Une montre open hardware pour ne pas réinventer la roue

(Source: https://www.openmovement.org)

Il me semble avoir entendu l’information au journal de la RTS, sans parvenir à en retrouver la trace sur rts.ch. Heureusement, j’avais mémorisé le nom du projet Open Movement, dont j’ai rapidement trouvé le site web: openmovement.org. J’adore d’autant plus que le projet open hardware est né en Suisse!L’information est d’autant plus intéressante que la ComCo vient d’interdire à Swatch Group de livrer des mouvements de sa filiale ETA à ses concurrents (voir, par exemple, https://www.swatchgroup.com/fr/services/archives/2019/mouvements-mecaniques-le-diktat-de-la-comco-nuit-lindustrie-horlogere-suisse), lesquels n’ont guère d’autres solution que l’entreprise Sellita, à son tour en situation de quasi monopole (par décision de la commission de la concurrence!?! Il y a certainement quelque chose qui m’échappe, mais là n’est pas le sujet…).

La nouvelle interpelle dans un monde de l’industrie horlogère suisse qui fait tout pour maintenir ses marges grâce à l’innovation et qui dépense beaucoup d’argent pour défendre ses brevets à travers le monde et lutter contre les contrefaçons.

Mais c’est précisément dans le but de stimuler l’innovation qu’est né le projet OpenMovement. En effet, le calibre (mouvement) proposé en open hardware n’est qu’un “tracteur” sur lequel d’autres horlogers vont pouvoir greffer leurs innovations propres. En d’autres termes, plutôt que passer du temps à réinventer la roue – qui plus est, sans violer des brevets – le projet OpenMovement permet aux horlogers de se concentrer sur des améliorations. Il faut préciser que, comme pour les logiciels open source, ces améliorations devraient être à leur tour documentées de manière ouverte, en sorte que la concurrence se jouera sur la rapidité et la qualité de ces développements, le design général et la qualité effective du produit. On est alors dans une situation de concurrence parfaite qui devrait réjouir les tenants du libéralisme économique.

J’observe encore trois choses en lien avec le développement durable:

1) Dès lors que les plans sont accessibles à tout un chacun, il devrait toujours être possible de se fournir des composants, même si le fabricant d’origine a disparu (ou ne peut plus livrer). Un gros plus pour la durabilité!

2) Le projet a principalement été développé grâce à du crowdfunding. Exit les multinationales, les golden boys, la bourse et la dérive mainte fois dénoncée d’une financiarisation de l’économie.

3) En regroupant la fabrication du calibre de base (“tracteur”), il devient possible de produire ceux-ci localement à un prix compétitif, ce qui est bon pour l’emploi et les achats à courte distance.

Après le lancement de la machine-outil open hardware Micro5 (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2016/micro5-la-machine-outil-qui-ouvre-la-voie/), l’arc horloger démontre à nouveau sa capacité à innover, y compris en matière de modèle économique. Bravo!

Sans surprise, Swatch Group ne fait pas partie des partenaires qui soutiennent OpenMovement (dont on ne trouve aucune trace sur leur site web). Mais c’est avec une certaine satisfaction que je note, à côté de plusieurs hautes écoles, la présence d’un revendeur why! de la région bernoise: Catatec.

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