(Source: Aurélien Barrau, France 5, 23.09.2018)

Mon ami Luc Recordon, ancien Conseiller aux États Vert vaudois, m’a envoyé le lien vers une conférence donnée le 13.09.2022 par Aurélien Barrau à l’invitation de Jean-Marc Jancovici, président de The Shift Project. J’ai écouté, hier soir, la conférence de l’astrophysicien que je ne connaissais pas… Alors que j’étais d’accord avec tout ce qu’il dénonce au sujet de la 5G, de l’intelligence artificielle, d’Elon Musk et de Starlink pour produire des publicités de mieux en mieux ciblées, … je suis resté sur ma faim.

J’ai noté ce qui suit, au moment de la conclusion de l’exposé de Aurélien Barrau: “On peut se demander comment continuer à faire de la merde avec un peu moins de dégâts immédiats – et c’est louable – mais on peut peut-être aussi se demander si on a vraiment envie de faire de la merde. Même durable!”.

Bien sûr, c’est une bonne question. Un peu comme celle de mai 68: “à quoi bon perdre sa vie à la gagner?” Si je décroche à ce stade, c’est parce qu’Aurélien Barrau n’apporte pas de réponse, sauf en disant que toutes les réponses proposées par les autres – en particulier les soutiens du Shift Project – sont largement insuffisantes et reviennent en somme à proposer de la merde labellisée durable…

Pour tenter de synthétiser, Aurélien Barrau prône une urgente et rapide décroissance. Mais il ne dit pas comment toucher et convaincre la grande majorité de l’Humanité qui – malheureusement – ne partage pas le constat de catastrophe écologique et encore moins le projet de réduction massive du pouvoir d’achat.

Je ne dirais pas, comme Laurent Alexandre dans Le Figaro, qu’Aurélien Barrau est un effondriste. et encore moins qu’il milite pour un suicide de l’Occident. Je suis au contraire convaincu que le comportement des individus ne se modifiera que sous la contrainte, comme on l’a vu avec la COVID-19 et comme on va peut-être le vérifier avec l’actuelle crise (des prix) de l’énergie. Lorsqu’il sera moins une (avant l’effondrement), je veux croire que les choses changeront, trop tard, certes, mais plus rapidement qu’on ne l’imagine. Et il y aura de plus en plus de soubresauts, dont nos sociétés retiendront à chaque fois quelques enseignements utiles quant à la manière de consommer des produits plus locaux, de faire durer ses objets, d’éviter les gaspillages et les déplacements inutiles, etc. Au final, il se pourrait même que l’on parvienne à décorréler le PIB et la consommation de ressources. Et s’il n’y a aucune chance pour qu’une majorité adhère au projet de décroissance, je peux imaginer qu’une très large part de la population mondiale pourrait accepter l’idée de disposer l’an prochain d’un revenu équivalent à celui de cette année, autrement dit abandonne l’objectif d’une croissance infinie dans un monde fini, ce qui serait déjà une révolution copernicienne!

Pour ma part, je continuerai, comme depuis plus de 40 ans, à promouvoir le concept de développement durable, contre l’avis de celles et ceux qui font de vibrants discours pour dénoncer un objectif insuffisant, voire une escroquerie intellectuelle. why! open computing fêtera ses 10 ans l’an prochain et 95% des ordinateurs vendus fonctionnent encore. C’est deux fois plus que la moyenne statistique de 5 ans pour un ordinateur portable et cela permet de réduire de 50% l’impact sur l’environnement lié à la production de ces appareils, ce qui est considérable, sachant que 80% de l’impact global concerne la fabrication. Et, dans le même temps, nos clients auront découvert Linux et les logiciels libres, c’est-à-dire une autre manière de produire et consommer des biens et de créer des communs.