Un parlement du XXIe siècle intégré dans la Cité médiévale

photomontage Rosebud

Le projet lauréat pour le nouveau Parlement cantonal sur le site de Perregaux a été dévoilé au public mardi 16 juin 2009. Choisi parmi les 6 projets anonymes retenus pour le second degré du concours, le projet baptisé “Rosebud” (bouton de rose, en référence à une scène célèbre du film Citizen Kane) présente à mes yeux deux qualités majeures. Premièrement, il s’agit bien d’un monument destiné à accueillir le Parlement, entre la Cathédrale (pouvoir spirituel) et le Ch teau (pouvoir exécutif). Ensuite, il ose concrétiser de manière très aboutie la volonté du Grand Conseil de s’ouvrir à la Cité (au sens propre comme au figuré).

Sur les plans, comme sur les coupes et sur la silhouette de la Cité (voir les images sur le site du nouveau Parlement), le nouveau b timent affirme l’existence d’une salle parlementaire que l’on ne saurait confondre, de par ses dimensions, avec une simple salle de réunion ou un auditoire. De ce fait, c’est le seul projet qui prévoit la destruction des murs de l’ancienne salle, que personnellement j’aurais préféré conserver. A l’inverse, il est le seul à restituer l’espace du vestibule et des pas perdus – là où se forgent les alliances et les compromis intelligents – imaginé par Perregaux, en intégrant de manière cohérente le fronton néoclassique que les autres ne conservaient que comme un vestige un peu encombrant. Il préserve aussi le socle datant du Moyen-Âge, exactement comme Perregaux en 1803.

Autre analogie avec l’approche de Perregaux au début du XIXe siècle, la toiture imposante – que certains ont déjà qualifié de “bonnet phrygien” en référence à l’héritage de la Révolution française – culmine à la même hauteur que le sommet du clocheton qui ornait la toiture jusqu’à l’incendie de 2002.

D’aucuns auraient préféré un cube de verre et d’acier pour marquer l’époque de sa construction et plusieurs projets déposés dans le cadre du premier degré du concours proposaient des toits plats. Non seulement l’intégration d’un tel concept dans la silhouette de la Cité aurait certainement fait couler beaucoup d’encre, mais aucun projet de ce type n’aurait réussi aussi bien que”Rosebud” à exprimer la présence d’un parlement qui doit, je crois, se distinguer d’un simple immeuble, tout en affirmant, parmi les b timents médiévaux, sa modernité. En l’occurrence, la modernité d’un toit qui est avant tout un système de captage du rayonnement solaire permettant de viser l’autonomie énergétique du b timent. Peut-être même que ces grandes surfaces pourraient fonctionner comme une centrale photovoltaïque et couvrir aussi les besoins en électricité.

Après la fameuse tuerie de Zug, le Grand Conseil aurait pu choisir de se claquemurer dans un b timent protégé par des agents de sécurité. Tout au contraire, il a souhaité s’ouvrir sur la Cité. Le projet “Rosebud” répond pleinement et brillamment à cette exigence. Tout d’abord en aménageant un accès direct pour le public depuis la rue Cité-Devant, mettant à jour la façade du plus ancien édifice de la Cité, pour déboucher sur un espace monumental où se développe un nouvel escalier distribuant tous les étages. Une autre circulation du public est prévue entre la Placette Bonnard et l’esplanade du Grand Conseil. Ces diverses circulations permettent notamment d’accéder au restaurant que les députés partageront avec le public. Un restaurant qui s’ouvre sur une magnifique terrasse plantée de platanes mais inutilisée depuis des décennies, juste assez haute pour offrir un regard, par dessus le Palais de Rumine, sur la ville, le lac et le Jura. J’en suis convaincu, ce lieu servira demain d’attrait important pour cette Cité à l’accès piéton plutôt dissuasif en raison de la dénivélation et contribuera à amener un surcroît de vie en ces lieux historiques et un peu désertés.

Bien sûr, le projet doit encore être développé dans les mois qui viennent, mais je ne doute pas qu’il saura conserver ses qualités fondamentales, malgré les probables adaptations. L’objectif d’une inauguration d’ici la fin de la législature en cours (juin 2012) reste atteignable. Pour bien m triser ces différentes étapes, une démarche participative est souhaitée. Outre les différentes séances publiques organisées depuis 2002, le site du nouveau Parlement recueillera toutes les demandes et propositions (voir http://www.parlement-vd.ch). Ce blog étant un autre lieu pour échanger sur ce projet…

Un projet qui pourrait bien s’inscrire dans la longue durée. Le précédent Parlement ayant fonctionné durant deux siècles, il n’est pas exclu que celui-ci – gr ce notamment aux systèmes de détection incendie modernes – durera bien plus longtemps encore. C’est dire le soin qu’il faut mettre à sa bonne intégration et à son bon fonctionnement en tant que Parlement.

Une réflexion au sujet de « Un parlement du XXIe siècle intégré dans la Cité médiévale »

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *