En Allemagne, une fronde de libéraux et conservateurs voulait réduire de 30% la rémunération garantie pour l’électricité d’origine solaire. Le raisonnement économique – donc à courte vue – consistait à observer que le photovoltaïque absorbe 20% des aides aux énergies renouvelables alors qu’il ne produit que 0,4% de l’électricité. Le gouvernement – de centre droite – maintiendra cependant un important subventionnement à cette forme d’énergie, car il prend aussi en compte ce que l’on appele parfois le deuxième et le troisième dividende.Création d’emplois et innovation technologique sont en effet au rendez-vous. Le chiffre d’affaires de l’énergie solaire a passé de 1,6 à 5,7 milliards d’euros en 3 ans. A eux seuls, les producteurs de panneaux solaires emploient actuellement plus de 100’000 personnes contre 17’000 il y a seulement trois ans, dont la plupart dans les Länder de l’Est où le chômage reste chroniquement élevé. Dans le même temps, l’Allemagne est devenu l’un des pays les plus innovants dans le domaine des énergies renouvelables. C’est bon pour ses exportations et cela contribue à réduire le coût de production de l’énergie photovoltaïque.
Certes, cette énergie demeure très chère. Mais le prix des énergies traditionnelles s’envole. Avec un baril de pétrole qui a franchi hier la barre des 150 $ et qui pourrait bien atteindre les 200 $ avant la fin de cette année, le temps n’est peut-être pas si éloigné où le photovoltaïque sera compétitif et pourra se passer de subventions. Rajoutez-y une montée rapide des cours pour les certificats d’émission de CO2 faisant suite aux décisions qui devront être prises à l’échéance du Protocole de Kyoto (2012) et vous serez convaincus du choix audacieux fait par les Allemands.
Et il ne faudrait pas attendre notre salut du nucléaire! Si tous les projets de centrales nucléaires se concrétisent (plus d’une centaine dans le monde), la demande d’uranium atteindrait en 2030 entre 94’000 et 122’000 tonnes par an contre 40’000 actuellement (dont 40% proviennent du recyclage d’uranium militaire, une filière en voie de tarissement). Au rythme actuel de consommation, l’Agence pour l’énergie nucléaire de l’OCDE affirme que les réserves sont suffisantes pour un siècle. Mais si la production triple, alors les réserves seront épuisées d’ici 2040. Et ceci sans parler du prix du combustible qui a déjà décuplé en cinq ans.
Malheureusement, la Suisse n’entend pas faire le même pari que l’Allemagne. Les aides au photovoltaïque ne représenteront que 5% des 320 millions de francs alloués aux énergies renouvelables (10 à 20 fois moins que les demandes déposées auprès de Swissgrid) et deux projets de centrales nucléaires viennent d’être présentés.
Il ne manquerait plus que notre pays décide d’investir à l’étranger dans la production d’électricité à partir de charbon, comme vient de l’annoncer le groupe E de Fribourg! A ce sujet, on peut noter que des citoyens se mobilisent: http://www.nonaucharbon.ch/. Bravo!
Cher Monsieur,
Selon moi, il faudrait que les entreprises spécialisées dans la production et la distribution d’électricité pensent à utiliser un peu plus les énergies renouvelables et qu’elles proposent à leurs clients d’acheter du courant produit à partir de panneaux solaires ou d’éoliennes. Il y a déjà certaines entreprises qui le font mais pour l’instant ce type de prestations sont peu nombreuses et peu connues du grand public. Ces entreprises devraient aussi investir dans l’amélioration de ces panneaux solaires afin de les rendre plus performants et plus attractifs.
Les agences immobilières ne proposent pas encore des maisons équipées de panneaux solaires ce qui à mon sens est dommage et témoigne du manque d’intérêt pour l’énergie solaire.
Pourtant, il faut environ une dizaine voir une quinzaine d’années pour amortir des panneaux solaires. Le prix est un des facteurs qui freine l’acquisition d’installations solaires par des particuliers.
Pourquoi ne pas émettre des obligations qui seraient émises par l’état et qui permettrait d’aider les personnes voulant acheter des panneaux solaires ?
