RER vaudois: le Conseil d’Etat force le destin

gare de Malley

Dans sa séance du 2 juillet 2008, le Conseil d’Etat a adopté un exposé des motifs et projet de décret pour financer la part cantonale du crédit de 79,8 millions de francs pour la construction d’une nouvelle gare RER à Prilly-Malley. Le chantier devrait démarrer en décembre de cette année et la mise en service est planifiée pour décembre 2011. A cette date, l’agglomération Lausanne-Morges, qui concentre 48% de la population et 60% des emplois vaudois, deviendra facilement accessible par les transports publics depuis les quatre coins du canton. Les CFF s’attendent à une augmentation de la fréquentation de presque 70% sur le tronçon central du RER (Lausanne-Renens) d’ici 2020. De quoi justifier l’acquisition de 19 nouvelles rames de type Flirt – un investissement qui avoisine les 200 millions de francs – dont la mise en service devrait intervenir dès décembre 2010. Ce faisant, les Vaudois forcent le destin et misent sur l’amélioration de l’infrastructure ferroviaire (4e voie Lausanne-Renens, 3e voie Renens-Allaman).

Voilà un projet qui avance à un rythme soutenu! En septembre 2006, le Conseil d’Etat adoptait la stratégie cantonale des transports publics à l’horizon 2020 et un crédit d’étude de 4,9 millions de francs pour le développement du RER vaudois. Moins de deux ans plus tard, il sollicite le crédit de construction pour un chantier qui devrait s’ouvrir sitôt que le Grand Conseil l’aura confirmé. La mise en service étant planifiée pour décembre 2011, il aura fallu tout juste 5 ans entre l’expression de la vision et l’inauguration. Si j’étais un peu seul au départ à croire à un tel planning, je dois remercier mes collègues, le Grand Conseil, ainsi que les CFF et le Service de la mobilité pour l’entrain qu’ils ont manifesté pour ce projet. Il ne reste plus qu’à espérer que la Confédération y verra un signe politique fort de la volonté des Vaudois de développer leurs infrastructures.

En effet, ce projet n’aura véritablement de sens que si la réalisation de la 4e voie Lausanne-Renens et la 3e voie Renen-Allaman se concrétise rapidement. C’est ainsi que la construction de la gare de Prilly-Malley comprend aussi 800 mètres de la fameuse 4e voie d’une longueur totale de 4’500 mètres entre Lausanne et Renens. En outre, le canton fournira un préfinancement à hauteur de 24 millions de francs sur la part de 39,9 millions de la Confédération.

C’est qu’il s’agit d’enclencher un cercle vertueux dont les retombées seront bien plus importantes qu’une simple halte supplémentaire:

  • ré-urbanisation de la plaine de Malley (investissements privés de 2,5 milliards de francs) sans accroissement notable du trafic motorisé induit;
  • nouveau matériel roulant sur les principales lignes du RER avec arrêts possibles dans toutes les haltes;
  • des millions de clients supplémentaires chaque année sur le réseau des transports publics urbains (y compris m1, m2 et futur tramway Est-Ouest);
  • autant de voitures privées en moins dans l’agglomération et en particulier sur l’axe Morges-Lausanne, ce qui devrait réduire la congestion de l’autoroute aux heures de pointe;
  • priorisation des projets de développement des infrastructures nationales (CFF et autoroutes) dans le cadre d’une compétition toujours plus vive entre les régions autour de moyens financiers clairement insuffisants.

Prochaine étape, le retrait des dernières oppositions. Ce que la commune de Lausanne a déjà fait, comme on pouvait s’y attendre compte tenu de ses intérêts immédiats de propriétaire foncier…

9 réflexions au sujet de « RER vaudois: le Conseil d’Etat force le destin »

  1. Monsieur,

    Le RER Vaudois semble un projet réussi dans son ensemble mais il y a certains points qui ne sont pas traités dans ce projet.

