Gaspillage alimentaire: 10 à 20 fois plus cher que la taxe au sac!

(source: OFAG à l’occasion de la journée mondiale de l’alimentation; http://www.blw.admin.ch/dienstleistungen/00020/01495/index.html?lang=fr)

L’Office fédéral de l’agriculture l’a calculé pour la Suisse: chaque habitant de ce pays jette 94 kg de nourriture par an, ce qui, pour une famille de quatre personnes, représente une valeur de plus de CHF 2’000.-. Un coût 10 à 20 fois plus important que la taxe au sac  qui sera introduite dans l’ensemble des communes vaudoises dès le 1er janvier 2013.

On a beaucoup bataillé à gauche sur le caractère “anti-social” de la taxe au sac qui frappe le porte-monnaie sans tenir compte du revenu. C’est un peu risible quand on sait ce que dépensent les ménages pour l’achat des produits qui finissent dans le sac poubelle. On pourrait même considérer que les consommateurs, incités par la nouvelle taxe au sac à éviter les déchets en amont, récupèrent largement la nouvelle taxe en évitant d’acheter, par exemple, des barquettes (en promotion!) pour ne prendre que la quantité qu’ils pourront à coup sûr manger…

Dans les pays riches, les ménages consacrent 7% de leur revenu à la nourriture, dont 30% finit à la poubelle. Dans les pays en développement, ces chiffres sont respectivement de 70% et de 3%, selon l’Institut international de recherche sur les politiques alimentaires (IFPRI).

Mais à ces 94 kg de nourriture jetée par personne et par an, il faut encore ajouter quelque 170 kg de déchets alimentaires générés en amont par l’agriculture, les opérations de stockage, de transformation et de transport. Là aussi, les différences entre le Nord et le Sud sont criantes. Ainsi, par exemple en Asie du Sud et du Sud-Est, ces pertes le long de la chaîne de production / transformation sont limitées à 120 kg. Voir à ce sujet le résumé de l’étude sur les déchets alimentaires (pdf, 120 Ko).

En Suisse, du champ à l’assiette, le gaspillage alimentaire représente un total de 2 millions de tonnes par an, soit l’équivalent de 140’000 camions qui, mis à la queue leu leu, formeraient une colonne continue de Zurich à Madrid. Une image forte que j’ai empruntée à l’association foodwaste.ch qui tente de coordonner les initiatives visant à réduire ce gaspillage, telles que la distribution de produits non-périmés aux ménages les plus démunis (Caritas, Petite table couvre-toi, etc.).

Ces chiffres permettent de mieux comprendre pourquoi de très nombreux spécialistes de l’alimentation martèlent depuis des années que le problème de la faim dans le monde résulte moins de la surpopulation que du gaspillage alimentaire.

J’en conviens, le message est un peu décalé en cette période de fêtes souvent synonyme de gaspillage accru. Mais on est aussi à quelques jours du Nouvel-An, une date à laquelle il est recommandé de prendre d’excellentes résolutions

5 réflexions au sujet de « Gaspillage alimentaire: 10 à 20 fois plus cher que la taxe au sac! »

  1. Ce genre de calcul global, % par personne, met tout le monde dans le même sac (si j’ose dire). Il offre des arguments « alibi » aux preneurs de décisions. Il y a beaucoup de personnes (les familles à petits revenus) obligatoirement très économes avec la nourriture. Ce sont les même pour qui le prix du sac sera une difficulté supplémentaire. Mais il est vrai que l’obligation du tri et la prise de conscience du devenir des déchets qu’occasionne cette taxe est incontournable.

    • Je ne sais pas comment cela c’est passé dans le canton de Vaud, mais souvent l’introduction de la taxe au sac s’accompagne d’une diminution de la taxe par tête ou par ménage. En triant soigneusement, c’est un jeu de somme nulle.

      On peut même améliorer son résultat en choisissant de consommer des produits avec moins d’emballage (par exemple acheter “ouvert” tout ce qui peut l’être plutôt que des barquettes, pour le même prix en général, avec l’avantage de voir la marchandise et d’avoir moins de mauvaises surprises, donc moins de déchets). De même, lorsque le même produit est disponible sous plusieurs emballages, toujours choisir celui qui permet d’être recyclé.

      Contrairement à d’autres taxe (je pense aux carburants par exemple), celle-ci ne doit pas particulièrement grèver le budget des ménages à faibles revenus, au contraire.

      • Dans le canton de Vaud, une majorité de communes finançait l’élimination des déchets avec le produit des impôts. En introduisant la taxe au sac, plusieurs communes ont baissé leur taux d’imposition de 1 à 3%. C’était alors un jeu à somme nulle considéré globalement, mais injuste pour ceux (nombreux) qui ne paient pas d’impôts. Lausanne et d’autres communes à majorité de gauche ont décidé de reverser une certaine somme à chaque habitant pour éviter que les contribuables les plus modestes ne subissent une trop lourde charge. L’effet incitatif demeure et c’est là l’essentiel.
        J’insiste encore une fois sur le fait que le jeu devrait être à somme positive, car la diminution des déchets incinérés fait baisser la facture globale de traitement des déchets pour la collectivité. A quoi s’ajoutent les bénéfices pour l’environnement et donc la santé!

  2. Certes, le poids de la taxe est objectivement très variable et pèse particulièrement sur les petits budgets. Ainsi une famille modeste qui trie ses déchets et évite le gaspillage économisera-t-elle sur les deux tableaux.
    Mais le plus intéressant, c’est que les changements de comportement des consommateurs – quel que soit leur revenu – vont modifier l’offre des distributeurs, par exemple en minimisant les emballages ou en offrant des portions plus petites (ou en self-service). Il y a une dizaine d’années, par exemple, Migros et Coop proposaient le lait en sachet plutôt qu’en brique (il fallait acheter un pot réutilisable dans lequel placer le sachet mou). Ce fut un flop en Suisse romande, dans les cantons qui n’appliquaient pas le principe pollueur-payeur, et ces produits ont été retirés des étales.
    Globalement, l’introduction de la taxe au sac permet de réduire de 40% la part des déchets incinérables, avec à la clé des économies substantielles pour la collectivité et une réduction sensible des impacts sur l’environnement (en particulier pour les ménages modestes qui vivent à proximité d’une usine d’incinération).

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