(voir vidéo du BIC sur Daily Motion)
C’est devenu une tradition. Pour la quatrième année consécutive, j’ai pu présenter, lors d’une conférence de presse le 11 avril 2011, le bilan de la mobilité des Vaudoises et des Vaudois en 2010. Et, pour la quatrième fois, on constate que les transports publics gagnent des parts de marché sur la voiture. Ainsi, l’objectif ambitieux inscrit dans le programme de législature 2007-2012 du Conseil d’Etat devrait-il être atteint: le trafic individuel motorisé pourrait être réduit à 70% en 2012, contre 77% en 2000. (voir la présentation du 11.04.11, pdf 1,9 Mo)
Le microrecensement “transports et mobilité”, qui fournit des données statistiques précises sur les habitudes de déplacement (route, transports publics, vélo, marche à pieds, loisir, travail, etc.) n’est réalisé que tous les cinq ans. Les résultats du microrecensement 2010 ne seront connus qu’à la fin de 2011. Afin d’ajuster la politique des transports et d’en évaluer les résultats, j’ai demandé au Service vaudois de la mobilité (SM) de mesurer annuellement les flux de trafic à travers divers “écrans” placés entre les agglomérations et différentes régions du canton pour obtenir des valeurs intermédiaires.
Selon les données ainsi recensées, les transports publics gagnent du terrain sur le transport individuel motorisé (voiture, moto). Avec une croissance de 3,5% en 2010 par rapport à 2009, les transports publics progressent deux fois plus vite que la voiture (1,8%). Ce faisant, ils gagnent 0,3% de part modale. Cela peut par tre faible, mais en valeur absolue cela représente des milliers de véhicules qui ne sont pas venus gonfler les colonnes de voitures qui déferlent chaque jour sur nos routes et autoroutes!
Cette progression favorable est sensiblement plus forte sur l’Arc lémanique et aux abords de l’agglomération Lausanne-Morges. Tant mieux, car c’est là que se concentrent les flux de trafic les plus intenses et les problèmes de circulation les plus graves!
Cependant, les régions dites “périphériques” ne sont pas en reste. C’est ainsi que la part des transports publics entre Yverdon-les-Bains et le canton de Neuch tel détient le record avec 35% (contre 29% entre Lausanne et Genève). Autre exemple réjouissant, l’amélioration de l’offre ferroviaire attire “automatiquement” une nouvelle clientèle, comme ce fut le cas dans la Broye avec l’introduction d’une nouvelle offre Regio Express à destination de Lausanne qui a réveillé une demande jusque là anémique.
Seule ombre au tableau, la mobilité globale (+2,1%) continue de croître plus rapidement que la population (+1,5%) et que le PIB. Cette tendance n’est guère compatible avec le développement durable qui postule au contraire que la croissance économique devrait se déconnecter de la consommation de ressources et des impacts sur l’environnement. Malgré la forte augmentation de l’utilisation des transports publics, on a compté plus de voitures sur nos routes en 2010 et donc plus d’énergie, de pollution et de temps improductif. S’il est relativement facile d’améliorer l’offre et l’utilisation des transports publics, modifier cette tendance lourde va prendre du temps. Il faut pour cela mettre en oeuvre le Plan directeur cantonal d’aménagement du territoire et stopper le mitage du sol qui résulte d’un éloignement croissant des lieux d’habitation par rapport aux emplois. Il faut “construire la ville en ville” en créant des logements à loyers abordables dans les zones urbanisées et bien desservies par les transports publics. Il est aussi nécessaire de construire des quartiers où se mélangent logements et emplois (mixité fonctionnelle). De cette manière, il devrait être de plus en plus aisé de trouver un logement qui ne nous oblige pas à posséder une ou deux voitures, et un emploi accessible en transports publics, voire en vélo ou encore à pieds. Cette vision est largement partagée, mais elle mettra des années, voire des décennies à se concrétiser.