenades du dimanche en voiture et le “tuning”, il faut voir les transports individuels motorisés comme un facteur de coût et pas comme un bien économique en soi.

J’ouvre volontiers le dialogue avec les “économistes” du Centre Patronal Vaudois…

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