Bonjour,
L’Etat de Vaud encourage le recours aux énergies renouvelables (avec le soutien financier de la Confédération): http://www.vd.ch/fr/themes/environnement/energie/subventions/
En ce qui concerne les panneaux solaires pour la préparation d’eau chaude sanitaire, c’est même devenu une obligation fixée par la Loi cantonale sur l’énergie, suite à un amendements défendu par les Verts (voir art. 28 de la loi sur http://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/environnement/energie/fichiers_pdf/LCEne.pdf )
Comme la loi fédérale postule la garantie de rachat de l’énergie photovoltaïque au prix de revient, il n’existe plus d’aide pour ce type d’installation. Ne reste plus donc qu’à faire respecter ce postulat…
Cher Monsieur,
Je pense que ce soutien financier est un bon moyen pour encourager les gens à recourir aux énergies renouvelables et en particulier à l’énergie solaire.
Il me semble qu’à l’heure actuelle, il n’existe pas de crédits destinés aux entreprises qui souhaiteraient produire des pompes à chaleur ou des panneaux solaires par exemple. Il faudrait donc allouer à ce genre d’entreprise des prêts qui leur permettraient de se développer afin que la Suisse puisse rester concurrentiel face à d’autres pays comme l’Allemagne qui est très avancée dans le domaine des énergies renouvelables. Ce type de prêt va sans doute favoriser la reconversion des entreprises spécialisées dans le chauffage au mazout afin qu’elles s’intéressent un peu plus aux énergies dites “vertes”.
Si le nombre d’entreprises spécialisées dans les énergies respectueuses de l’environnement augmentent, le prix des énergies renouvelables va baisser, donc les installation solaires deviendront très attractives. Ceci va permettre de se débarrasser du mazout et de contribuer à la réduction de notre consommation de pétrole.
Bonjour,
Par son service de l’économie (SELT), le canton accorde des aides et des cautionnements aux entreprises de ce canton qui se développent dans certains secteurs de pointe, dont les technologies environnementales font clairement partie. La nouvelle loi sur l’aide au développement économique (LADE) stipule d’ailleurs à son article 2 que “l’Etat s’assure que les principes du développement durables sont respectés” (reprise d’une disposition introduite dans l’ancienne loi sur la promotion économique par le député… Marthaler). Voir http://www.vd.ch/fr/themes/economie/developpement-economique/promotion-economique/prestations/
Il faut bien admettre que ces aides ont un effet très limité en regard de la stimulation de l’offre qui existe en Allemagne en raison d’une véritable garantie de rachat au prix de revient.
Mais j’ai moins d’inquiètude pour la capacité de nos entreprises à investir dans la R&D pour des marchés d’avenir que dans la disponibilité des compétences des PME du second oeuvre qui seront nécessaires si un boom se produit dans ce secteur. A titre d’illustration, l’école d’ingénieurs d’Yverdon n’a formé l’an dernier que 2-3 ingénieurs thermiciens, alors qu’il y a des centaines de milliers d’immeubles et d’installations à rénover!
Voir ce dossier sur le solaire photovoltaïque : Le solaire photovoltaïque avec un document sur la rentabilité énergétique du photovoltaïque dans diverses villes d’Europe et des calculs sur l’irradiation solaire.
A supposer que tous les réacteurs envisagés soient construit, cela ne changerait pas beaucoup la capacité totale du nucléaire, car il ne faut pas oublier tous les réacteurs nucléaires mis à l’arrêt d’ici 2030.
Cela n’empêchera pas la production d’uranium d’être insuffisante vers 2015 pour alimenter les réacteurs en activité, les sources secondaires d’origine militaire devant prendre fin à cette date.
Et l’uranium devrait atteindre un pic de production vers 2025, ce qui signifie une diminution de la production ensuite. Lire : Uranium resources and nuclear energy – Un rapport sur les ressources d’uranium et l’énergie nucléaire (en anglais, mais graphiques et tableaux très compréhensibles pour tous).
Pendant ce temps-là , comme depuis 15 ans, les Suisses accroissent leur retard en matière d’énergie photovoltaïque. Tous les Suisses? Non, bien sûr! Il existe même quelques groupes qui résistent avec succès à l’envahisseur atomique. C’est par exemple le cas de Swiss Solar Systems AG à Lyss, comme le relate cet article paru dans Domaine Public: http://www.domainepublic.ch/files/articles/html/10016.shtml
Que l’année 2009 soit donc celle du grand virage!