iOS, Android: une alternative est urgente!

(source: https://www.sncf.com/fr/)

Depuis une dizaine d’années, le smartphone (=micro-ordinateur qui tient dans la main) est déjà devenu indispensable, que ce soit pour commander un billet de train – que l’on peut encore acheter sur un automate à la gare – ou effectuer un paiement bancaire via une “authentification forte” avec le-dit smartphone. Même pour les entreprises publiques comme la SNCF, ces services ne sont disponibles qu’à condition d’acheter un “téléphone” équipé des systèmes d’exploitation des deux multinationales US Apple et Google. Des alternatives existent pourtant et l’UE est en situation d’ouvrir une 3e voie…

Membre du Club de la Durabilité mis en place par HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée), j’ai eu l’occasion d’échanger ce matin en visioconférence avec David Cormand, eurodéputé Europe Écologie Les Verts (EELV) et rapporteur de la commission présentant un plan européen pour l’économie circulaire et la lutte contre l’obsolescence programmée.

Je lui ai expliqué pourquoi, selon moi, la dépendance de 550 millions de consommateurs européens et des États membres de l’UE à l’égard de Google et Apple – et donc de la NSA – est catastrophique.

De mon point de vue, plutôt que de chercher à taxer les mirobolants bénéfices de ces deux géants américains en situation de duopole, mieux vaudrait proposer une alternative aux citoyennes et citoyens du sous-continent européen.

L’affaire n’est pas simple, car il s’agit de résoudre un fameux problème de serpent qui se mord la queue: en l’absence d’un OS alternatif, personne ne va développer des apps pour n projets alternatifs et, du coup, personne ne va installer un OS alternatif sur son smartphone. Dans la foulée, même les services publics les mieux intentionnés ne vont rien faire pour offrir à leurs clients un accès non-contraint à leur service…

Pourtant, des solutions existent, toutes basées sur le système d’exploitation libre GNU/Linux, comme /e/OS (voir https://swisslinux.org/forum/viewtopic.php?id=5658).

Ma proposition à l’adresse de David Cormand est simplissime et pourrait s’avérer surpuissante:

  • inciter la Commission européenne à investir quelques dizaines ou centaines de millions d’Euros pour sélectionner l’OS open source (Linux) constituant la principale voie alternative
  • contraindre les services publics (et parapublics comme la SNCF) à offrir des apps compatibles avec cet OS open source.

Comme le judoka qui sait utiliser la force de l’adversaire, je suis convaincu que, dans cette bataille titanesque, il faut savoir utiliser les forces du marché pour transformer la société. En l’occurrence, même les plus libéraux dirigeants d’entreprises privées ou publiques ne devraient pas se couper de 3-5% de clients potentiels ayant fait le choix d’un autre OS que iOS ou Android. D’autant qu’ils seront certainement bien plus nombreux dans 5-10 ans…

7 réflexions au sujet de « iOS, Android: une alternative est urgente! »

  1. Bonjour,

    Je partage entièrement votre constat.

    Quelques commentaires pour rendre les éléments de cette situation plus saillants:

    Ce que permettent ces apps était possible avec un navigateur sur une page web. Cette évolution ne constitue pas un progrès, mais une régression. Une telle implémentation technologique n’augmente pas la liberté (de déplacement et mobilité en l’occurrence) des individus, mais participe à un marché spécifique et soutient une économie dangereuse et éloignée.
    Notons aussi – et ce n’est pas particulier à cette situation – que l’accessibilité et l’inclusion prennent un coup terrible avec la numérisation des services publiques. Comment sont considérées les minorités telles que les seniors (digital migrants), les technophobes, les étrangers, celleux sans smartphone, les autres souffrant d’handicap physique, sensoriel, mental ou cognitif? Les preneurs de décision et les développeurs se représentent le monde avec un biais de validisme honteux.

    Précision technologique, /e/OS est basé sur Android Open Source Project. À la différence des autres téléphones android, /e/OS n’utilise pas la couche google (gapps) et propose une alternative (MicroG) pour les services qui dépendent encore de google. /e/OS ne diffère ainsi pas trop des autres customROM comme Lineageos, RevengeOS etc…
    Mais GNU/Linux est aussi dans la course (avec 10 ans de retard). On peut avec un librem ou un pinephone téléphoner et surfer sur le net. Dans ce cas, aucune app android ne tourne nativement sur les OS proposés et “l’app store” de ces OS est quasi vide.

