Mobilité des Vaudois en 2011: tel Sisyphe et son rocher

Sisyphe et son rocher

(source: http://fr.wikipedia.org/wiki/Sisyphe)

Comme chaque année, j’ai présenté vendredi 11 mai 2012 le bilan de la mobilité des Vaudois en 2011. Ordinairement établi vers fin mars (résultats consolidés des entreprises de transport), la décision a été prise de coupler cette présentation avec celle des résultats cantonaux du micro-recensement 2010 des transports, ce qui ne pouvait se faire avant la diffusion des chiffres suisses de cette même étude (voir communiqué de presse du 08.05.12, micro-recensement transports 2010, pdf 78 KB). A l’échelle vaudoise, l’évolution fait un peu penser à Sisyphe et son rocher: chaque amélioration de l’offre en transports se traduit par une nouvelle augmentation de la demande. Les déplacements continuent à augmenter plus vite que la population (ou le PIB) et le trafic individuel motorisé – toujours prédominant – connaît une croissance qui semble impossible à juguler. Mais les transports publics tiennent toujours le pompon et le nombre d’abonnés a cru de 25% en 5 ans. (voir le com-120511-mobilite_2011, pdf 32 Ko).

Insolent en 2007/2008, le succès des transports publics (3 fois plus rapide que celui de la voiture) n’aura pas été spectaculaire en 2010/2011. Ils progressent de 3,4%, mais le trafic individuel motorisé – toujours largement prédominant – augmente de 3,0%. Au final, la part des transports publics se maintient et celle de la voiture stagne (voir la conférence de presse transports_du 11 mai 2011, pdf 1,2 Mo).

Cette évolution ne s’explique qu’en partie par la croissance démographique (+1,9%). Ce qui signifie que l’augmentation continue du temps “perdu” dans les déplacements reste une tendance lourde. Faut-il y voir l’expression d’une liberté de déplacement accrue ou de l’obligation de résider en dehors des villes où les loyers deviennent insupportables? Il n’est pas possible à ce stade de le savoir. Le service de la Mobilité va commander diverses études pour mieux comprendre cette évolution…

L’objectif du Conseil d’Etat de réduire à 70% la part des transports individuels motorisés (TIM) en 2012 ne sera pas atteint avant le début 2014. Mais les dynamiques à l’oeuvre sur l’Arc lémanique semblent favorables, puisque la part des TP y est d’environ 30% en 2011. Mais cette part chute à 14% entre le Gros-de-Vaud / la Broye et Lausanne, alors que l’autoroute A1 entre la capitale et Yverdon-les-Bains est menacée de saturation.

Plus que jamais, l’accessibilité des agglomérations par le rail est la clé d’un développement territorial durable. De ce point de vue, l’offre d’une cadence au quart d’heure au coeur du réseau RER vaudois et sur le LEB sera déterminante. Pour cela, il est impératif que les Chambres fédérales octroient un crédit global de CHF 6 mias au lieu des CHF 3,5 mias proposés par le Conseil fédéral pour la prochaine étape du développement ferroviaire national à l’horizon 2025 (PRODES, 1ère étape). Il faut surtout mettre en échec la tentative de 15 cantons suisses alémaniques, fédérés autour de Zurich, de refuser le transfert d’un crédit de CHF 1,1 mia au profit de la modernisation du noeud et de la gare ferroviaires de Lausanne (modification de la loi ZEB).

A moyen et long terme, il est indispensable de poursuivre la stratégie de développement des agglomérations: construire la ville en ville, y garantir une bonne qualité de vie et y promouvoir une meilleure mixité fonctionnelle et sociale en misant sur des transports publics efficaces et les aménagements en faveur des mobilités douces. Face à ces défis, la construction d’une nouvelle ligne de métro m3 ne suffira certainement pas…

Pour l’heure, je constate avec satisfaction que le développement des transports publics répond à une demande croissante et que la Métropole lémanique rattrape son retard sur Zurich ou Berne. Ainsi, en 2010, 46% des Vaudois ont un abonnement de transports publics, contre 37% en 2005. Encore plus flagrant, la part des TP dans les déplacements domicile-travail a doublé entre 2000 et 2010! Enfin, ces évolutions favorables se sont accélérées entre 2005 et 2010 par rapport à la période quinquennale précédente. Les défis restent considérables, tout comme les investissements à consentir par le nouveau Conseil d’Etat…

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