Je ne jetterai pas mon or à la poubelle!

(source: huffpost.com)

Il y a plus de trois ans, je publiais un article de blog intitulé “Combien jetons-nous d’or à la poubelle?“. Depuis, je n’ai cessé de gentiment harceler mon ancien collègue Urs Schwaller, aujourd’hui Président de La Poste suisse. L’idée était que La Poste organise une collecte sécurisée avec une bonne traçabilité de toutes les cartes à puce, à commencer par les Postcard. Urs Schwaller a fini par donner des instructions à la direction générale. Fin octobre, j’ai à nouveau relancé les responsables de La Poste et, quelques jours plus tard, la réponse est tombée tel un couperet…Comme vous le devinez, la réponse m’a profondément déçu. Principalement en raison du fait qu’elle se fonde sur l’intérêt économique de Postfinance uniquement, sans prise en compte de l’intérêt pour La Poste d’une valorisation de ses capacités en matière de logistique et de traçabilité, et sans aucune considération des bénéfices en terme d’image pour l’ensemble du groupe.

L’abandon de toute idée de recyclage est justifié comme suit. “Notre fournisseur de cartes nous a indiqué que la teneur en or de 1’000 cartes est approximativement de 0.1 g. Pour 1 million de cartes et à condition qu’on puisse en récupérer tout l’or, on pourrait espérer regagner 100 g. […] D’un autre côté, il faut bien prendre en compte les répercussions environnementales et financières des transports qui sont nécessaires pour le ramassage des cartes, notamment sous l’angle sécuritaire. En conséquence, nous avons décidé de renoncer à poursuivre ce projet.”

Pourtant, de son côté, le Crédit Agricole poursuit la collecte des cartes à puce qu’il fait recycler chez Umicore (voir le rapport financier 2017 de l’agence Centre Loire, p. 32). Selon les échanges que j’ai pu avoir avec la direction du groupe bancaire français, cela représente environ 20 t par année ou 3’500’000 cartes à puce.

Chacun de nous possède environ 5 cartes à puces (yc calculette bancaire ou carte de fidélité) que nous remplaçons en moyenne chaque 2 ans, ce qui représente environ 15 millions de cartes par année. Bien que les chiffres de teneur en or indiqués par Postfinance me semblent sous-évalués, si on parvenait à en collecter 10 millions par année, soit environ 56 tonnes de cartes, on pourrait récupérer 1 kg d’or. Au cours actuel de l’or, cela représente environ CHF 50’000.- par an. Pas de quoi s’enrichir, il est vrai.

De son côté, le Crédit Agricole broie les cartes et envoie ce mélange de PVC à faible teneur en or chez le recycleur. Pour 56 t/an, cela représente 2 semi-remorques sur 2’000 km, avec un impact sur l’environnement non nul.

Alors je formule l’idée de découper uniquement les puces dorées qui représentent 3% de la surface et du poids des cartes pour ne transporter que moins de 2 t/an contenant environ 1 kg d’or et avec l’espoir de trouver une solution de recyclage pour les 97% de PVC restants.

Ceci pourrait constituer une activité pour un atelier protégé pour personnes handicapées. Il suffirait d’un emboutissoir, affûté de temps à autre, et à même de découper 5 cartes à la fois de manière artisanale.

Dans cette hypothèses, deux solutions de mise en œuvre se présentent:

  1. Les entreprises (banques, assurances, commerces, etc.) mettent en place une collecte à l’échelle nationale dans leurs réseaux et envoient, à leurs frais, à l’entreprise d’insertion les cartes à recycler selon un protocole aussi sûr que nécessaire.
  2. Les consommateurs motivés et confiants mettent de temps à autres leurs cartes à puce dans une enveloppe affranchie en courrier B  à l’adresse de l’entreprise d’insertion.

Dans le premier cas on peut imaginer que même Postfinance joue le jeu et valorise cette action au niveau de son image.

Dans le second cas, on pourrait créer une association sans but lucratif, alimentée par des dons, pour superviser les opérations et surtout populariser la démarche.

Comme je ne suis pas homme à abandonner trop rapidement, je vais lancer quelques ballons d’essai du côté des institutions d’insertion.

Et, en attendant, je garde mon petit tas de cartes à puce…

3 réflexions au sujet de « Je ne jetterai pas mon or à la poubelle! »

  1. Avez vous estimé le temp de travail pour l’atelier protégé de faire 10 millions de carte par an? Quel serait l’impact financier et transport des ces 10 millions de cartes dans des enveloppes affranchies courrier B?

  2. En fait, je ne sais pas pourquoi je n’y ai pas pensé plus tôt, mais il suffirait de modifier l’OREA (l’ordonnance fédérale sur le reprise et l’élimination des déchets électroniques) pour y inclure ces cartes à puce et faire obligation aux entreprises qui les vendent de les reprendre!!!

    A partir de là, ces entreprises pourraient choisir de faire comme le Crédit Agricole en broyant les cartes pour les envoyer chez Umicore ou ailleurs, en concluant un partenariat avec un atelier protégé ou en développant une solution de branche comme SWICO Recycling, SENS, PET-Recycling ou Igora.

    Bonne journée!

  3. Cher monsieur,
    Entièrement d’accord avec vous! Il y a des décennies que je découpe la puce de son support. Une fois on en avait une dizaine et à la déchetterie communale on nous les a reprises avec un “c’est sûr” de contentement. Il m’est arrivé de ramasser sur le trottoir une puce de téléphone…..
    bonne idée que celle de modifier l’OREA. Que ne sommes-nous législateurs ? 😉

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