    Tout d’abord, pour répondre efficacement à  la hausse de voyageurs sur l’axe Lausanne-Genève, il faudrait pouvoir renforcer la cadence des trains aux heures de pointe, ce qui va passer par la construction de nouvelles voies ainsi que par l’achat d’un nouveau matériel roulant. Concernant le matériel roulant, les CFF ont promis qu’une partie des automotrices RABe 514 qui circulent sur les lignes du RER zurichois soient affectées sur le tronçon Lausanne-Genève mais le problème est qu’il n’y a rien qui garantit que ces rames vont être mises en circulation sur le tronçon Lausanne-Genève. Les CFF promettent aussi une augmentation du nombre de trains aux heures de pointe sur les lignes très fréquentées d’ici 2009…

    Il ne faut pas oublier que les trains InterRegio se remplissent de plus en plus aux heures de pointes sur l’axe Genève-Lausanne mais aussi entre Lausanne et Montreux ( voir même Aigle ) aux heures de pointe. Cela va induire un renforcement de ces trains mais apparemment pour le moment rien n’est prévu pour corriger ce problème.

    Il faudrait ajouter par exemple une ou deux voiture(s) de deuxième classe sur les trains InterRegio aux heures de pointe sur l’axe Lausanne-Aigle pour pouvoir répondre à  l’afflux de voyageurs mais apparemment, les CFF ont d’autres priorités…

    Les retards s’accumulent à  certaines heures sur les lignes Lausanne-Genève et Lausanne-Aigle mais pour l’instant ce ne sont que des retards de cinq à  sept minutes, ce qui me parait encore acceptable.

    A part cela, la construction de la gare Prilly-Malley et l’arrivée des rames Flirt sont intéressantes et vont permettre de rendre le réseau régional vaudois plus performant, plus moderne et un peu plus adapté aux exigences plus élevées des voyageurs.

    Je pense qu’il faudrait avoir un projet global pour les lignes ferroviaires vaudoises dans lequel s’intégrerait le RER Vaudois afin de résoudre les problèmes de surplus de voyageurs dans les trains régionaux, InterRegio et RegioExpress et de rendre le train plus confortable et agréable pour tous les voyageurs empruntant les lignes ferroviaires du canton de Vaud.

  2. Le “projet global pour les lignes ferroviaires vaudoises” existe depuis septembre 2006 sous la forme d’une “Stratégie cantonale de développement et planification du réseau des transports publics – Vers une mobilité durable: les transports publics vaudois à  l’horizon 2020” (voir article du 21.12.06).

    L’ensemble de vos propositions y figurent noir sur blanc et cette stratégie a été communiquée à  la Direction générale des CFF et, plus récemment, à  son conseil d’administration.

    En ce qui concerne la capacité des trains circulant sur la ligne Lausanne-Aigle, le Conseil d’Etat a récemment répondu au député Borel en confirmant que le taux d’occupation de ces trains était, aux heures de pointe, aussi élevé si ce n’est plus que sur l’axe Lausanne-Genève. Se fondant sur des informations émanant des CFF, il a pris acte avec satisfaction de leur volonté de faire circuler sur cette ligne des trains à  deux étages (les longueurs de quais interdisant de rallonger les convois) et, dans ce but, d’adapter le gabarit d’un certain nombre de tunnels et d’ouvrages d’art d’ici 2014 (budget à  intégrer dans le mandat de prestations 2011-2014).

  3. Bonjour,

    La stratégie cantonale de développement des transports publics vaudois me semble beaucoup trop imprécise et aurait nécessité d’être accompagnée d’annexe dans lequel soit regroupé toutes les améliorations à  apporter pour chaque région.

    Il y aussi un petit défaut que j’ai pu constaté dans ce projet. La ligne Aigle-Ollon-Monthey-Champéry est souvent surchargée en hiver. La cadence entre Aigle et Champéry pourrait être augmentée pour mieux répondre à  l’afflux de skieurs empruntant cette ligne en hiver mais à  terme, il va falloir remplacer les automotrices de type Be 4/4 et donc l’achat de nouvelles automotrices de type Beh 4/8 s’avère nécessaire.

