Statistiques 2005 des transports: les faits sont têtus!

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Le Service d’information pour les transports publics (LITRA) vient de publier ses statistiques 2006 (données 2005). Quelques chiffres ne manquent pas de retenir l’attention. A commencer par l’équilibre confirmé dans les investissements consentis pour la route et pour les transports publics (principalement les chemins de fer), après de nombreuses décennies durant lesquelles les transports individuels motorisés (TIM) ont reçu deux à quatre fois plus.

Cette réalité historique se traduit par une répartition très déséquilibrée entre les modes de transport: environ 80% pour la voiture, 20% pour les transports collectifs (y compris 2,8% pour l’avion) si l’on prend en considération les kilomètres parcourus autrement qu’à pied ou en vélo (voir graphique). Le tableau est approximativement le même en ce qui concerne les marchandises (voir graphique)

Certes, ces dernières années, la part des transports publics progresse à peu près au même rythme que l’offre, soit quelque chose de l’ordre de grandeur de 1 point de pourcent par an. Sachant qu’on a consenti des investissements totaux de 4,5 milliards de francs en 2005, on peut évaluer l’effet sur la répartition modale des 5 mias que le Conseil fédéral propose d’investir dans le rail (projet ZEB) d’ici à 2030…

On découvre aussi sans surprise que les ménages suisses dépensent environ 1,4% de leur revenu pour les transports publics, contre 6,5% pour la voiture (plus du quadruple) et 2,1% pour… les télécommunications (malgré une offre pléthorique de natels à CHF 0.-).

Ces chiffres n’étonnent guère. Mais on est surpris par une donnée: l’évolution des prix depuis 1977 (voir graphique). En trente ans, les revenus nominaux ont été multipliés par 2,28, le prix des transports publics (CFF) par 2,16 et celui des carburants par 1,89. En d’autres termes, si l’essence à la pompe avait suivi le renchérissement des prix dans le secteur des transports publics, on payerait le litre 25 centimes de plus. Une hausse supérieure à ce qu’aurait coûté la taxe CO2 sur les carburants! Une taxe combattue avec acharnement et succès par l’Union pétrolière et dont il convient de rappeler qu’elle serait entièrement restituée aux ménages et aux entreprises via les assurances sociales. Au juste, quelle a été sur la même période l’évolution des tarifs de télécommunication liée à l’explosion de la téléphonie mobile? Et a-t-on vu EconomieSuisse monter au créneau pour dénoncer cette ponction du pouvoir d’achat des ménages?

2 réflexions au sujet de « Statistiques 2005 des transports: les faits sont têtus! »

  1. Le contenu de votre blog est très intéressant.

    Pour ce qui concerne cet article, je doute qu’une taxe, qui égaliserait le prix de l’essence à  celui de nos voisins, ait le moindre effet sur le comportement de la population. Je ne comprends pas la logique d’une taxe dont les revenus sont distribués pour des prestations sociales. C’est une TVA détournée. Si les concepteurs de cette taxe attendent que les gens en Suisse ne prennent pas la voiture parce que l’essence est chère, ils se trompent. Dans des pays comme la Grèce, le Portugal, l’Irlande, le pouvoir d’achat est moins que la moitié de celui de la Suisse et l’essence est plus chère.Ceci n’empêche pas la population de ces pays d’utiliser la voiture, encore plus qu’en Suisse. Je ne suis pas contre une taxe. Au contraire, je serais pour, si l’entier de ses revenus étaient investis pour augmenter l’offre et l’attractivité des transports publics. Vous les dites dans votre article, l’utilisation des TP suit l’augmentation de l’offre. De plus, une telle pratique serait encore plus sociale que de verser le revenus comme avec l’arrosoir dans les prestations sociales. On sait bien que ceux qui prennent les transports publics sont les jeunes et les moins riches. Soutenir les TP c’est soutenir cette tranche de la population, tout en attirant efficacement plus de clients.

    Je profite de ce message pour vous exprimer mon soutien à  votre idée d’un centre au Palais de Rumine qui expose le problème du changement climatique et les avancées scientifiques pour le comprendre et le contrer. Je trouve cette idée superbe pour 1000 raisons. Et je vous assure que je ne suis pas le seul à  avoir cette opinion. J’espère qu’elle sera réalisée.

  2. Je partage entièrement votre point de vue. Je me suis d’ailleurs battu à  l’époque pour le 3xoui aux initiatives des Verts en faveur des taxes sur l’énergie. La proposition d’une taxe sur le CO2, dont le produit serait entièrement redistribué, émane des milieux économiques. Il s’agissait de frapper d’une taxe non pas l’énergie mais les émissions polluantes (ce qui revient à  exonérer le nucléaire et l’hydraulique). Mais il fallait aussi éviter à  tout prix que l’Etat ne dispose de moyens nouveaux et n’étende son empire sur la sphère (de l’économie) privée. Aujourd’hui, ces mêmes milieux combattent bec et ongles ce principe en réduisant le niveau de la taxe à  son plus bas niveau (CHF 20.-/t, alors que le plafond est fixé par la loi à  CHF 210.-/t) et en évitant de l’appliquer sur les carburants.

    Cela dit, il vaut toujours mieux une taxe redistribuée et respectant l’exigence d’une quote-part stable de l’Etat que pas de taxe du tout. Bon nombre d’assurances sociales étant perçues en proportion de la masse salariale, cela revient à  décharger le travail (que l’on souhaite voir croître) en chargeant les émissions polluantes (que l’on aimerait réduire). C’est l’idée qui sous-tend la “réforme fiscale écologique” et son “triple dividende”: moins de pollution, plus d’emploi et stimulation de la recherche dans les domaines d’avenir.

    Ne croyez pas que les transports publics n’intéressent que les jeunes et les bas revenus. Le Directeur général de la BNS, M. Jean-Pierre Roth, me confiait aujourd’hui qu’il est devenu un inconditionnel des transports publics, qui sont si performants dans notre pays. Il relevait que sur ses 450 collaboratrices et collaborateurs de Zurich, aucun pratiquement ne se rend au travail en voiture. D’ailleurs, il n’y aurait que 2 places de parc pour les collaborateurs de la BNS à  Zurich (dont une qui lui est réservée). Mais il est vrai que les mentalités ne sont pas les mêmes dans la capitale financière de la Suisse qu’en Romandie. La voiture n’y est plus le principal signe extérieur de richesse, alors que la performance des transports publics constitue un sujet de fierté et… une manière de récupérer “en nature” une partie des impôts que l’on paie, puisqu’ils sont subventionnés à  60% par les pouvoirs publics.

    En conclusion, les aspects psychologiques pèsent probablement plus lourd dans nos choix individuels que les prix relatifs. Mais ce constat ne devrait pas empêcher les collectivités publiques de délivrer des messages cohérents. L’augmentation des prix des carburants en est un. L’accroissement des investissements ferroviaires en est un autre.

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