Archives mensuelles : juin 2014

La question de la formation aux enjeux civiques

Il est un fait qui préoccupe fréquemment bon nombre d’observateurs de la vie politique helvétique : le fort abstentionnisme des jeunes de moins de 30 ans lors des votations. Si le constat parait indéniable, les moyens de lutter contre cette amère réalité sont multiples et sujets à controverse.
La chose publique ne serait pas assez funky pour susciter l’intérêt de la jeunesse. Ainsi donc, Pierre Maudet a récemment plaidé en faveur de la création d’une filière universitaire conçue pour les jeunes qui décideraient d’embrasser la carrière de politicien. Qu’une telle initiative découle d’une bonne intention, soit. Toutefois, je doute fort de son efficacité, et ce pour au moins deux raisons.

Premièrement, en professionnalisant la fonction de député ou de conseiller d’État, nous dérogerions aux principes qui fondent notre système de milice. En effet, l’homme ou la femme politique vient du peuple. Son lien avec la population se doit par conséquent d’être étroit. Or la proposition du magistrat genevois ne fera qu’accentuer le fossé censément existant entre le citoyen et ses élites, puisque ces dernières évolueront dans un microcosme social fermé. Une caste de caciques, en somme. Un modèle à l’américaine ou à la française, au sein duquel le dignitaire est une machine. Politiquement adroit, certes, mais loin de nos valeurs et de nos préoccupations.

Enfin, parce que celui ou celle qui entend étudier la gestion des affaires publiques le peut déjà. Les formations en sciences politiques, en management public ou en relations internationales existent, entre autres, dans ce but.

Plus concrètement, des mouvements ayant comme objectif de promouvoir la participation à la vie politique auprès des jeunes commencent à fleurir en Suisse. Les campagnes de mobilisation easyvote, le projet La jeunesse débat ou, dernièrement, la création de l’ARPEC (Association romande pour la promotion de l’engagement civique) sont autant de signes annonciateurs d’un changement en matière de responsabilité citoyenne, notamment chez les 18-29 ans. Laissons mûrir ces initiatives qui, à n’en pas douter, porteront leurs fruits à moyen terme.
Seule ombre au tableau, la disparition planifiée, au sein des collèges vaudois, de l’enseignement de la citoyenneté, discipline amenée à être dispensée parcimonieusement durant les heures de géographie. Évolution regrettable, si l’on conçoit le cours d’éducation civique comme un espace d’échanges, de débats et de discussions enclins à éveiller les consciences, ou encore comme un moyen d’informer les écoliers des tenants et aboutissants de notre démocratie directe.

Quoi qu’il en soit, gageons que la jeunesse, en laquelle j’ai par ailleurs une totale confiance, saura à l’avenir prendre ses responsabilités et faire entendre sa voix lors des échéances cruciales.