    Le projet global aurait du prévoir un renforcement de la cadence horaire en hiver ainsi que l’arrivée de matériel roulant neuf pouvant remplacer les machines de type Be 4/4 sur la ligne Aomc.

    Le crédit qui a été accordé entre 2007 et 2010 et qui était destiné aux chemins de fer régionaux vaudois prévoyait uniquement la modernisation des installations de sécurité et la réfection du tunnel de Troistorrents mais rien concernant la modernisation du matériel roulant Aomc.

    Je suis conscient que ces améliorations ne peuvent pas être apportées sans le consentement des cantons valaisans et vaudois qui participent au financement de cette ligne. Selon moi, il faut une meilleure coordination inter-cantonal pour développer efficacement cette ligne.

    J’espère que cet problème a déjà  été soulevé et que votre département ait déjà  prévu d’apporter ces différentes améliorations à  l’Aomc.

  4. L’AOMC fêtait cette année ses 100 ans d’existence et peut s’enorgueillir de résultats plus qu’encourageants. Comme les autres lignes du réseau des Transports Publics du Chablais (TPC), elle peut compter sur un appui du DINF.

    Cette liaison sera certainement au coeur des réflexions qui vont démarrer dans le cadre du projet d’agglomération “Aigle-Monthey”, même si le matériel roulant ne peut pas bénéficier d’une subvention fédérale au titre du fonds d’infrastructure.

    NB: Ce sera mon dernier message pour les trois semaines qui viennent. Vacances obligent. Inutile donc de m’adresser trop de commentaires durant cette période. Je souhaite un bel été à  celles et ceux qui visiteront ce blog.

  5. Bonjour,

    J’aimerais savoir si il y a eu une intervention d’un ou de plusieurs députés au Grand Conseil vaudois pour la modernisation complète des TPC.

    Actuellement, il me semble qu’il faudrait remplacer les deux automotrices “BDeh 4/4” de l’Aigle-Leysin, puisqu’elle ont déjà  plus de 40 ans et enfin faire l’acquisition de deux automotrices de type Beh 4/8 pour l’Aomc afin de remplacer les automotrices Be 4/4. Je pense que votre département devrait étudier ce problème d’un peu plus près.

    Concernant le projet d’agglomération “Aigle-Monthey”, je doute qu’il prévoyait l’achat de nouvelles automotrices pour l’Aomc. Ce projet a plus tôt l’air d’être b clé, mal préparé et ne servant strictement à  rien. Je pense qu’il faudra attendre le 1er Septembre ( prochaine réunion du conseil général de Monthey qui débutera à  19 h 30 à  la salle de la Gare ) pour enfin savoir ce que ce projet contenait et à  quoi il pouvait servir…

    Merci de votre réponse !

  6. Je n’ai enregistré aucune intervention parlementaire au sujet de la modernisation du matériel roulant des TPC. Il convient de relever que le président du conseil d’administration de la compagnie, Frédéric Borloz, est aussi député radical et syndic d’Aigle. L’entreprise dispose d’un plan stratégique (mis à  jour en 2007, sauf erreur) qui traite de ces questions, mais il s’agit d’un document interne. Mon département suit ces questions de manière très serrée. En l’occurrence, le chef du Service de la mobilité siège au Conseil d’administration et peut ainsi participer à  l’élaboration de ces stratégies tout en les intégrant dans les planification à  long terme de l’Etat.

    En ce qui concerne le projet d’agglomération Aigle-Monthey, je ne partage pas votre sévérité. Comme vous avez pu le lire dans la presse, la discussion relative à  l’AOMC tourne autour de la desserte ou non d’Ollon. C’est la question qui f che, mais on ne peut pas faire l’impasse là -dessus au moment de concevoir un projet d’aménagement durable du territoire. Et c’est bien au plan régional plutôt qu’à  Lausanne qu’elle doit être tranchée.

