Développement durable au service des routes: un paradoxe?

(source: http://www.colas.ch/)

Construire et entretenir des routes pourrait passer, aux yeux de certains, comme une activité anti-écologique par définition. Et voilà que le service vaudois des routes se dote d’un Agenda 21 et publiait, la semaine dernière, une brochure de la série “Jalons” intitulée “Le développement durable au service des routes” (voir Jalons No 10, pdf 2,5 Mo). Faut-il parler de “greenwashing”? Le service des routes cherche-t-il à se donner bonne conscience?

C’est plutôt le contraire! Avec ses quelque 500 collaborateurs, son budget de fonctionnement de CHF 100 mios et un budget d’investissement de CHF 65 mios par an, le Service des routes est, au niveau de l’Etat de Vaud, l’un des plus gros consommateurs de matériaux et de carburant, certainement le plus gros producteur de déchets et l’un des principaux acteurs de la sécurité. C’est dire à quel point il est important que ce service intègre les principes du développement durable dans l’ensemble de ses activités. Les effets favorables sont à la hauteur des enjeux!

L’adoption de cet Agenda 21 a conduit le service des routes, au travers d’une démarche participative, à fixer 26 actions concrètes dans le domaine du développement durable.

Tous les domaines d’activité sont concernés:

  • utilisation de matériaux recyclés, recours à des procédés moins polluants (par exemple, enrobés bitumineux posés “à tiède”),
  • limitation des déchets mis en décharge,
  • recours à des enrobés phono-absorbants,
  • minimisation de la consommation d’énergie des tunnels (éclairage, ventilation, etc.),
  • prise en compte des cyclistes et des piétons dans tous les aménagements routiers,
  • optimisation des cycles d’entretien pour minimiser les coûts,
  • utilisation de nouvelles technologies, telles que les structures porteuses en béton allégé pour les ouvrages d’art,
  • minimisation des quantités de sel utilisées pour le déverglaçage des chaussées,
  • priorité donnée aux aspects sécuritaires (réduction de l’accidentologie),
  • acquisition d’équipements et actions pour améliorer la sécurité et la santé des collaborateurs,
  • avantage accordé, dans le cadre de l’attribution des marchés publics, aux entreprises ayant investi dans le développement durable,
  • écologie au bureau,
  • amélioration continue de la satisfaction des collaboratrices et collaborateurs au travers d’une enquête régulière de satisfaction du personnel,
  • etc.

Il ne s’agit surtout pas de belles promesses. Au contraire, la plupart de ces actions sont déjà engagées depuis plusieurs années et j’ai souhaité que ce “Jalons” en fasse la synthèse et permette la vulgarisation de ces bonnes pratiques dans les communes, voire au-delà des frontières cantonales.

C’est aussi pour moi l’occasion de féliciter les collaboratrices et collaborateurs du Service des routes qui ont parfaitement intégré les exigences du développement durable. En effet, nombre de propositions d’actions émanent du service lui-même et pas d’instructions du chef de département écologiste. J’ai ainsi de bonnes raisons de croire qu’un changement de sensibilité politique à la tête du département des infrastructures ne devrait pas remettre en question ces acquis. C’est ce que mon ami Luc Recordon appelle la “naturalisation des idées”…

2 réflexions au sujet de « Développement durable au service des routes: un paradoxe? »

  1. Toutes cette surface bétonnée, c’est de la perte d’énergie.
    Serait-il possible d’utiliser cette surface pour récupérer la chaleur, produire de l’électricité?
    Est-ce que les verts ont des idées?

  2. Mis à part la H144 entre Rennaz (VD) et Les Evouettes (VS), d’une longueur totale de 4,3 km, on n’a guère construit de nouvelles routes cantonales dans ce canton au cours des 20 dernières années et le réseau totalise toujours environ 1’500 km.

    Mais l’entretien de ce réseau – renouvellement des revêtements une fois tous les 15-20 ans, réfection des ouvrages d’art, etc. – génère de grandes quantités de déchets, engloutit d’énormes masses de matériaux dont la mise en oeuvre consomme une impressionnante quantité d’énergie. Et si l’on n’entretient pas ces infrastructures, la facture financière et écologique explose! La route du Golf – entre le Chalet-à-Gobet et le Grand-Mont – représente un triste exemple de ce principe, puisque qu’elle devra être pratiquement entièrement reconstruite jusque dans ses fondations, rongées par le gel et le ruissellement des eaux.

    Il est effectivement possible d’utiliser une route pour produire de l’énergie. Voir: http://www.piezoelectrique.com/article7/route-piezoelectrique-generer-de-l-electricite-avec-la-circulation-routiere. S’il fallait implémenter une telle technologie, ce serait d’abord sur les autoroutes. Or celles-ci appartiennent aujourd’hui à la Confédération…

    Cela dit, un revêtement routier bien entretenu limite le frottement entre le pneu et la route, lequel représente une grosse part de la consommation d’énergie des véhicules (dépend de la vitesse). C’est la raison principale pour laquelle le train bat la voiture à plat de couture: la résistance au roulement des roues en fer sur le fer!

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