Le consommateur a du mal à lutter contre les arnaques informatiques

(source: http://www.brother.ch/display.cfm/id/110973/disp_type/display/filename/hl4040cn_ma.jpg)

J’ai rédigé peu d’articles sur mon blog ces derniers temps, occupé que j’étais par les problèmes rencontrés avec mon imprimante… Trois semaines de courriels et téléphones avec les fournisseurs, de recherches sur les différents forums du web et relecture du manuel d’utilisation pour éviter d’envoyer la machine en “réparation” et de s’en faire enfiler une nouvelle! Alors, si cela peut inciter quelques personnes à ne pas se laisser avoir, je relate ci-dessous ma mésaventure et les bons trucs pour y remédier…

Achetée CHF 550.- en décembre 2008, sur Internet, mon imprimante laser couleur Brother HL-4040CN m’a donné entière satisfaction jusqu’en mai 2011. Il faut dire que je l’utilise très peu, privilégiant les courriels et autres moyens de communication “dématérialisés”. La machine m’a alors annoncé, coup sur coup, que la cartouche de toner noir, puis les 3 autres étaient vides!

Docilement, je me suis rendu sur le site du fournisseur pour découvrir que la cartouche noir (faible capacité) coûtait CHF 75.- et les cartouches cyan, magenta et jaune coûtaient chacune CHF 95.-, soit CHF 360.- au total ou 2/3 du prix de l’imprimante (scandaleusement bon marché, il est vrai)! Décidé à ne pas me laisser tondre et surtout persuadé qu’il y avait une arnaque, car il était impossible que les 4 cartouches soient vides en même temps, je me suis mis en quête d’une solution technique. Que j’ai trouvée sur https://www.fixyourownprinter.com/, un fabuleux site états-unien qui propose des conseils do-it-yourself pour dépanner n’importe quelle imprimante, le cas échéant en achetant un kit de réparation accompagné d’une vidéo présentant chaque étape de l’intervention de démontage et remontage.

C’est sur le forum de www.fixyourownprinter.com que j’ai déniché la manipulation permettant de remettre à zéro le compteur de copies à l’origine du message indiquant que les cartouches étaient “vides”. Elle était signée d’un commerçant qui ne voulait pas croire que la cartouche jaune était vide, alors qu’il n’imprimait que ses factures avec un en-tête bleu! Il suffisait d’ouvrir le capot frontal, puis de presser simultanément les touches “cancel” et “reprint” pour faire apparaître un menu “secret” permettant de faire un “reset”. Inutile de dire que ce “truc” ne figurait nul part dans le manuel d’utilisation de l’imprimante! Un scandale qui mériterait que le fabricant soit traîner devant les tribunaux pour escroquerie!

La machine s’est donc aimablement remise à imprimer des pages et des pages, jusqu’en avril dernier. La cartouche noir était alors réellement vide. J’ai opté pour une cartouche “compatible” (faussement appelée recyclée), 40% moins cher. C’était reparti! Mais pour moins longtemps que prévu, puisqu’en juillet, la cartouche s’est mise à faire un sale bruit d’engrenage qui patine. Ayant un urgent besoin d’imprimer des documents, j’ai commandé une cartouche d’origine chez mon fournisseur. Ayant soigneusement suivi les consignes de remplacement, j’ai rallumé l’imprimante qui a fait son setup et s’est déclarée “prête”. Pourtant, en imprimant la page test, aucun noir n’apparaissait. Et si je remettais la cartouche “compatible”, l’impression du noir fonctionnait (mal) mais avec du bruit. Aucune explication ni dans le manuel d’utilisation, ni chez les fournisseurs des cartouches “compatible” et “originale”, pas plus qu’au numéro d’appel Brother surtaxé (CHF 180.-/h) où l’on m’a expliqué que j’avais probablement endommagé l’imprimante en n’utilisant pas les cartouches du constructeur! (Encore une arnaque qui devrait être passible de prison!)

Je me suis alors mis en tête que la machine avait repéré la présence d’une cartouche “étrangère” (sans puce électronique) et que le fabricant cherchait par tous les moyens à me faire passer à la caisse.

J’ai finalement pris rendez-vous avec le technicien d’une petite entreprise locale et me suis rendu à l’atelier avec la machine défectueuse et les 2 cartouches. Il aura suffi de sortir puis remettre avec “conviction” le chariot supportant les cartouches pour que tout rentre dans l’ordre. Probablement un mauvais contact (sur plus d’une dizaine)… J’ai alors appris du technicien une autre facette de l’arnaque organisée par les fabricants: les cartouches qui équipent les imprimantes neuves ne seraient remplies qu’à moitié de leur capacité pour amener les clients plus rapidement à repasser à la caisse…

Bon, mon chemin de croix n’était pas terminé… Mais je vous ferai grâce de la narration de mes tribulations avec la désinstallation, réinstallation de l’imprimante et du driver sur mon vieux PowerBook G4 de 2004. Et pour que cela fonctionne aussi depuis l’autre Mac plus récent via le réseau WiFi…

Libéré de ma charge de Conseiller d’Etat, j’ai pu prendre le temps nécessaire à trouver les solutions à mes problèmes. Mais, en d’autres circonstances, je n’aurais probablement pas eu d’autre choix que de passer à la caisse, voire de remplacer l’appareil et inciter les fabricant à pousser encore un peu plus loin leur racket et le gaspillage des ressources de notre planète!

