Taxe Tobin: le G20 temporise

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(source: www.planetenonviolence.org)

Le Temps et l’Agefi annonçaient le 24 septembre 2009 que le G20 semblait décidé à concrétiser la vieille idée du prix Nobel d’économie en introduisant une “taxe Tobin” sur les transactions financières. Neuf mois plus tard, à Toronto (Canada), il semble que la montagne ait accouché d’une énième souris. Mai, j’en suis certain, l’idée de James Tobin finira par s’imposer comme une évidence.

Contrairement à une idée largement répendue, Tobin n’a jamais envisagé de taxer toutes les transactions boursières. Et encore moins les activités bancaires dans leur ensemble. En effet, une taxation supplémentaire de ces dernières pourrait bien, au final, accroître la pression sur les rendements à court terme.

Au contraire, la “taxe Tobin” sur les transations monétaires (entre 0,5 et 1%) serait de nature à limiter fortement la spéculation sur les monnaies. Il est en effet possible aujourd’hui de miser à la hausse ou à la baisse sur le cours de telle ou telle monnaie avec de l’argent qui ne vous appartient pas. Vous pouvez emprunter jusqu’à 400 fois votre mise de base (effet levier) et réaliser ainsi des bénéfices qui n’ont rien à voir avec la compétitivité de l’économie dont la monnaie s’est (temporairement) appréciée. En l’absence d’une telle taxe, si la monnaie sur laquelle vous avez misé (avec un levier de 400) s’apprécie de 0,1%, vous encaissez un bénéfice immédiat de 40% (moins les frais de courtage) en quelques heures ou en quelques jours.

Pire, cette spéculation peut rapidement annihiler les avantages compétitifs de l’économie dont la monnaie est ainsi surévaluée. Si les mouvements spéculatifs peuvent rapidement se réorienter, il n’en va pas de même de l’économie réelle des pays qui en sont victimes. Réorienter un appareil de production prend des années et ces efforts peuvent être anéantis par ces imprévisibles mouvements boursiers.

D’un point de vue économique, il est donc parfaitement raisonnable de taxer les opérations sur les marchés monétaires de sorte que le taux de change reflète essentiellement le rapport de compétitivité entre les monnaies. Dans l’idéal, les transactions sur les marchés monétaires devraient refléter le volume des échanges dans l’économie réelle: le franc suisse devrait s’apprécier parce que le reste du monde veut acheter des produits qui se paient dans cette monnaie.

Une “taxe Tobin” sur les transactions financières stopperait immédiatement les opérations spéculatives sur les monnaies. Du coup, son rendement serait bien plus faible que ce que certains imaginent. Sans parler des coûts de sa perception. N’en reste pas moins qu’elle produirait un double bénéfice: de nouvelles recettes importantes pour les collectivités publiques, et une meilleure prise en compte des fondamentaux de l’économie réelle. Le G20 osera-t-il saisir l’occasion de concrétiser une idée nobelisée voici près de 30 ans?

PS: Je m’aperçois qu’il s’agit-là du millième article sur mon blog. Pas mal, non?

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