Biodiversité et changements climatiques s’invitent à la Riponne

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Mardi 4 décembre 2007, Anne-Catherine Lyon, Cheffe du DFJC, et moi avons présenté aux médias le crédit d’étude pour la création d’un nouveau Musée des Beaux-Arts à Bellerive. Le Conseil d’Etat compte bien obtenir une approbation claire de la part du Grand Conseil, qui confirmerait ainsi deux votes non contestés (le dernier en 2002). L’exposé des motifs consacre une large place à la question de la réaffectation des espaces libérés au Palais de Rumine et qui fait la part belle à la problématique des changements climatiques et de ses interactions avec la biodiversité. C’est pour moi une raison supplémentaire de soutenir fortement ce projet favorable au rayonnement culturel et scientifique de Lausanne et du canton.

La position du Conseil d’Etat sur cette question est très bien décrite dans l’exposé des motifs et je la reproduis ci-dessous in extenso.

Comme l’indique le Programme de législature 2007-2012, la préservation de l’environnement, les changements climatiques et la prise en compte du développement durable comptent aujourd’hui clairement parmi les préoccupations de la population vaudoise. L’interaction entre les changements climatiques, précisément, et la biodiversité constitue une problématique dont l’actualité se trouvera au coeur des débats scientifiques et politiques. Etudier, comprendre et faire comprendre ces phénomènes est un devoir. Si le monde scientifique perçoit les enjeux et les risques majeurs des évolutions qui sont en cours (accélération significative du rythme d’extinction des espèces et perspective de disparition d’un pourcentage élevé d’entre elles, la population n’est pas en mesure d’en être clairement informée. Un effort significatif de sensibilisation et de vulgarisation semble nécessaire. Or, la présence et l’activité sous un même toit des musées des sciences et d’histoire qu’abrite le Palais de Rumine présente à cet égard une opportunité assez exceptionnelle.

Il serait ainsi possible de tirer le meilleur parti de la conjonction entre les collections de ces musées (Musée de zoologie, Musée de géologie, Musée d’archéologie et d’histoire, Musée monétaire) et de se fonder sur leur mission pédagogique commune pour participer à cet effort de vulgarisation et de sensibilisation. En effet, plusieurs points forts de leurs collections illustrent aussi bien la problématique de la disparition de certaines espèces que celle de l’évolution de la présence de l’espèce humaine sur la terre, par exemple. Un véritable fil rouge existe, dont le potentiel demande assez naturellement à être développé, en suscitant des collaborations avec d’autres lieux ainsi que des apports bénéfiques d’autres institutions oeuvrant dans les domaines de la biodiversité et des changements climatiques. Il s’agit de l’Université de Lausanne (en particulier le Département d’écologie et évolution de la Faculté de biologie et médecine), du Jardin botanique, de l’EPFL (dans le cadre de son développement commun dans les Sciences de la Vie) ou encore du projet AcquaEcopôle à Vennes – lieux que relieront le m2 et le m1 dans un proche avenir. Il convient de relever encore que le canton accueille sur son territoire le siège mondial de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) et celui du WWF.

Il existe en fait une somme intéressante de compétences et de collections en terre vaudoise qui prédisposent le canton à pouvoir jouer un rôle actif sur les thèmes des changements climatiques et de la biodiversité, auquel peuvent contribuer des institutions hôtes du Palais de Rumine, avec peut-être de surcroît la possibilité d’intéresser des tiers et de susciter des financements extérieurs.

L’intérêt de cette réflexion convainc le Conseil d’Etat de la faire intégrer dans les études que devra développer la commission de programmation. Il insiste sur le fait que la mise en oeuvre de ce fil rouge devrait s’intégrer dans le plan plus vaste des institutions sises dans le Palais, dont les points forts des collections et les missions sont de natures très diverses et impliquent par conséquent une politique de programmation en cohérence.

