Coopération au développement durable


(source: http://opensourceecology.org/)

L’idée de machines et d’innovations non protégées par des brevets privés est en rapide progression. J’en suis de plus en plus convaincu: l’open hardware est sur le point de révolutionner nos modes de production et de consommation. Les produits fabriqués localement à l’aide des plans accessibles gratuitement sur Internet seront par définition réparables et donc plus durables. Ce faisant, les matières premières et les ressources finies seront utilisées de manière plus efficace, offrant la possibilité aux générations futures de subvenir à leurs besoins, comme l’exige le concept de développement durable.

Plus fondamentalement, l’open hardware pourrait modifier les rapports Nord-Sud et, du même coup, les modèles de coopération au développement, qui deviendrait une coopération au développement durable… Pour dire les choses simplement, cela fait longtemps que l’on privilégie la mise à disposition de cannes à pêche plutôt que la distribution de poissons, mais aujourd’hui les populations des pays dits en développement vont avoir accès direct aux plans leur permettant de fabriquer elles-mêmes, avec des matériaux locaux et aux coûts les plus bas, les cannes à pêche les plus appropriées. Et, pourquoi pas, de les exporter si le rapport qualité-prix est particulièrement avantageux…

En moins de 10 ans, les logiciels libres et open source se sont imposés sur la majorité des serveurs, ainsi que sur le web. Wikipedia est devenu la plus grande base de connaissances de l’Humanité et nous utilisons ces informations quotidiennement pour mieux comprendre le monde, voire pour le changer. La majeur partie des smartphones et des tablettes fonctionnent avec un système d’exploitation dérivé de GNU/Linux (Android, etc.). Les imprimantes 3D ont été conçues suivant le mode coopératif de l’open source hardware, leur permettant de se démocratiser très rapidement. Nombre d’entre elles sont exploitées dans des FabLab (laboratoires de fabrication), lesquels sont de plus en plus souvent équipés de tables de découpe laser et de machines-outils à commande numérique (CNC), elles aussi open source. Toutes ces informations et ces projets sont reliés entre eux via des plate-formes collaboratives du type de Wikipedia.

Une des caractéristiques de ce mouvement est que chacun évite de réinventer la roue et cherche à partir de quelque chose qui existe déjà. C’est ainsi que la plate-forme collaborative pour le développement d’une table de découpe laser (voir http://blog.opensourceecology.org/wp-content/uploads/2013/11/dozukilaser.jpg) réutilise celle de www.ifixit.com pour diffuser des guides de réparation (voir, par exemple, les guides de réparation des ordinateurs durables why!).

Les temps de développement s’en trouvent fortement raccourcis et le travail se concentre sur les seules réelles innovation.

Le projet Vélocar (hybride d’une voiture à pédales et d’un tricycle électrique) ambitionne de publier ses plans de construction complets d’ici Noël et les premiers engins devraient être livrables en juin 2014!

Le financement de ces développements emprunte aussi des voies nouvelles et coopératives, telles que le crowdfunding. Un grand nombre de dons (souvent de petites sommes) permettent de collecter à l’échelle planétaire et très rapidement des sommes parfois considérables.

J’en viens à me demander si ce modèle de coopération n’est pas particulièrement bien adapté pour l’action des ONG actives dans la coopération au développement. Pas besoin de chercher bien longtemps sur Internet des exemples d’approches de ce type. C’est, par exemple, le cas de InnovAfrica, avec un réseau local de téléphonie, des outils de cartographie, une station de radio ou une fraiseuse à commande numérique

L’importance de cette évolution n’a pas échappé à l’UNESCO, qui, dans un document récent consacré à cette question, cite notamment en exemple les AfriLabs. En fouillant dans cet univers foisonnant, on finit régulièrement par se retrouver à Boston, dans le célèbre MIT, qui semble être le principal berceau du mouvement (voir le site central des FabLab). Tiens, c’est marrant, c’est aussi au MIT que s’est tenu cette année le Sommet mondial de l’open hardware

Le sujet n’a pas fini de me passionner et j’y reviendrai certainement sur ce blog…

3 réflexions au sujet de « Coopération au développement durable »

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