Lausanne-Berne en moins d’une heure et 400 emplois industriels dans le Chablais

IC 2 étages Bombardier

(source Le Nouvelliste)

Décidément, les bonnes nouvelles se succèdent en matière ferroviaire pour la Suisse romande et pour le canton de Vaud! C’est ainsi que, mercredi 12 mai 2010, les CFF annonçaient l’adjudication d’un marché de près de 2 milliards de francs à Bombardier pour la construction de 59 nouvelles rames à deux étages qui circuleront, dès 2013, sur la ligne du Plateau entre Genève et Saint-Gall. Une double bonne nouvelle pour les Vaudois. Gr ce à leur système anti-roulis (correction de l’inclinaison dans les virages, système WAKO), ces nouvelles rames pourront circuler plus vite que les actuelles compositions DOSTO (trains à deux étages) sur le sinueux tronçon reliant Lausanne à la capitale fédérale: 57 minutes au lieu de 67 minutes actuellement. La gare de Lausanne pourra alors devenir un noeud horaire, tous les trains partant aux minutes 00 et 30. Entre outre, cette commande – la plus importante de l’histoire des CFF! – va permettre au groupe canadien Bombardier de créer environ 200 emplois à Villeneuve, plus 200 autres chez ses sous-traitants, au total 400 places de travail dans un secteur industriel en perte de vitesse depuis plus de 30 ans.

Quel est l’avantage décisif de gagner quelques minutes entre Lausanne et Berne? Le gain de temps est bien sûr secondaire, même s’il mérite d’être salué. Avec une vitesse commerciale (vitesse moyenne, y compris l’arrêt en gare de Fribourg) d’environ 100 km/h, on est encore loin de la Grande Vitesse qui fait rêver Ulrich Gygi, président du conseil d’administration des CFF! De centre à centre, le train n’en devient cependant que plus performant par rapport à la voiture. Cela permet surtout d’offrir de meilleures correspondances en gare de Berne et, demain, de Lausanne, réduisant d’autant les temps de parcours sur les trajets avec changements de trains. Mais pour tirer tout l’avantage de ce nouveau “noeud de Lausanne”, il faudra encore réaliser l’aménagement de la ligne du Pied du Jura, avec la construction d’un tunnel à double voie à Gléresse sur la rive nord du lac de Bienne, condition sine qua none d’une desserte à la demi-heure des ICN. Ce projet figure maintenant parmi les priorités du programme Rail 2030. Cette commande des CFF signifie ni plus ni moins qu’une promesse d’amélioration de l’offre ferroviaire sur l’axe Est-Ouest, si important pour le pays.

Cerise sur le g teau, les 400 emplois industriels créés en Suisse et plus particulièrement dans le canton de Vaud tombent au meilleur moment. Convaincu que la diversité du tissu économique protège efficacement notre économie contre les évolutions conjoncturelles, le Conseil d’Etat vaudois souhaite renforcer un secteur secondaire en perte de vitesse depuis plusieurs décennies et qui a particulièrement souffert de la crise de 2008. En France, la prime à la casse a permis de relancer la production industrielle dans le secteur automobile, mais, on la vu, sa suppression a entr né un nouvel effondrement des ventes. A contrario, cette méga-commande est de nature à asseoir une capacité industrielle sur le long terme. Non seulement les CFF ont une option pour la commande d’une centaine d’autres rames, mais la technologie WAKO, si elle tient ses promesses, devrait ouvrir des perspectives d’exportation importantes. Voilà encore un exemple de développement durable, qui sert à la fois les intérêts de l’économie, de l’environnement et de la société.

Pour l’écologiste responsable des transports, la semaine dernière fut résolument excellente!

4 réflexions au sujet de « Lausanne-Berne en moins d’une heure et 400 emplois industriels dans le Chablais »

  1. A mon avis, la grande vitesse est le seul véritable grand projet et enjeu ferroviaire du futur. A ce titre,j’ose espérer que le travail fourni par D.Mange et son activisme éveilleront de l’intérêt au DETEC et chez les responsables cantonaux des transports (qu’en pensez-vous?, On ne vous a pas trop entendu sur ce sujet!). Je félicite Ulrich Gygi pour son soutien à  cette grande idée.

    De ce billet, il faut plutôt retenir que “400 emplois industriels sont maintenus dans le canton” plutôt que” Lausanne Berne en moins d’une heure”. Car le gain de temps réalisé est franchement ridicule (10mn) même si il est stratégique pour le réseau et toujours bon à  prendre faute de vraie liaison LGV en Suisse.

  2. Je ne suis pas opposé à  la grande vitesse, mais ce n’est certainement pas une priorité. En effet, il faut en premier lieu assurer le financement du programme Rail 2030 (CHF 21 milliards) et du matériel roulant à  deux étages (CHF 20 milliards) pour offrir une capacité de transport en phase avec l’évolution exponentielle de la demande. Je ne pourrais pas imaginer qu’un tronçon LGV entre Berne et Zurich passe avant. Mais rien n’empêche qu’on étudie un tracé optimal à  l’horizon 2050. Au juste, quelles seraient les gares desservies? Avec ou sans arrêt à  Lausanne, Fribourg ou Winterthour?

  3. Merci pour votre réponse.
    Les LGV ne sont pas une priorité à  vos yeux, mais vous n’y êtes pas opposé.

    Toutefois, pour prendre l’exemple Genève-Lausanne, il est important de savoir si oui ou non, on prévoit à  moyen/long terme la construction de telles liaisons. Car, inutile de continuer à  plancher sur un projet de 3-4 voies entre Lausanne et Genève si dans le futur on prévoit de construire des LGV ( elles emprunteront un autre tracé pour des raisons techniques, environnementales et de sécurité ).

    Personnellement je trouve assez navrant que les seules lignes “LGV” suisses soient des lignes NORD-SUD qui ne servent pas beaucoup la mobilité suisse mais européenne…

    Dommage que les Verts ne militent pas pour la grande vitesse en Suisse…

  4. Même si le terme n’est pas approprié pour la grande vitesse, je constate avec vous que la Suisse a “raté le virage”…

    Deux remarques encore:

    En France, le TGV doit prendre des parts de marché à  l’avion. En Suisse, Benedikt Weibel m’affirmait en 2004 que le chemin de fer détenait une part de marché de 88% pour les liaisons centre de Zurich – centre de Berne. La situation ne s’est certainement pas dégradée depuis. Ainsi, de prime abord, l’investissement d’une LGV serait difficile à  justifier en regard de la nouvelle clientèle qu’elle pourrait attirer.

    Il a fallu des années pour parvenir à  exproprier les surfaces nécessaires à  la réalisation des quelques kilomètres de la 3e voie Coppet – Genève. Je n’ose imaginer ce que représenterait l’expropriation de la plate-forme d’une nouvelle ligne. Il est très probable qu’on opterait pour un tracé souterrain: 6 milliards de francs si j’en crois les estimations de Daniel Mange dans L’Hebdo de cette semaine. L’avantage: il n’est pas besoin de réserver les surfaces. L’inconvénient: les promoteurs de Swissmetro pourraient bien être les premiers opposants.

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