    Enfin, il faut agir, et j’applaudis votre travail politique.

  2. Bonjour Mathieu,

    Comme je ne suis pas informaticien et que vous avez l’air de vous y connaître, quel OS open source recommanderiez-vous de choisir comme une alternative pour l’Europe? Quel pourrait être, en %, le surcoût pour adapter une app Google pour cet OS a priori basé sur Linux, comme celle de la SNCF, par exemple?

    D’avance merci pour votre commentaire.

    Cordialement.

    • Bonjour,

      Je ne suis pas informaticien non plus, mais veille sur les écosystèmes développés et les teste.
      Difficile pour moi de chiffrer le coût de portage d’une app d’un système à un autre. En même temps toute grande entreprise publique ou privée se doit de développer pour le duopole google/apple. Le coût de dev pour un troisième système est minime.
      En cherchant à vous répondre, je découvre que le coût de dev pour iOS est plus élevé que pour Android (https://fr.goodbarber.com/creer-app/29-developper-une-application-android-et-iphone/).
      Si le soucis d’accessibilité est introduit dès les premières étapes de conception et de dev, le coût s’approche de zéro. Les Progressive Web Apps constituent une piste intéressante (https://www.nextinpact.com/article/29583/108095-progressive-web-apps-utilite-installation-et-gestion-dans-environnements-fixes-et-mobiles).
      En terme de liberté, GNU/Linux est le candidat le plus sérieux pour un OS open source. Les OS basés sur Android Open Source Project (AOSP) doivent être gardés à l’oeil aussi. Les deux OS font face à une difficulté supplémentaire qui est le hardware. On peut avoir un bel OS open source qui nécessite des blobs propriétaires pour faire tourner le modem de l’appareil, ce qui est terrible en terme de privacy et intelligence économique. C’est la voie empruntée par les distros AOSP. On peut maintenir les principes du Libre et faire tourner l’OS sur des appareils entièrement libres (open hardware) qui se comptent sur les doigts de la main et ne sont pas autant à la pointe du marché. C’est la voie de GNU/Linux.

  3. Merci Mathieu pour ces précisions. Je croyais qu’Android était basé sur GNU/Linux et j’ignore ce qu’est un blob, mais je vais creuser un peu le sujet… Ou trouver une organisation qui défend la même idée…

    Cordialement.

  4. Ben moi, je suis développeur et je peux vous dire que je trouve tout ça un peu utopique.
    Pour info Linux tourne déjà sur les smartphones Android. Malheureusement, il n’est pas capable de tout prendre en charge, une partie des resources étant gérées directement par la couche Android.
    Le même problème se retrouve avec MS Windows et là, quand bien même Linux tourne parfaitement sur PC, essayez de demander aux utilisateurs de laisser tomber Windows au profit de Ubuntu.
    Personne n’a envie de faire l’effort et Linux se retrouve cantonné sur les Serveurs…

  5. Bonjour,
    Je ne partage pas votre pessimisme. La part de marché de Linux sur le poste de travail ne fait qu’augmenter, car les gens se méfient de plus en plus des GAFAM. Cette part atteint 3.61% en juin 2020, son plus haut historique (voir https://linux.developpez.com/actu/306993/Linux-continue-sa-croissance-et-passe-a-3-61-pourcent-de-part-sur-le-marche-des-OS-desktop-d-apres-NetMarketShare-sa-plus-haute-part-de-marche-jamais-atteinte-sur-ce-barometre/).
    why!, la marque d’ordinateurs durables que j’ai créée il y a 8 ans, a déjà vendu des milliers de machines et, à part deux cas isolés, personne n’est jamais revenu sur Windows.
    Quant à un OS alternatif pour smartphone, je suis convaincu que si l’UE y engageait disons un milliard d’euros, la souveraineté technologique et l’innovation seraient boostées en Europe.
    Cordialement.

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