Linux: pas tout à fait les doigts dans le nez…

(photo souvenir de mon bureau Linux Ubuntu 12.04, le 14 septembre 2012, après quelques heures à scruter les forums pour régler les petits problèmes…)

Comme bien des gens, je déteste parler de ce que je n’ai pas expérimenté moi-même… Or, cela fait des années que je défends l’utilisation des logiciels libres, sans avoir jamais installé moi-même Linux sur un ordinateur. Etant enfin plus libre dans mon emploi du temps, je me suis lancé le défi d’installer Linux sur un ancien PC. Malgré les aimables propositions de “gens qui savent” pour le faire à ma place… Une aventure qui mérite d’être narrée. En espérant ne décourager personne d’en faire de même!

Ne sachant pas quelle distribution Linux installer sur ma machine, je me suis tout d’abord porté sur OpenSUSE, celle qu’installe l’Etat de Vaud sur les (rares) machines non-Windows. L’affaire était compliquée dans la mesure où il me fallait télécharger et graver une image ISO depuis un “vieux” Mac, chose que je n’avais jamais faite (je ne sais d’ailleurs pas encore très bien ce que veut dire “graver une image ISO sur un live CD”). Il n’était pas non plus trivial de s’assurer que mon PC disposait d’un processeur 32 ou 64 bit et de trouver la bonne image ISO…

Dans ce nouveau jeu, j’ai eu tôt fait de franchir le monde 1, puis le monde 2. Grâce, il est vrai, à l’incroyable convivialité de Mac OSX (qui, par exemple, vous propose spontanément de graver une image ISO, dès lors que vous avez enfilé un DVD vierge dans la machine). Au début du monde 3, il m’a été relativement aisé de répondre à toutes les questions du gestionnaire d’installation d’OpenSUSE 12.2 et de constater avec satisfaction que l’installation – plus d’une heure – s’était bien déroulée.

Mais impossible d’accéder au monde 4, à savoir de démarrer la machine depuis l’OS que je venais d’installer sur le disque dur. Au moment de m’ouvrir le bureau KDE (standard de OpenSUSE), le système m’affiche juste un carré verdasse qui réagit aux déplacements de la souris et c’est tout… Avec certaines touches, la machine finit par me proposer une boîte de dialogue permettant de m’identifier, mais le système est en anglais et pas moyen de conserver les paramètres usuels (langue, clavier, fuseau horaire, etc.). Un ami qui connaît bien l’informatique a réussi à modifier le lanceur pour que le système ignore le test de la carte graphique et ça marchait. Mais ce n’était guère satisfaisant pour moi…

Je finis par mettre en doute l’image ISO que j’avais gravée et me suis résolu à aller acheter une distribution avec tous les CD’s utiles. Chez FNAC, on me dit: “peut-être en France, mais pas ici”. Chez Mediamarkt, la réponse est plus définitive: “ici, vous êtes chez Bill Gates!”. Chez Melectronic, on me conseille de m’adresser à un “commerce spécialisé”. Ce que j’interprète comme l’aveu – honnête – que Migros vend des cartons avec dedans des trucs comme dans les publicités… J’ai déduit de tout cela qu’il devait exister un marché (de niche) pour les gens, comme moi, intéressés aux logiciels libres. Je reviendrai certainement sur le sujet dans ce blog…

Bon! Je n’allais pas me laisser abattre aussi vite (3 jours à temps perdu). Un petit tour d’horizon sur le web m’a convaincu que la distribution Linux la plus populaire était certainement Ubuntu et je me suis mis en piste pour télécharger la distribution Ubuntu 12.04 LTS pour processeur Intel 64 bit.

Là, en moins de deux heures, j’entrais dans le monde 4 et pouvais commencer à personnaliser ma machine (fond d’écran, reconnaissance des périphériques, etc.). Mais je n’allais pas tarder à tomber sur un os: impossible de me connecter au modem par wifi! En fait, il est assez rapidement apparu que la carte wireless ne répondait pas. Existait-elle physiquement (optionnelle sur mon modèle de PC Dell, selon certains commentaires lus sur le web)? Sur les forums et sites Internet de Linux, Ubuntu, Dell, etc., j’ai trouvé toutes sortes d’explications et propositions. Je suis allé bidouillé dans le Bios pour modifier les paramètres de gestion du wireless et tester les composants hardware de la machine. J’ai même failli acheter une carte wifi par correspondance aux USA (US$ 29.-)!

Mais à quoi bon opter pour Linux si cela ne vous permet pas de maîtriser votre PC autrement qu’avec “éteindre/rallumer”? Il me fallait donc retourner aux sources et m’immerger dans le langage et les commandes Linux (like Unix). J’ai fini par trouver la commande lspci pour découvrir que la carte wifi était bien présente et en connaître le modèle. Enfin, grâce à un forum, j’ai trouvé comment désinstaller le driver de la carte pour installer le bon. Remettre le Bios dans sa configuration normale, relancer la machine… Victoire! Le petit témoin “wifi” s’allume et le système va spontanément chercher les réseaux présents pour vous permettre de choisir le vôtre. Yes! Reste alors à laisser un commentaire sur le forum qui vous a donné le truc pour vous en sortir et confirmer qu’il fonctionne aussi sur votre machine et avec votre OS (operating system) Linux.