L’illustration de cet article représente l’affiche de l’exposition itinérante “toile de vie” du Forum biodiversité suisse, dont je souhaite qu’elle puisse être accueillie à la Riponne avant même le départ du Musée des Beaux-Arts…

J’espère que cette orientation des institutions établies à la Riponne pourra être saluée par ceux qui souhaitent ne pas vider le centre ville de ses activités artisitiques et muséales. Je pense tout particulièrement aux Verts lausannois qui devraient être capables de mettre en balance l’impact sur l’environnement somme toute modeste du nouveau musée au bord du lac et l’enjeu considérable d’une bonne compréhension par le plus grand nombre des changements climatiques sur la biodiversité.

La discussion est ouverte!

5 réflexions au sujet de « Biodiversité et changements climatiques s’invitent à la Riponne »

  1. Dire que l’on va fabriquer une vitrine “environnementale” à  Rumine pour favoriser le bétonnage de Bellerive est incohérent: d’un côté on fait de la pub où l’on chante les merveilles de la nature, de la biodiversité et du paysage et de l’autre on détruit ce que l’on chante. Sans compter que toute disparition de terrain vivant est une contribution au dérèglement climatique que l’on feint de déplorer par ailleurs! Comment le civisme et la confiance dans les autorités peuvent-ils trouver leur compte dans cette schizophrénie du Conseil d’Etat?
    En l’absence d’un bilan écologique et économique vraiment transparent et non politique, l’opération MBA à  Bellerive est totalement injustifiée en l’état. Mais un tel bilan est-il pensable quand on voit que l’Etat de Vaud refuse à  ce jour de faire apparaître dans les statistiques fédérales ses bilans de pertes de terrain naturel. Et quid des coûts de fonctionnement du futur MBA? Je ne suis qu’un conseiller communal Vert lausannois parmi d’autres, mais j’espère que, effectivement, nous disposerons d’un vrai bilan avant de devoir voter sur l’octroi d’un droit de superficie pour ce bloc de béton où l’art et l’écologie ont tout à  perdre.

  2. Monsieur le Conseiller communal, cher Pierre,

    Je renonce définitivement à  te convaincre que l’environnement a plus à  gagner qu’à  perdre de l’édification à  Bellerive du nouveau Musée des Beaux-Arts et du développement de la recherche et de la vulgarisation autour des thèmes de la biodiversité et des changements climatiques dans le cadre de la réaffectation du Palais de Rumine.

    Je te demande simplement d’admettre que le terrain en question n’a rien de naturel puisqu’il s’agit de remblais mis en place en vue de l’Expo de 1964. J’aurais probablement été à  tes côtés pour m’opposer au comblement du lac si cette opération avait été proposée aujourd’hui. Mais cela n’aurait pas été nécessaire, car la loi sur l’aménagement du territoire et la loi sur la protection de l’environnement – qui ont été adoptées depuis lors – l’auraient tout simplement interdit.

    La commission du Grand Conseil concernant le crédit d’étude pour le nMBA siègeait cet après-midi. Dans ce cadre, un député vert a même mis en garde contre le fait que ces remblais seraient “probablement pollués, comme cela a été le cas des terrains sur lesquels a été édifiée l’usine Tridel”. En conséquence, je vous suggère d’accorder vos violons et de présenter au Conseil d’Etat un bilan écologique sérieux démontrant que ce lieu ne supporterait aucun aménagement. Pas même un but de promenade ou une piste cyclable…

  3. Au niveau fédéral – et international! – la biodiversité devient un enjeu majeur, si j’en crois les déclarations faites aujourd’hui même par notre ministre de l’Environnement Moritz Leuenberger à  Bonn: http://www.bafu.admin.ch/aktuell/medieninformation/00004/index.html?lang=fr&msg-id=19091

    Je déplore cependant que le seul lien qui soit fait entre biodiversité et changements climatiques concerne la diversité des essences plantées pour reconstituer des forêts fonctionnant comme des “puits de carbone”. En revanche, je peux saluer le fait que la Suisse prend ses distances par rapport à  l’idée de planter des arbres génétiquement modifiés dans ce but. Même si… ces nouvelles espèces constituent un apport concret à  la biodiversité!

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