Tous les jours dimanche sans voiture!

(Source: L’Illustré, Singulière promenade du dimanche,  Déambuler sur une autoroute était une activité dominicale particulièrement prisée durant l’interdiction de circuler en novembre 1973.)

Face à la crise du COVID-19, nous sommes tous saisis d’une impression ambivalente. Entre ambiance post-apocalyptique et quiétude de vacances inattendues… Âgé aujourd’hui de 60 ans, je me posais la question de savoir si j’avais vécu quelque chose d’approchant dans ma vie. Évidemment non, puisque le dernier épisode à peu près comparable remonte à la grippe espagnole de 1918-1919! Cependant, la situation présente évoque pour moi les dimanches sans voiture institués en Suisse après la première crise pétrolière de 1973. Des souvenirs pétillants!Comme aujourd’hui, une grave récession économique menaçait, ce qui n’empêchait pas les Suisses de profiter de ce moment d’exception. A l’époque, tous les commerces étaient effectivement fermés le dimanche et il n’y avait pas de shops dans les stations-service. En revanche, la mort ne rôdait pas comme c’est le cas aujourd’hui. Et, du lundi au dimanche suivant, l’activité reprenait son cours normal…

J’avais alors 13 ans et j’en conserve un excellent souvenir. Comme une transgression généralisée et autorisée des règles de fonctionnement de la société, à commencer par le code de la route…

Mais la crise du COVID-19 conduit à d’autres interrogations et inquiétudes légitimes. La première d’entre elles est de savoir combien de temps cela va durer et quels seront les dégâts économiques et sociaux qui en résulteront…

Cette question m’a beaucoup intrigué ces derniers jours. On parle, selon les pays, d’un confinement (d’une partie) de la population de 2 à 5 semaines. Mais tous les commentateurs s’entendent pour dire que ce sera bien plus long

Comment est-ce qu’une pandémie virale s’arrête? Telle est la question essentielle! Et selon les spécialiste en épidémiologie, en l’absence de traitement et de vaccin, il faut attendre le stade de l’immunité grégaire. L’immunité grégaire (ou immunité de communauté ou immunité collective) est le phénomène par lequel la propagation d’une maladie contagieuse peut être enrayée dans une population si un certain pourcentage des individus est immunisé, par exemple par vaccination ou parce qu’après avoir été contaminés ils n’ont pas développé la maladie ou en ont guéri. Si, selon l’article de Wikipédia précité, le seuil d’immunité grégaire est atteint à partir d’environ 85%, j’ai lu que, pour le coronavirus, ce seuil pourrait être de 50-60%, ce qui me semble plutôt optimiste.

Comme il n’existe pas de vaccin à ce jour, il faudra donc que le COVID-19 infecte au moins 5 millions de personnes dans notre pays. A ce jour (20.03.2020), on recense quelque 4’000 personnes infectées (voir https://www.rts.ch/info/suisse/11177401-la-suisse-frole-jeudi-les-4000-cas-de-coronavirus-alain-berset-au-tessin.html). Certes, seules les personnes à risque ou hospitalisées sont testées. Si on imagine qu’elles ne représentent qu’un dixième des cas, on devrait en avoir 40’000. Et, si c’est un centième, 400’000. Il en faudra environ 120 fois plus pour atteindre le seuil d’immunité grégaire minimal de 50-60%. Et si 2-3% (chiffre souvent évoqué) meurent de cette affection, on pourrait enregistrer 100 à 150’000 morts. Un chiffre qui semble peu réaliste en regard des 3’500 morts enregistrés en Chine sur une population de 1,4 milliard d’individus (0.00025%). Dans cette dernière hypothèse, on serait à 22 décès sur une population suisse de 8,5 millions d’individus, ce qui semble plus réaliste. C’est aussi vingt fois moins que les accidents la route ou les suicides (ordres de grandeur).

A ce stade, il faut rappeler que la grippe espagnole de 2018-2019 a fait entre 50 et 100 millions de morts dans le monde (soit plus que les deux guerres mondiales!). Mais, pour d’aucuns, comparaison n’est pas raison: http://biosphere.ouvaton.org/blog/covid-19-droit-de-vivre-ou-de-mourir-suite/. De mémoire, la grippe espagnole a fait 25’000 victimes en Suisse.

J’avoue ne pas savoir ce qui va effectivement arriver et déplore que les autorités et les médias n’osent pas poser les chiffres sur la table…

Alors je me satisfais de constater les nombreuses manifestations de solidarité, comme ces applaudissements quotidiens aux fenêtres et balcons pour remercier les personnels soignants pour leur engagement.

Et j’espère que mes petits-enfants – qui, selon toute vraisemblance, développeront rapidement une immunité contre le virus – se souviendront de cet événement hors du commun comme d’un repère sur ce que la vie peut nous réserver! Et qu’ils sauront relativiser les choses quelles que soient les situations auxquelles ils pourront être confrontés dans leur existence…

Une réflexion au sujet de « Tous les jours dimanche sans voiture! »

  1. J’ai appris beaucoup de choses dans 24Heures du 21.03.2020, ce qui m’amène à publier un autre article corrigeant les erreurs de mon billet de blog d’hier…

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