Un green data center pour parachever la réorganisation de l’informatique vaudoise

(Source: http://www.vd.ch/autorites/departements/dinf/direction-des-systemes-dinformation/inauguration-data-center/)

Inauguré le 23 avril 2012, le nouveau centre de calcul de l’Etat de Vaud mérite le label green data center. Sa consommation d’électricité sera réduite de 40% par rapport à ce que consommait cette même ferme de serveurs exploitée jusqu’ici dans les locaux de Bedag à Berne. Installé dans les sous-sols du nouvel immeuble administratif de Longemalle à Renens qui regroupe l’essentiel des quelque 500 personnes qui exploitent et développent l’informatique cantonale, ainsi que d’autres services de l’Etat, son inauguration clôt une véritable révolution conduite dans ce secteur depuis 2005.Plusieurs stratégies expliquent cette réduction massive de la consommation d’énergie.

Il faut tout d’abord savoir que ce ne sont pas tant les ordinateurs qui consomment du courant, mais plutôt les systèmes de refroidissement qui permettent de dégager la chaleur des machines (toute l’énergie consommée par ces dernières se dégradant in fine en chaleur!). Ainsi, lorsque l’on refroidit l’entier de la salle où se trouvent les serveurs, pour 1 kWh d’énergie consommée par les machines, il faut environ 1,8 kWh pour évacuer la chaleur dégagée. En limitant l’espace climatisé aux “couloirs froids” où se trouvent les serveurs (20% du volume environ) et en fixant une température de consigne à 23 degrés au lieu de 18-20 degrés, ce rapport se réduit à 0,7 kWh pour 1 kWh utile.

Le second principe mis en oeuvre est celui de free cooling. Un terme technique qui recouvre une idée assez triviale consistant à ne pas refroidir à une température standard l’air circulant dans les “couloirs froids” lorsque la température extérieure est inférieure à 11 degrés, ce qui est le cas durant de nombreux mois sous nos climats.

Par ailleurs, l’alimentation électrique du centre de calcul est sécurisée à l’aide de régulateurs à volant d’inertie, plutôt qu’avec des dizaines de tonnes de batteries au plomb, chargées en courant continu par des redresseurs et alimentant des onduleurs pour “refabriquer” du courant alternatif parfaitement “propre”. Le volant d’inertie étant animé par du courant alternatif et produisant du courant alternatif, on économise les pertes de rendement de ces deux transformations AC/DC (5-10%). On évite aussi la production et le recyclage des batteries au plomb.

Enfin, le nombre de serveurs tend à diminuer, malgré l’augmentation du nombre d’applications (600 applications principales), grâce à la “virtualisation”. En effet, il est très rare qu’une application soit sollicitée en permanence au maximum de ses capacités et, de ce fait, le serveur consomme malgré tout pour ne produire aucun service. La virtualisation permet en quelque sorte d’héberger l’application sur n’importe quel serveur disponible et d’utiliser au maximum la capacité de calcul et d’optimiser la consommation d’énergie.

Réalisé en un temps record (un peu plus de deux ans), ce nouveau centre de calcul aura coûté CHF 5,6 mios (plus CHF 1,2 mios pour le déménagement des serveurs de Berne à Renens). Un investissement quatre fois inférieur à celui envisagé à la fin des années 90 pour reconstruire un centre de calcul vaudois digne de ce nom et estimé à CHF 25 mios d’aujourd’hui. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le Grand Conseil a décidé en 1999 de déménager ses ordinateurs dans les locaux devenus trop grands de Bedag à Berne. Une société contrôlée à 100% par le canton de Berne et, à l’époque, de droit public.

Le contrat d’outsourcing représentait alors un volume de CHF 20 mios par an. Ce chiffre d’affaires a rapidement grimpé à CHF 35 mios par an en 2007, date à laquelle j’ai proposé au Conseil d’Etat de réinternaliser l’exploitation de notre informatique et les 110 postes de travail qui lui étaient liés. Cette décision de réinternalisation a dégagé une économie de près de CHF 6 mios par an (dont presque CHF 3 mios en raison de l’exonération de la TVA). Grâce à cette opération, la Direction des systèmes d’information (DSI, née en 2005 de la fusion de 8 unités informatiques dispersées dans les départements), disposait de ressources propres pour construire le socle de notre système d’information et, notamment, pour financer la construction du data center dont elle avait besoin.

Cette économie a aussi permis de construire les bases nécessaires à la cyberadministration de demain, prochaine grande évolution de l’informatique cantonale, qui va faire passer le nombre de “clients” de 12’000 (les postes de travail de l’administration) à 500’000 (ensemble des administrés – particuliers et entreprises – connectés à l’Internet) et de les servir non plus aux heures de bureau, mais 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Avec le recul, je constate que l’informatique cantonale a connu une véritable révolution. Le regroupement au sein d’un seul service, la modernisation des outils de pilotage, la réduction du nombre de logiciels utilisés pour faire des choses assez semblables – il n’y a, par exemple, plus qu’un logiciel open source (Typo3) pour gérer les contenus web et l’intranet -, l’adoption d’un plan directeur des systèmes d’information et d’une règlement de l’informatique cantonale, toutes ces avancées me permettent d’oublier les difficultés rencontrées, comme le blog anonyme (“paroles de café”) qui avait conduit à la démission du chef de service en juin 2008.

J’aimerais ici féliciter et remercier les collaboratrices et collaborateurs qui ont été les artisans de ces nombreuses réformes, tout particulièrement Denys Papeil, le directeur du Centre d’exploitation informatique (CEI), qui a dirigé avec enthousiasme et énergie l’opération de réinternalisation, ainsi que la construction du green data center, et qui a décidé de relever un nouveau défi à la tête de l’informatique de la Ville de Lausanne.

Pour en savoir plus: Conférence de presse du 23.04.12

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