Faire durer: un pilier essentiel du développement durable

(source: https://eustore.ifixit.com)

Sous le titre “Réparer, une stratégie marketing vertueuse”, le quotidien 24 Heures a publié, le 26 février 2020, un article de la journaliste Catherine Cochard consacré au retour en grâce de la réparation, à l’occasion d’une tournée de Patagonia qui propose la réparation gratuite de vêtements de sport pour encourager – notamment les jeunes – à opter pour des produits durables et réparables.

Interviewé dans ce cadre, j’en ai profité pour faire passer quelques messages qui me tiennent particulièrement à cœur (et qui peuvent nous faire oublier un instant le coronavirus…). A commencer par l’idée que la réparation a une dimension écologique, mais aussi économique et sociale: elle permet d’optimiser l’utilisation des ressources naturelles, tout en créant des emplois locaux à forte valeur ajoutée, favorisant globalement le pouvoir d’achat et en stimulant les solidarités et le recours à l’intelligence collective.

Je n’ai personnellement pas d’équipements de la marque Patagonia. En revanche, j’utilise depuis de nombreuses années un sac à dos de la marque allemande Vaude. Alors j’ai été très heureux de découvrir, il y a 2 ans, que Vaude a confié à iFixit le soin de diffuser les guides de réparation de ses produits et de distribuer les pièces détachées utiles pour ces réparations (voir https://eustore.ifixit.com/fr/Pi-ces-detachees/Pi-ces-detachees-Vaude/).

Il y a peu, iFixit annonçait, avec une fierté légitime, avoir vendu plus d’un million d’écrans pour iPhone. Avec un prix d’environ CHF 100.-/pièce, cela représente un chiffre d’affaires d’environ 100 millions de francs et une marge d’environ 20 millions de francs. Voilà qui explique comment l’organisation a pu créer aux USA et en Europe quelque 400 postes de travail (dont un nombre inconnu de bénévoles). Il est pour moi très rassurant de voir que l’on peut œuvrer pour plus d’écologie, tout en créant de la valeur ajoutée, qui plus est, en contrecarrant les stratégies d’obsolescence programmée d’un géant comme Apple (actuellement, première capitalisation boursière au Monde, devant les grandes compagnies pétrolières!). Et le fait que Apple ait vendu plus d’un milliard d’iPhone durant la même période ne change rien au constat: il est possible de s’engager sur la voie du développement durable sans attendre l’effondrement du système capitaliste et du prêt-à-jeter. Et même en profitant de la libre circulation des bonnes idées et des pièces détachées!

L’article de 24 Heures comporte encore un encart mentionnant la volonté de la Fédération Romande des Consommateurs (FRC) de réclamer l’augmentation de la durée minimum légale de garantie ou l’affichage d’un indice de réparabilité, comme c’est le cas en France (un sujet que je connais bien pour participer au Club de la Durabilité initié par HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée) qui est à l’origine de ces propositions.

Mais il est difficile de définir ce qu’est un produit irréparable. Certes, l’indisponibilité des pièces détachées chez le fabricant ou ses distributeurs est un handicap, mais il existe très souvent des pièces génériques ou d’occasion faciles à trouver sur le web. Quant au caractère indémontable de nombreux appareils, ifixit fournit des guides de réparation et des outils permettant de réparer les produits contre la volonté des constructeurs, au premier rang desquels on trouve Apple. A l’inverse, un produit éminemment réparable ne le sera pas s’il est impossible de se fournir une pièce qui n’est plus fabriquée 5-6 ans après l’achat. Sur ce point, la seule réponse crédible est la normalisation des composants, de sorte à pouvoir disposer d’une pièce de rechange bon marché (car produite en grande quantité) même lorsque le fabricant a cessé de la produire.

L’article n’étant accessible qu’aux abonnés, je publie la page en question avec l’accord de la rédaction. Lire l’article complet: 2020.02.26_page_7_24heures_REGION_2020-02-26, 467 ko)

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