Arrivé là, on se sent un peu comme si on avait dompté un lion. La bête s’est sagement assise sur son séant et semble prête à sauter à travers le cercle de feu sur un simple geste de votre part! La satisfaction est d’autant plus grande que l’on vit dans un monde où l’informatique nous est de plus en plus utile et se loge absolument partout, en sorte que si vous vous résignez devant chaque panne ou chaque problème, vous devenez comme handicapé.

On me rétorquera que ce genre d’aventure n’arrive pas aux utilisateurs de Microsoft et Apple. En effet, même s’il existe de notables exceptions, l’OS est installé d’usine et l’ensemble est testé avant d’expédier des quantités industrielles d’un même produit aux quatre coins de la planète. Il en irait certainement de même si l’on pouvait acheter un PC équipé de Linux par le constructeur. Bien sûr, cela existe: voir, par exemple, http://linuxpreinstalle.com/. Vous pouvez même vous le faire fabriquer sur mesure! Mais aucune marque connue ne semble s’être lancée. J’ai le souvenir que Dell et Asus avaient tenté leur chance il y a quelques années, mais un petit tour rapide sur leurs sites Internet confirme qu’il n’y en a que pour Microsoft.

Est-ce que vraiment la demande est si faible qu’il ne soit pas possible de gagner honnêtement sa croûte en vendant du bon matériel et des bons logiciels à bas prix? J’y songe, j’y songe…

13 réflexions au sujet de « Linux: pas tout à fait les doigts dans le nez… »

  1. j’installe linux depuis bien des versions. actuellement c’est devenu tellement facile, que presque ennuyeux. Ubuntu est une mouture très répandue, je l’utilise parce que si le quelqu’un pour qui je le fais a besoin de conseils, c’est la mouture la plus utilisée par les jeunes. Xubuntu marche à merveille sur les vieilles machines. Ca fait des années que je n’ai pas eu à chercher des pilotes moi même. Un os libre est parfait pour être installé sur une cléf usb. ainsi quand l’on est en voyage, on redémarra la machine sur la clef usb, on se retrouve avec son bureau, ses affaires et pas de virus.

  2. encore un truc, si l’on ne veut pas télécharger une image .iso et la faire décompresser et graver sur un cd, il y a plein de versions Linux dans les kiosques à journaux. En plus un tombe sur des moutures sympathiques, comme “mint” très à la mode chez les jeunes. et qui est juste une version habillée légère de ubuntu.

  3. windows, c’est pas mieux, essayes d’installer un nouveau disque dur dans un ordinateur livré avec windows, il va falloir retatouer le disque pour que windows accepte de s’y installer, vu qu’il a été vendu avec la machine et pas une autre.

  4. Beaucoup plus de temps libre à ce qu’on peut lire ;-), bien c’est une bonne expérience, bravo d’avoir réussi à surmonter le soucis des drivers wireless, pas toujours évident … Je me souviens bien qu’un temps Dell vendait des laptops (surtout à l’EPFL) avec pré-installé Windows et que des étudiants demandaient à se faire rembourser la licence OEM (pré-installée) sur leur poste pour pouvoir installer GNU/Linux. Ah oui, j’oubliais … si RMS (Richard Stallman) vous lit il serait fou de rage! On dit GNU/Linux et pas uniquement Linux, car linux c’est juste le noyau. Amitiés vertes

  5. @pipo J’ignorais que tu étais si fin connaisseur de GNU/Linux (pour répondre @david). Je n’avais pas songé aux revues d’informatiques, c’est juste! Des revues qui sont certainement vendues à la FNAC qui aurait pu me le signaler, plutôt que de m’envoyer voir en France!

  6. Certe, dans une autre gamme de machines, mais de plus en plus répandues… les tablettes, on trouve Android tournant sur un noyau Linux. Elles se vendent comme des petits pains ou presque.

  7. Utilisateur de Linux depuis plus d’un an, je ne reviens à Windows que par obligation, pour quelques logiciels “non-linuxés”. Sinon, que du bonheur à l’utilisation simple et surtout un système qui est plus rapide sur une même machine.

  8. Hello,
    Je confirme, la demande commerciale est très très faible. Il y a quelques années, il y avait de nombreux netbook 10″ vendu avec une distrib de Linux. J’en ai réinstaller en Windows un très grand nombre…
    Les constructeurs ont arrêté, personne n’en voulait.

    Dans mon entreprise, on a proposé d’installer du Linux (gratuitement!), on a du en faire un en 2 ans…

  9. @Xavier. Nous sommes tous bien d’accord: si les gens n’utilisent pas GNU/Linux, ce n’est pas parce que l’OS ne serait pas performant. Ils n’en ont aucune idée, puisqu’ils ne l’ont jamais utilisé. Car, comme dit Eddy, l’essayer c’est l’adopter! Mais si, pour l’essayer, il faut faire un parcours du combattant et qu’on ne trouve pas ça en magasin, pas étonnant que le truc peine à décoller…

    • Je viens de faire l’upgrade à Ubuntu 12.10 sur mon netbook et je dois dire que c’est super simple à installer / mettre à jour. Je pense qu’avec la vision de Mark Shuttlework et Ubuntu ils ont réussi à rendre accessible à tous le passage à GNU/Linux, après il faut juste que les utilisateurs soient moins frileux à l’installer mais le gros du travail doit se faire chez les fabricants afin qu’ils proposent GNU/Linux en installation OEM.

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