Semaine de la mobilité 2007

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Ces dernières années, la semaine européenne de la mobilité se limitait à la traditionnelle journée “En ville sans ma voiture” du 22 septembre. Cette action ne concernait guère que Lausanne et permettait aux convaincus (ATE, Pro Vélo, Lausanne Roule, CFF, tl, Mobility Carsharing, etc.) de se compter le long d’une rue fermée au trafic. En 2006, l’ensemble des entreprises de transport du canton étaient concernées du mardi au samedi (notamment par l’action “carte grise”). Cette année, on peut dire que “la mayonnaise a pris” et je dois remercier chaleureusement les quelque 24 communes qui ensemble ont organisé plus d’une centaine d’actions (voir liste des communes participantes).

Sous le titre “une heure et demie en transports publics ou… vingt minutes en voiture”, 24 Heures du samedi 22 septembre, sous la plume de Sylvain Müller, met un sérieux bémol à l’invitation faite par les pouvoirs publics à privilégier les transports en commun et les mobilités douces. Il faut dire que l’exemple est particulièrement bien choisi.

Vufflens-la Ville appartiendra au district du Gros-de-Vaud (chef-lieu Echallens) dès le 01.01.08, alors qu’elle était rattachée jusqu’ici au district de Cossonay, dont le chef-lieu se trouvait à un arrêt CFF du village. En conséquence, pour se rendre en transports publics à la préfecture, un habitant de Vufflens-la-Ville devra emprunter les CFF jusqu’à Lausanne, puis le LEB jusqu’à Echallens. Durée du trajet (y compris déplacements à pied): 1h30 x 2 = 3h, contre 40 minutes en voiture. D’où la conclusion: “difficile, dans ces conditions, de convaincre les automobilistes de laisser leur voiture au garage”. Ainsi le citoyen motorisé se sent-il absout par la toute puissance de “l’exemple concret”.

Sans remettre en cause la justesse du calcul de 24 Heures, je me permets d’y ajouter les quelques réflexions suivantes:

  • Les déplacements des habitants de Vufflens-la-Ville ont essentiellement pour destination Lausanne, Morges ou Yverdon. Ainsi, l’écrasante majorité de ces déplacements sera-t-elle favorisée par l’extension de la communauté tarifaire Mobilis, par la création d’un P+R et, à plus long terme, par l’amélioration de la desserte RER (voir “Les transports publics vaudois à l’horizon 2020”).
  • En 2000 (recensement fédéral de la population), 58% des habitants de l’agglomération Lausanne-Morges effectuaient leurs déplacements domicile-travail en voiture. Cette part n’était que de 40% à B le ou à Berne (47% à Zurich). Le but de la semaine de la mobilité n’est pas de convaincre les Vaudoises et les Vaudois d’effectuer tous leurs trajets en transports publics ou à vélo, mais de tendre vers une répartition modale comparable à celle que l’on peut observer dans les grandes agglomérations de ce pays. Il suffit pour cela d’identifier un déplacement sur trois pouvant être effectué autrement qu’en voiture. Pour atteindre ce but, il n’est pas nécessaire de construire une ligne de chemin de fer entre Vufflens-la-Ville et Echallens.
  • Les 19 districts de 1803 étaient organisés de telle sorte que chaque citoyen puisse faire l’aller-retour au chef-lieu en moins d’une journée à pied ou à cheval. A l’heure de la cyberadministration, je pense qu’une part croissante des actes administratifs pourra se faire par Internet sans qu’il soit besoin de se déplacer au chef-lieu de district. A titre personnel, je crois qu’en 20 ans je n’ai pas eu à faire plus de deux fois un tel déplacement, l’écrasante majorité des questions se règlant par courrier, téléphone ou Internet. En charge de l’informatique cantonale, je m’engage fortement pour simplifier les relations entre l’Etat et les citoyens.
  • J’ai habité plus de 10 ans avec ma famille à Vufflens-la-Ville. Jusqu’à ce que nous fassions le choix de revenir en ville. Conséquence immédiate, le nombre de kilomètres parcourus en voiture a fondu, passant de 22’000 km à moins de 10’000 km (principalement des déplacements professionnels de ma femme qui n’a guère le choix). Or l’agglomération Lausanne-Morges pourrait accueillir jusqu’à 130’000 habitants et emplois, dans un périmètre extrêmement bien desservi et accessible par les transports publics. Aménager le territoire selon les principes du plan directeur cantonal (urbanisation vers l’intérieur) constitue probablement la réponse la plus efficace au défi de la mobilité. Pour en convaincre tout le monde, il faudra encore de nombreuses semaines de la mobilité!

J’espère simplement que les élus municipaux qui se sont mouillés durant cette semaine de la mobilité 2007 n’auront pas été démotivés par la “démonstration” de 24 Heures.

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