Archives mensuelles : septembre 2014

Délation des enseignants gauchistes : la pratique de la honte

Disons-le d’emblée, toute tentative de prosélytisme politique par l’enseignant doit être fermement condamnée. À l’instar de presque tous les textes cantonaux, le règlement d’application de la loi sur l’enseignement obligatoire (LEO) en vigueur dans le canton de Vaud est très clair : « Les élèves ne peuvent pas être utilisés pour la transmission à leurs parents d’informations à caractère de propagande politique, syndicale, religieuse ou commerciale » (art. 7). L’État, par le biais de ses employés ou de ses infrastructures – entendons par là l’affichage de symboles sur les murs de certains bâtiments –, n’a pas à véhiculer quelque croyance ou idéologie que ce soit. Celui ou celle qui dérogerait à la règle devra être clairement sanctionné.

À un régime pondéré et opérant, les Jeunes UDC désirent opposer un modèle aussi détestable que discriminant. Jugeant que la plupart des professeurs sont d’affreux gauchistes prêts à tout corrompre la relève, la jeunesse de la formation agrarienne souhaite encourager les élèves et leurs parents à revêtir les oripeaux du sycophante. Une telle démarche n’est pas sans rappeler une triste époque durant laquelle la délation du sémite était encouragée, voire ennoblie. Les coupables évoluent, les méthodes persistent.

Opération insupportable primo, puisqu’elle laisse sous-entendre que les instituteurs tentent volontairement et insidieusement d’user de leur pouvoir afin d’influencer politiquement leurs élèves. Ainsi, c’est toute la probité du corps enseignant qui est mise à mal. Apparemment, les salles des maitres regorgent de moult tartuffes.

Secundo, évaluer le degré de politisation du discours d’un pédagogue est un exercice extrêmement périlleux. Dans le cas où ce dernier serait notoirement militant, l’élève ou le parent pourrait être tenté, même inconsciemment, d’interpréter toute parole de sa part comme partisane, à travers le prisme de son propre système de valeurs. En conséquence, la proposition du président des Jeunes UDC Anian Liebrand ne ferait qu’ébranler la collaboration enseignants-parents, en faisant germer une graine de suspicion dans l’esprit de ces derniers.

Ultimo, traitement discriminatoire, du fait que seuls seraient visés les professeurs d’obédience verte ou socialiste. Pour être tout à fait cohérente, la formation blochérienne devrait au moins encourager la délation de l’ensemble des leçons orientées. Au lieu de cela, elle se positionne exécrablement en tant qu’unique détentrice de la clairvoyance. Que les magisters bourgeois dorment sur leurs deux oreilles. Ils ne seront pas visés, étant donné qu’un enseignement de droite semble légitime…

Si réellement l’école rendait les enfants gauchistes, le score du parti socialiste avoisinerait les 90% lors de chaque élection fédérale, pour la bonne raison que nous passons pratiquement toutes et tous par l’instruction publique. Or le premier parti de Suisse est, à ma connaissance, celui dont le discours tient en trois mots sur un confetti : « les étrangers dehors ».

Texte initialement paru sur le site politeia.ch : http://politeia.ch/2014/09/02/delation-profs-gauchistes-pratique-honte/