    Je lirai avec intérêt le compte-rendu des discussions du conseil général de Monthey à  ce sujet…

  7. Bonjour,

    J’ai demandé quelques informations concernant la modernisation du matériel roulant des TPC et voilà  un extrait de la réponse que j’ai reçu de Monsieur Claude Oreiller :

    “A côté de ce programme de rénovation technique, le Conseil d’administration
    TPC a accepté les conclusions du rapport d’expert TPC 2020. Ce rapport
    préconise, entre autres, le passage de la tension de l’AOMC de 850 V à  1500
    V (soit la même tension que l’AL et l’ASD). Cette évolution entraînera la
    mise au rebut de tout le matériel roulant obsolète de l’AOMC. (soit env. une
    quinzaine de vhc, automotrices, rames BLT, remorques, etc). Pour remplacer
    ce matériel usagé, il est prévu l’acquisition d’une voiture-pilote + de 2
    automotrices-doubles. Il est également prévu l’acquisition d’une
    voiture-pilote sur le BVB.”

    “Ce programme d’achat, ainsi que les adaptations nécessaires de nos
    installations de sécurité, entraîneront un investissement supplémentaire de
    l’ordre de 23 MioFrs. Nous sommes en train de finaliser nos dossiers pour
    approbation de nos commanditaires (Office fédéral des transports et cantons
    de Vaud et Valais).
    En cas de succès de nos diverses démarches, nous prévoyons la mise en
    service des nouveaux véhicules roulants de l’AOMC à  l’horizon 2012-2013.”

    Le projet d’agglomération Aigle-Monthey dont un des objectifs était la mise en place d’une ligne plus rapide entre St.Triphon et Aigle est malheureusement arriver au mauvais moment puisque les TPC ont d’autres priorités concernant l’AOMC comme le changement de tension ( 850 V à  1500 V ), l’arrivée du nouveau matériel qui va progressivement remplacer les automotrices Be 4/4 et sûrement servir pour augmenter le nombre de courses entre Aigle et Champéry en hiver afin de faire face à  l’afflux de skieurs.

    Ce nouveau matériel roulant aura certainement un coût assez important et donc les TPC vont demander l’aide aux cantons valaisans et vaudois pour la modernisation de leur matériel roulant dans un premier temps. Le projet de construction de la nouvelle ligne St.Triphon-Aigle qui raccourcirais le trajet entre Monthey et Aigle de quelques minutes n’est selon moi financièrement pas réalisable dans les années à  venir et je pense qu’il est préférable qu’on mette ce projet de côté pour le moment et que l’on ce concentre sur le problème des correspondances à  Aigle entre l’Aomc et les CFF.

  8. Cher Monsieur,

    Merci pour toutes ces informations. J’espère que leur publication sur le web est autorisée par la direction des TPC…

    Il va de soi que la validation de ces investissements importants va prendre du temps. Mais si le projet est cohérent et porteur pour le développement des transports dans la région, il ne fait aucun doute qu’il sera examiné avec intérêt. Il devra aussi se justifier au plan économique, bien sûr.

    A ce stade je ne me prononcerai pas sur l’opportunité d’un tracé raccourci entre Aigle et Monthey, mais j’ai pris note de votre appréciation.

    Meilleures salutations.

  9. Monsieur,

    J’ai bien reçu l’authorisation de Monsieur Claude Oreiller, directeur des TPC concernant la publication des informations mentionnées dans mon dernier message.

    Ce qui est certain, ce que l’avenir des TPC va passer par la modernisation de leur matériel roulant et que la construction d’un nouveau tracé pour l’Aomc entre St.Triphon et Aigle ne risque pas de se réaliser avant une vingtaine voir une trentaine d’années…

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