En bon consomm’acteur, il me reste à documenter mon expérience sur un forum spécialisé en espérant que cela puisse servir à d’autres. Par exemple sur http://sosimprimante.com/.

8 réflexions au sujet de « Le consommateur a du mal à lutter contre les arnaques informatiques »

  1. Hello,

    Bien que j’agrée dans l’ensemble, je me permettrais d’être légèrement en désacord sur un point: Le fait que les cartouches livrées avec un imprimante soient vide n’est pas une arnaque (ou est-il dit que c’est le cas?), et n’est pas forcément à l’avantage des constructeurs.

    Je renvois les lecteurs à mon billet sur le sujet, qui n’est pas si simple :
    http://www.ixanet.ch/blog/2012/03/ca-me-coute-moins-cher-de-racheter-une-imprimante/

    Bonne lecture.

  2. Bonjour,
    Votre témoignage de professionnel est très instructif et confirme tout ce que je dénonce dans mon papier. Mais je ne tire pas les mêmes conclusions que vous (les gentils constructeurs tentent de protéger leur marge et leurs emplois contre les indiens qui fabriquent des cartouches génériques). Au contraire, il s’agit d’un exemple de plus de l’arnaque baptisée “lock-in”: on donne pratiquement la machine qui ne fonctionne qu’avec de très lucratifs “consommables”. C’est le cas des capsules Nespresso, des grilles pour rasoirs, etc.
    J’en veux pour preuve, dans le cas qui nous occupe, le fait que plus vite le compteur m’incite à acheter une nouvelle cartouche, plus tôt sera venu le moment d’acheter une cartouche générique.
    Et puis j’aimerais bien savoir combien coûte la fabrication du toner. Mon technicien me disait qu’un de ses clients avait calculé que son prix de vente était plus élevé que celui de l’or. Ce qui ne dit rien sur le prix de revient. En admettant qu’il soit aussi élevé, le scandale écologique des cartouches qu’il faut changer alors qu’elles ne sont pas vides se double d’une aberration économique. D’autant plus qu’il s’agit d’un déchet dangereux dont l’élimination est très coûteuse!
    La seule solution consiste pour les industriels à changer radicalement de modèle économique en suivant l’exemple de Xerox qui ne vend plus ni imprimante ni toner, mais des “clicks” (pages imprimées). Résultat: l’entreprise conçoit des produits durables, avec un minimum de pannes et de maintenance, qu’elle récupère en fin de vie pour valoriser tous les composants dans une logique d’économie circulaire (récupération des pièces détachées pour le service après-vente, des composants non sujet à obsolescence ni usure pour la fabrication des nouvelles machines et recyclage “matière” du reste). Voir à ce sujet http://www.product-life.org/ .

  3. ça me rappelle que l’histoire du logiciel libre a commencé avec une histoire d’imprimante au MIT, lorsque Richard Stallman avait rencontré un problème technique avec une imprimante dont le code source n’était pas libre mais propriétaire, alors que jusqu’à ce moment le code source était fourni avec les machines. Contrarié par cette mésaventure il se lança corps et âme dans son idéologie et fonda la FSF, peut-être ça vous donnera des idées 😉 ….

  4. Bonjour David! Votre histoire m’en rappelle une autre. Il y a une vingtaine d’années, mon collègue de La Bonne Combine avait complété le driver d’une vieille imprimante robuste à aiguilles (DEC LA50 de récupération) pour qu’elle puisse imprimer des gros chiffres pour les étiquettes de prix du magasin. Aux dernières nouvelles, la machine fonctionne toujours en 2012, sur un réseau… Linux!

  5. Ping : Critique de l’obscolescence programmée: Facebook et Youtube censurent-t-ils? | François Marthaler

  6. Hello, ça me fait penser à ma “vieille” imprimante qui régulièrement depuis plus d’une année se met à clignoter de ses 4 touches lumineuses à chaque allumage si l’ordinateur n’est pas aussi allumé. Pas moyen de l’éteindre sans retirer la prise. Si j’appuie sur les boutons activer et annuler en même temps, elle s’éteint et se rallume mais clignote toujours. Ce n’est qu’à la 4ème fois qu’elle s’allume correctement! Combien de personnes pensent peut-être que l’imprimante est fichue si le reset ne se fait pas tout de suite? Combien de personnes pensent à insister et refaire la manipulation 1, 2, 3 fois? Voilà un petit truc qui peut peut-être sauver quelques imprimantes de la casse!

  7. juste en parlant d’imprimante et d’écologie ! Les prisonniers aux EPO donc avec budget restreint .. c’est moins cher d’acheter une nouvelle imprimante que d’acheter les cartouches ….. société de consommation quand tu nous tiens !!!!

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