(Source: 24 Heures, 26.11.2015, publireportage sur la Range Rover Sport SVR, 17,4 l/100 km, Thierry Meyer, rédacteur en chef, pdf 1,3 Mo)

Cela faisait un moment que je me demandais comment le quotidien 24 Heures pouvait justifier le publireportage hebdomadaire “Essai Auto”, tout en publiant des articles de fond sur le développement durable et ce genre de choses… C’est bien sûr en raison des importantes recettes publicitaires provenant des constructeurs automobiles (en fin de compte financées par les automobilistes, ces fameuses “vaches à lait”). Mais, le 26 novembre 2015, je me suis littéralement étranglé en lisant un publireportage à la gloire de la nouvelle Range Rover Sport SVR: 2333 kg, 550 CV, 0-100 km/h en 4,7 sec. et 17,4 l/100km, pour seulement CHF 154’900.-. Je savais que ce genre de trucs existaient et que les propriétaires de VW s’y intéressent, mais je n’avais jamais imaginé que le rédacteur en chef de l’un des principaux quotidiens suisses puisse se commettre dans un tel exercice!… Voilà qui jette un regard glaçant sur l’éditorial signé par ce même Thierry Meyer et publié le surlendemain au sujet de la Conférence de Paris sur le climat (COP21)…

Je l’avais appris à mes dépens, Thierry Meyer n’est pas que le rédacteur en chef de 24 Heures, il s’occupe de tout! Même de demander au Syndic de Prilly de modifier un courrier de lecteur trop favorable à François Marthaler suite à un article assassin paru le 22 août 2009 dans le “grand quotidien vaudois”… Alors, je n’ai même pas été trop surpris de trouver sa signature au bas de cet article à la gloire de ce “carrosse survitaminé”, qui émet trois fois plus de CO2 que la moyenne maximale autorisée en Suisse. Tout au long de l’article narratif, écrit à la première personne du singulier, on sent qu’on a affaire à une plume exercée. “La Range devient missile balistique.” “Le double-tonne à suspension pneumatique vire à plat, sans dérive, campé sur ses énormes pneus (295/40).”

Même si le journaliste semble se dédouaner dans sa conclusion, en qualifiant ce 4×4 hors normes de “totalement déraisonnable”, cette ode à la démesure disqualifie à mes yeux complètement l’éditorial signé le surlendemain. “Davantage de routes, de voitures, de camions, à l’heure du combat contre le réchauffement climatique, est-ce bien raisonnable?”, se demande le rédacteur en chef, avant de saluer “l’émergence d’une génération où le partage pourrait prendre le pas sur la possession”. En fait, Thierry Meyer devrait avoir le courage de répondre oui à sa question introductive et proposer de faire comme James Bond: foncer dans le mur et s’éjecter avec son siège au dernier moment!