Transition énergétique: menaces vs solutions

(Source: exposé de Marc Müller devant les actionnaires du GroupE, 25.07.2021)

Marc Müller est présenté comme animateur à la RTS (Radio Télévision Suisse) et “influenceur”. Il a été invité le 25.07.2021 à partager ses visions devant un parterre d’actionnaires de la société de distribution d’énergie fribourgeoise GroupE. Un ingénieur en énergie, cofondateur avec Jonas Schneiter de Nous Production et qui m’avait interviewé dans le cadre de l’émission commandée par la RTS (voir https://blogs.verts-vd.ch/marthaler/2021/chez-why-deja-beau/). Son réquisitoire pour la transition énergétique est sans appel, mais il ne propose guère de solution…

Pour une raison que je ne m’explique pas – même si cela me parle – il pointe l’industrie aéronautique et le projet de transition vers des avions fonctionnant avec des carburants de synthèse ou de l’hydrogène. Il évalue l’énergie nécessaire à la production de ces carburants alternatifs à l’équivalent de plusieurs centrales nucléaires du type Gösgen, rien que pour les vols au départ de l’aéroport de Genève. On devine que sa proposition n’est pas de construire une dizaine de centrales nucléaires à proximité de l’aéroport du bout du lac. En d’autres termes, et si j’ai bien compris, il faudrait interdire le trafic aérien, sans attendre que les jeunes de Extinction Rébellion ne prennent le pouvoir. Pour ma part, je vote pour!

En effet, je prends l’avion environ une fois tous les 10 ans et la suppression du trafic aérien ne me poserait pas de problème existentiel. La crise de la COVID a en outre montré que les rencontres par visioconférence – même si cela n’équivaut pas les échanges en présentiel – permettent d’éviter de nombreux déplacements à longue distance par avion.

Cependant, le trafic aérien ne représentait, avant la crise du COVID, que 2% de la consommation globale d’énergie (c’est Marc Müller qui le dit). Pour ce qui me concerne – et en général – le logement représente environ 50% de la consommation d’énergie fossile. Je suis propriétaire d’une maison de deux logements construite en 1930 à Prilly (Lausanne). A l’origine, elle était chauffée au charbon. Aujourd’hui, elle l’est au gaz naturel. Après avoir remplacé toutes les fenêtres par du triple vitrage, nous avons envisagé avec nos copropriétaires de refaire entièrement l’isolation du bâtiment: toiture, murs extérieurs, sous-sol. Le coût estimé de l’opération serait si important qu’il ne se justifie pas économiquement. De plus, la maison, dessinée par un  architecte à la fin des années 1920, y perdrait totalement son caractère. D’un point de vue écologique, il faudrait la raser et reconstruire un immeuble neuf, ce à quoi ne ne pouvons nous résoudre…

Il n’en reste pas moins que si les objectifs climatiques sont respectés d’ici 2050 et que les services industriels de Lausanne ne fournirons plus de gaz naturel, nos héritiers (car je serai décédé) seront à leur tour confrontés au même dilemme: détruire et reconstruire une maison vieille d’à peine 120 ans ou réapprendre à vivre avec 15 degrés à l’intérieur en hiver…

 

 

3 réflexions au sujet de « Transition énergétique: menaces vs solutions »

  1. Pour la rénovation de votre maison, en ce qui concerne le volet économique : des prêts à intérêt zéro permettraient votre rénovation, il faudrait évidemment prévoir des conditions qui s’appliqueraient au moment de la vente de la maison …
    Quant au volet architectural : quel magnifique défi pour les architectes de rénover cette maison sans qu’elle perde de “son cachet”. Pendant trop longtemps les architectes ont privilégié le côté “image” de leur métier, en négligeant totalement le côté “usage” (il y a de tristes exemples dans le canton de Vaud). Il est temps maintenant pour les architectes de rectifier le tir. La rénovation des bâtiments, voici leur nouveau défi pour équilibrer l’image et l’usage !!

  2. Merci pour votre commentaire. Cependant, une isolation extérieure ferait immanquablement disparaître les corniches et moulures diverses. L’isolation entre murs ne serait pas suffisante et une isolation intérieure laisserait beaucoup trop de ponts de froid, tout en détruisant à terme les têtes de poutres.
    Bien sûr, il serait imaginable de recréer des moulures (on le voit de temps à autres), mais cela ferait peu de sens du point du vue du patrimoine…
    Cordialement.

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